Après Billions, Showtime continue son analyse du milieu politique et financier avec The Loudest Voice, un biopic terriblement malaisant.
En 1995, le consultant politique républicain et producteur de génie, Roger Ailes, intègre Fox News. Il en deviendra le PDG l’année suivante avant d’être licencié 20 ans plus tard pour harcèlement sexuel. Après l’affaire Weinstein, Showtime met en lumière le cas Ailes, décédé en 2017 et qui n’aura jamais affronté la justice malgré le harcèlement de ses employées, mais The Loudest Voice montre avant tout comment ce manipulateur est parvenu à la tête du plus gros network américain.
Sans revenir sur la vie du business man, The Loudest Voice met en scène un Russel Crowe méconnaissable, lequel donne vie à l’ignoble homme d’affaire qui ne reculera devant rien pour faire de Fox News le siège de la télévision républicaine. Egocentrique et harceleur invétéré, le portrait est lourd à regarder, mais cette critique acerbe permet au biopic accusateur de briller, sans toutefois révolutionner le genre.
American dream
Adaptée du livre éponyme de Gabriel Sherman, The Loudest Voice est une mini-série en sept épisodes qui reviennent chacun sur une année spécifique de Fox News. On commence en 1995 lors de l’arrivée du bonhomme chez Fox Television avec la lourde tâche de créer la chaîne de télévision en continu en seulement 6 mois. Contrôleur, colérique et conservateur, Ailes y dirige tout, des débats politiques à la longueur des jupes des présentatrices, mettant la condition des femmes et la neutralité politique au plus bas. Un biopic édifiant et pertinent à l’heure du mouvement #metoo mais dont le fond dénonciateur peine à s’appuyer sur une forme efficace.
Forcément, force est de constater que Russel Crowe est un Roger Ailes plus vrai que nature. Fort de plusieurs dizaines de kilos et affublé de prothèses incroyables, l’acteur australien donne une prestation folle, qui n’est cependant pas mise en valeur par une caméra un peu molle. Si les écrans titres reprennent astucieusement les glitchs graphiques des téléviseurs cathodiques, la réalisation est peu inspirée. Académique, elle fait le boulot, bien, mais sans démontrer d’une inventivité qui avait pourtant de quoi s’éclater avec la « naissance » d’une chaîne de télévision en direct.
The Loudest Voice est une mini-série pertinente, acerbe mais qui aurait mérité plus d’innovation visuelle ou plus de substance pour les rôles féminins, autres que celui de victimes.