Série très attendue de l’été, The Idol s’est dévoilée au Festival de Cannes 2023 ! La série de Sam Levinson (Euphoria, Malcolm & Marie) emmène Lily-Rose Depp en star de la pop dans un milieu ultra-sexualisé, en prise avec un mystérieux gourou interprété par Abel « The Weeknd » Tesfaye. Scandale suite à ces 2 premiers épisodes ?
Il y a eu du chemin pour Sam Levinson depuis Assassination Nation ! Intronisé comme un des créateurs les plus prisés du petit écran après Euphoria, le voilà de retour avec The Idol (toujours via la chaîne HBO). Beaucoup de bruit a entouré cette mini-série en 6 épisodes depuis les germes de sa conception il y a 3 ans.
D’abord destinée à être réalisée par une femme (Amy Seimetz), The Idol est désormais entièrement chapeautée par Sam Levinson. D’aucun y auront vu un opportunisme machiste afin d’y assouvir multiples déviances, d’autres (comme nous) attendions de pouvoir juger le produit final. Et juste avant une conférence de presse plutôt rassurante sur les coulisses de tournage et le travail collaboratif de l’équipe, nous avons pu découvrir les 2 premiers épisodes, disponibles très prochainement via le Pass Warner.
The Idol nous présente Jocelyn (Lily-Rose Depp), une aspirante pop star qui a déjà lancé sa petite fame. Alors qu’elle est sur le point de lancer un nouveau single, cette dernière est sujette à un scandale en ligne suite au leak d’une sortie controversée. Tentant de trouver sa voie dans le milieu, elle va faire la rencontre de Tedros, un mystérieux manager qui va exercer un dangereux pouvoir d’attraction sur elle.
The Idol : conte de fée obscur
D’entrée de jeu, The Idol présente sa note d’intention : il s’agira d’un récit au féminin, centré sur une Lily-Rose Depp qui se module suivant les directives de la production. « Be sad, now sexy.. » on se croirait finalement au début de Triangle of Sadness, également satire tirant à boulets rouges sur toute une société du paraître et gouvernée par le pouvoir. Néanmoins, il faudra aisément se tourner vers le culte Showgirls (Paul Verhoeven est même cité à travers un extrait de Basic Instinct) pour se situer vis-à-vis de The Idol.
Sam Levinson montre ainsi un milieu gangrené par le sexe (ou du moins la représentation pornographique racoleuse et vendeuse dans lequel baigne toute une industrie américaine), où l’image de la femme-objet soumise, séductrice et dénudée est la clé du succès. Tout comme Euphoria, The Idol y va sans fard, embrassant la vulgarité crasse et un caractère cru sans édulcoration.
Cela pourra en rebuter certains (à l’image de cette photo-scandale où Jocelyn a un selfie avec le visage recouvert de semence..), mais on ne peut pas dire que Levinson n’amène aucune réelle authenticité d’un milieu désormais connu. On est finalement pas bien loin de la course au succès décrite d’une autre manière dans Pleasure).
Tout est pourri au royaume de la musique
Ainsi, The Idol se révèle assez passionnante, cruelle et inspirée lorsqu’il s’agit de montrer les coulisses d’un star system n’hésitant pas à user de l’image d’une orpheline sans repère pour la façonner à leur image (on est pas très loin d’une Britney Spears). Une composante importante, également centrale dans la relation ambiguë entre Jocelyn et Tedros. The Weeknd tient donc son premier vrai rôle, en prédateur-séducteur aux motifs troubles.
Mi-Dracula, mi-R Kelly, Tedros cristallisera sans doute la division d’opinion vis-à-vis du début de la série, via une attitude d’hypersexualisation renforcée par ses déviances de domination qu’un certain Christian Grey n’aurait pas renié. Des séquences érotiques certes, mais ne se détournant pas d’un certain malaise lié au male gaze ambiant.
Quand à Lily-Rose Depp, elle impressionne dès le premier plan, proposant un personnage se délitant peu à peu, et de manière plus complexe qu’il n’y paraît. S’il y a bien une performance des plus nuancées, c’est bien elle qui la délivre,Reste à voir ce que Levinson fera ensuite (une quête émancipatoire pour Jocelyn on l’espère bien).
Noirceur sublimée
Pour le reste, The Idol est une série de Sam Levinson, ce qui signifie une fabrication assez impeccable : mise en scène travaillée, grain de l’image en pellicule 35 mm (une rareté pour une série), sound design impeccable, montage ciselé et BO de qualité (là encore signée The Weeknd). Le reste du casting (Hank Azaria, Jennie Kim, Troye Sivan, Jane Adams..) est également pourvoyeur de répliques acidulées bien senties, bien qu’il soit encore trop tôt pour juger de leurs personnages.
En résumé, The Idol pourra sans doute paraître trash/scandaleux/pornographique et voyeur si on n’a jamais vu un seul clip de rap ou un certain film de Verhoeven. Mais Sam Levinson offre un début de série tout à fait travaillé, prometteur et prenant le pouls d’une industrie (et d’une Amérique) gangrénée par les 3 composantes qui régissent désormais le monde : le sexe, le pouvoir et l’argent.
The Idol débutera sur HBO et Prime Video le 5 juin 2023
avis
Portée par une excellente Lily-Rose Depp et un The Weeknd a contre-emploi, The Idol démarre sur les chapeaux de roue, n'hésitant pas à embrasser le vulgaire du milieu représenté. Un double-pilote travaillé, reste à voir la suite pour mieux en juger la trame globale.