Venom 3, sous titré The Last Dance vient infecter nos écrans et nos rétines ce mercredi. Et la seule surprise est peut-être que ce film arrive à être encore plus désagréable que les deux premiers. Une dernière danse qui se prend les pieds dans le tapis. Bravo Sony et attention aux spoilers.
Faisant suite aux événements traumatisants (pour le spectateur hein, pas pour le personnage) de Let There Be Carnage, Eddie Brock est fugitif et doit traverser le pays pour un objectif confus et tiré par les cheveux. Il rencontrera sur son chemin des militaires un peu énervés, des extra-terrestres très énervés, un Knull très très énervé, des symbiotes sortis du chapeau qui auraient dû s’énerver un peu plus, ainsi que des… Hippies ?
Ce Venom : The Last Dance ne démérite pas totalement. Il a en effet pour qualité de nous faire dire que le premier opus n’était finalement pas si pire et que le deuxième, aussi insultant qu’il fut pour tout cinéphile et fan de comics, était un tel ratage qu’il en devenait nanardesque et donc drôle. Ici, pas de rire nerveux ou de moment un tant soit peu divertissant. C’est un encéphalogramme plat nous offrant des cadavres qui dansent plus au moins sur la tombe de la crédibilité de Tom Hardy, du studio et de Kelly Marcel.
En effet, le film est dans l’incapacité de créer de quelconques enjeux, ce fameux Eddie Brock étant juste un héros passif qui subit tout ce qui lui arrive. Et le semblant d’objectif qu’il a, aller à New York pour faire chanter un juge et laver son nom, n’est qu’un prétexte pour le voir marcher en tongs dans le désert étant donné que nous ne verrons ni ce fameux juge, ni New York et que la résolution arrivera via un personnage inconnu du bataillon. Cela est symptomatique pour chaque scène qui compose ce récit, à l’image de cette séquence à cheval « symbiotisé » qui, sur le papier et dans la bande annonce donnait l’eau à la bouche, mais se résume finalement seulement à un gag sur une musique de Queen (comme c’est original). Pas de sentiment d’urgence, de conflit et donc d’enjeux.
Une dernière danse écrite avec les pieds
Pire encore, ce blockbuster à 120 millions de dollars (tout de même !), est empoisonné par une démarche de série Z : les scènes de dialogue sont tirées à rallonge pour augmenter la durée, combler un vide encore plus abyssal que n’ont connu les symbiotes dans l’espace, et elles vont même faire l’affront d’exposer des informations pourtant expliquées plus tôt ! Même le 1 & le 2, via leur durée plus resserrées ne tombaient pas dans aussi bas. A un tel niveau de je m’en foutisme de la part des équipes, on ne fera même pas l’effort d’énumérer les incohérences scénaristiques, mais sachez qu’il y en a moult et qu’elles sont aussi évidentes que la langue au milieu du visage de Venom.
Bien évidemment chaque potentielle scène action est écourtée au maximum par économie au profit d’une ribambelle de nouveaux personnages (bien joué à Michelle Williams de s’être échappée de cette galère) qui n’ont absolument rien à raconter et qui n’ont même aucun rapport avec l’intrigue ! Et oui la famille de Rhys Ifans, c’est de toi qu’on parle.
Et ce n’est pas en mettant une citation de Thelma & Louise dans la bouche bien baveuse des personnages que cela va faire croire que ce The Last Dance est un road trip initiatique puisque la relation Eddie/Venom n’est même plus sujette à des conflits internes ou à une quelconque trajectoire narrative. Exception faite de répéter sans cesse la notion de mort d’un des deux protagonistes, réussissant donc même l’exploit de gâcher ce qui aurait pu être le cœur du récit.
Cette dernière danse n’est qu’une valse de scènes plus gonflantes les unes que les autres où nous finissons avec la même absence de pupille que son anti-héros principal à force de rouler des yeux de lassitude. Et le montage épileptique ne fait qu’encore plus révulser nos mirettes, déjà bien enfoncées dans nos orbites, priant pour un échappatoire. Car en effet, aussi louable que ce soit d’engager la scénariste/productrice principale derrière la caméra pour conclure sa saga ; force est de constater qu’elle n’a pas la maîtrise technique et stylistique de ses deux prédécesseurs, eux-mêmes déjà bien loin du sommet de leur art.
La saga Vaine-om
Kelly Marcel ne semble pas saisir les codes basiques de la mise en scène pour sa première réalisation, dramatisant dans sa forme (montage crescendo, plein d’insert, musique dramatique) des scènes à but purement comique. Plus étonnant, le film veut parfois se donner un aspect contemplatif mais absolument artificiel car hors sujet. Encore une fois, une technique pour prolonger un métrage qui aurait pu se contenter de ne durer que 30 minutes.
Venom : The Last Dance permet donc à cette trilogie de se hisser au rang de la plus mauvaise saga super-héroïque qui existe et cela sans même compter Madame Web et Morbius à cet édifice excrémentiel. Il n’en ressort qu’un profond sentiment d’irrespect envers le spectateur et de mépris quant à son matériau de base. La seule joie que nous procure ce dernier tour piste est celle de nous dire que l’animal malade est enfin euthanasié. Enfin, on l’espère.
Venom : The Last Dance n’est pas à voir en salle le mercredi 30 octobre prochain.
Avis
Venom : The last Dance est la dernière balle qui achève une trilogie catastrophique et se hisse parmi les plus mauvais film de super-héros. Encore pire que les deux premiers via son amateurisme et sa tendance à étirer une histoire absolument vide. Une torture.