Méga succès des productions Disney modernes, Vaiana s’affichait comme le baroud d’honneur des papas de La Petite Sirène, Aladdin et Hercule. 8 ans plus tard, Vaiana 2 débarque avec de belles promesses pour étendre la mythologie polynésienne pour nous faire voguer vers d’exciter horizons : le pari est malheureusement en demi-teinte !
Alors que Vaiana 2 débarque sur les écrans pour rouler sur le box-office des fêtes de fin d’année, il est bon de rappeler que cela fait déjà huit ans que Ron Clements et John Musker ont tiré leur révérence. En effet, ce duo mythique d’animateurs sont directement responsables de la fameuse Renaissance Disney via des Classiques tels que La Petite Sirène, Aladdin ou bien Hercule. Après une traversée du désert avec le néanmoins culte La Planète au Trésor ou bien le très bon La Princesse et la Grenouille, le duo nous avait offert Vaiana en 2016 !
Le récit de cette jeune aventurière de Motonui devant restituer le cœur de Te Fiti pour sauver le monde océanique avait fait sensation ! Non seulement pour cette princesse pleine de pugnacité évoluant entre classicisme et modernité, mais également pour son duo avec Maui, demi-Dieu aussi narcissique qu’hilarant ! La résultante tenait donc dans une aventure rythmée, pleine de cœur et livrée dans un écrin technique révolutionnaire dans sa manière de représenter l’Océan à l’écran.
Après La Reine des Neiges et avant Zootopie, c’est donc Vaiana 2 qui débarque sur les écrans en temps que suite, avec cependant des changements non-négligeables. Tout d’abord, de nouveaux réalisateurs primants à la tête d’une superproduction (David G. Derrick Jr., Jason Hand et Dana Ledoux Miller) malgré que Jared Bush (Encanto) soit encore crédité au script.
Motunui en mini-série
De plus, Vaiana 2 était avant tout prévu comme une mini-série à destination de Disney+, avant d’être retravaillé l’an dernier en tant que nouveau long-métrage. Une anecdote qui n’en est pas vraiment une, tant les questionnements de pré-production se répercutent dans la résultat final de cette nouvelle aventure prenant place trois ans après la restitution du cœur de Te Fiti.
Vaiana est désormais une exploratrice respectée de Motunui, mais découvrira via un nouvel appel de ses ancêtres l’existence d’une île cachée au fond des eaux. Mais dans quel but ? Pour relier les diverses îles de l’Océanie entre eux, et ainsi unifier des peuples ayant perdu le contact après une malédiction ancestrale. Une odyssée en eaux dangereuses donc, que Vaiana va devoir accomplir avec de nouveaux amis, tout en requérant à nouveau l’aide de Maui !
Avec Vaiana 2, on retourne en Polynésie comme dans de jolis chaussons de sable fins caressés par la brise océanique : les équipes de Disney Animation se sont encore une fois surpassés, proposant un film visuellement somptueux, aux effets de lumière et de fluides tout simplement bluffants. Bref il n’y a aucune fausse note à ce niveau, et pour tout fan du premier, c’est un vrai bonheur de revoir Motunui.
Vaiana : un voyage en eaux plates
Suite oblige, cet opus introduit même le personnage de Simea (la petite-sœur de Vaiana) et une troupe hétéroclite (l’ingénieure Loto, le superfan Moni et le vieil agriculteur Kele). Des dangers inédits ? des enjeux plus amples ? Une portée plus épique ? Que nenni, Vaiana 2 accuse d’une structure quasi épisodique au sein de sa trame, enchainant des tronçons de set-pieces, le tout entrecoupés des divers passages chantés obligés.
Pas un problème dira-t-on, ce n’est d’ailleurs pas la première fois que Disney emploie ce procédé. Le souci tiendra surtout dans une narration en quasi circuit fermé qui prend l’eau dès lors qu’elle tente de renouveler les enjeux. Réflexion sur le vivre-ensemble au sein d’un équipage de bras cassés ? Au détour d’une scène la problématique est réglée puis jamais questionnée.
Maui, qui n’intervient finalement qu’à mi-parcours de Vaiana 2, a-t-il un enjeu personnel dans cette aventure ? Aucun. L’introduction de la méchante sorcière-chauve-souris Matangi aura-t-elle une quelconque importance dans le scénario ? Pas le moins du monde, tant elle sera présente tel un obstacle passager, là encore bazardé après une chanson.
Même en terme de péripéties il faudra à nouveau faire revenir les sympathiques Kakatoa pour proposer une palourde-kraken géante (une des rares idées inédites du métrage). Mais à mesure que les chapitres s’ouvrent et se referment aussitôt, le déjà-vu l’emporte. Même l’impressionnant climax de Vaiana 2 sent un tantinet le réchauffé avec ce démon-tempête (l’incarnation émotionnelle en moins).
Suite sans hameçons
Une suite en pilotage automatique donc, aux chansons relativement efficaces (Lin Manuel-Miranda n’est plus là, remplacé par Emily Bear) mais globalement génériques (excepté l’excellente « Beyond« / »Aller plus loin« ), et surtout sans vrai développement de personnages mis à part une constante : Vaiana reste toujours une héroïne attachante, et véritable moteur du récit. Mais même là, difficile d’apporter une touche d’émotion lorsque la seule réelle attache tient dans un lien expédié à un personnage de sœur jamais développé !
Outre des séquences d’humour globalement réussies et une BO de Mark Mancina toujours aussi dépaysante, on saluera avec ce Vaiana 2 un regard plein d’authenticité dans la manière de dépeindre les peuplades d’Océanie, et un message de rassemblement tout à fait inspirant. Pour le reste, malgré une fabrication impeccable et quelques acmés, le constat reste malheureusement présent… cette suite fait plutôt office de séquelle safe n’apportant rien de spécial à un premier film qui avait tout de singulier. Dommage !
Vaiana 2 sortira au cinéma le 27 novembre 2024
avis
Vaiana 2 n'a rien d'une mauvaise suite : dans la grande tradition des Classiques Disney, elle se contente de reprendre les motifs inhérents au baroud d'honneur de Musker et Clements pour accoucher d'une odyssée sans réelles idées singulières ni personnages travaillés. Délaissant toute figure antagoniste ou réelle portée émotionnelle, en résulte une séquelle aussi safe que lisse, finalement aussi générique que ses moments musicaux, et relativement sauvés par son rythme, sa facture visuelle irréprochable et son héroïne toujours aussi attachante. C'est bien peu pour venir après un aussi grand premier opus !