La fin d’année est proche et avec elle l’envie de se replonger dans les films qui auront fait parler d’eux, en bien ou en mal. Et c’est en faisant le point sur Halloween ou encore The Predator qu’on s’interroge sur la surexposition de ces « monstres » autrefois si discrets…
Qu’à l’arrivée, le film soit catastrophique, passable, ou génial, il y a un élément qui semble revenir souvent quand on tend l’oreille autour de The Predator ou Halloween, mais également Alien : Covenant en remontant plus loin, voire un bon vieux Freddy vs Jason en fouillant dans les cartons : la surexposition. Chaque film exploite désormais l’image de la bestiole / immortel tueur jusqu’à plus soif. On n’est pas dans l’omniprésence, mais presque.
Évidemment, le phénomène ne date pas d’aujourd’hui et notre copain le Xenormorphe n’a pas attendu le retour de Ridley Scott pour se pavaner au grand jour (Résurrection notamment), tout comme le Predator n’a pas eu besoin de Shane Black pour faire parler de lui sur la moitié des plans. Là encore, on ne cherche pas à dresser un historique du problème, ni même s’il en est un – ce qui est quand même souvent le cas -, mais simplement le pourquoi.
La surexposition, une attente de fan ?
En 1987, il faut attendre le dernier tiers pour que le Predator se montre enfin. Alien ? Il est planqué tout du long. Vendredi 13 ? Une majorité de morts sans meurtrier. Etc. Le premier film de chaque saga possède cette même caractéristique : jouer sur nos peurs, notre imagination (et le manque de budget) avec une menace invisible, capable de frapper n’importe où, n’importe quand. On peut même dire que c’est cette tension, ce mystère qui les entoure, qui a transformé chacun de ces monstres en objet de culte. Ils nous fascinent autant qu’ils nous effraient. On est encore dans la suggestion, non la démonstration.
Mais cette fascination a eu un effet pervers : créer de l’attente. Désormais, l’apparence (ainsi que les capacités) du Predator n’est plus un secret, même chose pour ses copains serial killers. D’autant que chacun possède un look unique, identifiable entre mille, entré dans la pop culture. Et comme on les connaît, on veut les voir. Il est devenu inimaginable aujourd’hui d’avoir un film intitulé « Alien » où ce dernier n’apparaîtrait quasiment pas. C’est son nom qui nous pousse à payer notre place. Tu imagines de nos jours un film Halloween avec 10 minutes à l’écran de Mickael Myers ? Au-delà de la frustration, nul doute qu’on serait prêt à crier à l’arnaque.
Les créatures et autre boogeymen souffrent désormais de leur réputation. Ils ne peuvent plus rester camoufler, on veut les voir trucider du figurant. Ripley, Dutch, Laurie ont été dépassés par leurs némésis et ils sont devenus remplaçables dans des sagas qui ne leur appartiennent plus, si jamais ce fût le cas un jour.
À cela se rajoute la surexposition comme une facilité narrative. Les scénaristes / réalisateurs ne se fatiguent plus à nous pondre un produit malin, préférant nous balancer tout, tout de suite. Plus besoin de créer la tension puisqu’elle est « montrée ». Là où, avant, quand on voulait l’Alien, il fallait aller le chercher, désormais on nous le sert sur un plateau.
Toute surexposition n’est pas foncièrement un défaut en soi, mais elle paraît de nos jours inévitable pour répondre au souhait du public et au désir d’efficacité (hahaha) des producteurs. Aux réalisateurs de savoir comment l’utiliser pour tenter de garder l’esprit d’origine tout en remplissant ce cahier des charges. Là est toute la difficulté.