Après une saison 3 d’une brutalité folle, Yellowstone revient pour un nouveau ride plus intime, au plus proche de ses personnages poussiéreux.
Presque assassinée, la famille Dutton se remet comme elle peut, débarrassée (pour l’instant) de menaces extérieures agressives. Paramount+ embrasse à plein poumon ces échappées dans l’Ouest (encore un tant soit peu) sauvage en laissant Taylor Sheridan poursuivre dans la saison 4 de Yellowstone ses fantasmes énervés mais terriblement maîtrisés.
Ainsi, en parallèle des débuts de 1883, préquel de Yellowstone tout juste lancé, et de la nouvelle Mayor of Kingstown, le « Sheridan Universe » continue de développer le propos de Yellowstone, série originale du texan et lettre ouverte à une époque tristement révolue. Le scénariste et réalisateur s’amuse donc ici à faire cohabiter tous ses thèmes favoris pour nous offrir une saison épique mais qui reste plus terre à terre en mettant en avant les personnages qu’on apprécie depuis plusieurs saisons.
Comancheria
Pourtant, si cette saison 4 de Yellowstone est moins axée sur l’aspect thriller de ce neo-western, l’action y est cependant latente, du moins dans une ambiance sourde, omniprésente et bien tangible dès qu’un sourcil se fronce où qu’un flingue est chargé nerveusement. Ainsi, même si le premier épisode est d’une brutalité folle pour faire écho aux assassinats (ratés) de la fin de saison 3 (notre critique) et sans compter les règlements de compte des cowboys du ranch, le reste de ces 10 épisodes est plutôt calme.
En effet, si le temps est à la suspicion et aux faux semblants, c’est surtout le moment pour les protagonistes de se rapprocher. Ainsi Kevin Costner, toujours impérieux, ou Kelly Reilly, toujours dans l’excès le plus jubilatoire, sont présentés sous un jour plus émouvant, plus humain et plus proches les uns des autres. De ce fait, c’est surtout Cole Hauser, dans la veste noire de Rip, qui a ici le plus droit à de sympathiques développements narratifs. Le bonhomme apprend à profiter de la vie tout en veillant jalousement sur ce(ux) qu’il aime. Le meilleur personnage et de loin, avec peut-être Jefferson White, lequel nous aura proposé une focalisation innocente, un doux répit face au bordel causé par ses copains.
Mais si Yellowstone s’évertue à humaniser ses personnages, antipathiques à bien des égards, le show excelle surtout dans le traitement de ce mode de vie disparu. Entre les Indiens reclus dans leur réserve ou l’arrivée de fonds spéculatifs dans la vallée du Montana, les traditions ancestrales les plus naturelles côtoient le progrès industriel le plus capitaliste possible. Une dichotomie parfaitement mise en scène et écrite par Taylor Sheridan qui en profite pour redorer le blason du Texas et du métier de cowboy.
L’art de monter à cheval, de diriger et soigner des bêtes ou de participer aux rodéos, tout le reste n’est finalement qu’un prétexte afin de donner libre cours au véritable amour de Sheridan, l’appel de la nature. Alors, sur fond de country, quelque fois même interprétée par Tim McGraw himself, on écoute de vieux briscards briefer les petits jeunes sur la beauté de cette liberté insoupçonnée et on regarde comme des enfants ces chevaux sauvages courir dans les immensités immaculées.
Plus simple et plus belle, cette saison de Yellowstone et une ode à un mode de vie désuet, obsolète mais qui continue de nous faire rêver. Alors comme les cowboys, on ne se dit donc pas « goodbye » mais « see ya later ».