Après une excellente première saison et un double-épisode de transition très réussi, Euphoria est de retour ! La série de Sam Levinson est de retour pour une saison 2 très attendue : nous retrouvons donc les personnages incarnés par Zendaya, Hunter Schafer, Maude Apatow, Angus Cloud, Jacob Elordi ou encore Sydney Sweeney reviennent pour de nouvelles explorations stylistiques et pleines de spleen. Une saison toujours aussi ambitieuse sur la forme, mais qui cette fois semble un tantinet en retrait sur le fond.
Euphoria nous avait manqué ! Le teen drama de Sam Levinson (Assassination Nation, Malcolm & Marie) nous aura bien fait tripper via une impressionnante saison 1. En résultait un petit OVNI poétique malgré son caractère cru, assez formidablement emballée et composée d’un casting de talent. Heureusement, un double-épisode intermédiaire avait réussi à un tant soit peu étancher notre soif il y a 1 an. On y voyait Rue et Jules en plein post-bad lié à leur rupture, pour une sorte de « Christmas Special » plus minimaliste et psychanalytique.
Quand y en a plus y en a encore
Cette fois, la saison 2 reprend directement au moment du Nouvel An, en nous invitant à poursuivre l’exploration introspective de ces jeunes ados mal dans leur peau. Via un très bel épisode 1 festif (faisant donc écho au pilote de la série), Rue et Jules se rabibochent (un peu facilement chouinera-t-on, mais hey c’est le lycée après tout), Euphoria réintroduit absolument tous les personnages pour ainsi continuer leur exploration, mais aussi opérer un certain virage narratif.
Des persos principaux vont être relégués au second plan, tandis que d’autres vont carrément être relégués vers le fond. Un parti-pris rafraichissant mais un brin dommageable : quid de McKay (expédié afin de justifier la liberté nouvelle de Cassie), Gia (Storm Reid toujours excellente mais composant toujours sur le même registre tant son personnage n’évolue plus), Ali (Colman Domingo présent pour une séquence plutôt déchirante, mais disparait ensuite) ou même Kat. Levinson aborde pourtant le personnage de Barbie Ferreira avec intelligence, en la montrant comme une ado presque schizophrène dans ses fantasmes malgré l’apparente stabilité de son couple.
Léger changement de focus
Des personnages principaux et secondaires intéressants mis de côté, mais qui pour le coup permet de se concentrer sur Fez (Angus Cloud), Lexi (Maude Appatow) et bien sûr Rue (Zendaya). Maddy (Alexa Demie), Nate (Jacob Elordi) et Cassie (Sydney Sweeney) sont également de la partie, dans un faux triangle-amoureux amené comme un cheveu sur la soupe malheureusement, mais plutôt intéressant dans sa manière d’aborder les insécurités (et la naïveté crasse) d’une Cassie que l’on va adorer détester durant cette saison.
De quoi tranquillement dédouaner (un tantinet) Nate ou Maddy, tentant de sortir du climat toxique dans lequel ils ont baigné (on va pas se mentir, il y a du drame inutile et un brin boursouflé). Au final, certains arcs narratifs patinent/sont mis en stand-by tandis que d’autres portent tout l’intérêt de cette saison 2 d’Euphoria. Un traitement bien moins équilibré et moins fin que pour la 1e saison donc,sans jamais réellement tomber dans la caricature !
Malgré une certaine redite (Rue et ses sempiternels problèmes d’addiction, Nate victime collatérale des déviances paraphiliques de son paternel, Cassie qui n’existe qu’à travers le regard d’autrui…) ou l’absence de réelle nouveauté thématique, Levinson parvient néanmoins à surprendre et surtout expérimenter ! Car si cette saison 2 d’Euphoria n’a plus l’effet de surprise escompté, la narration plus éclatée porte vraiment ses fruits à intervalles réguliers, en mettant avant tout l’accent sur les tensions intra-familiales (l’épisode 4 en est le parfait exemple,véritable point pivot avant la rupture dans l’épisode 6).
Le trip Euphoria 2.0
Là où la première saison se voulait une véritable expérience sensorielle et effervescente de couleurs, cette saison 2 adopte une patine visuelle différente. Levinson et le chef opérateur Marcel Rév ont d’ailleurs divulgué l’envie de capter l’ambiance de fin de soirée (le montage photo-flashs du pilote ne trompe pas), via des teintes beaucoup plus ocres cette fois-ci. La redescente de 3 heures du mat’ après l’euphorie : et c’est exactement ce que véhicule ces nouveaux épisodes, via un spleen mélancolique en post-acide, où les personnages sont face à eux-mêmes.
Nate extériorise ses péchés en culpabilisant son père Cal. Ce dernier décide de pleinement assumer sa persona (on notera un très beau prélude flash-back sous le signe des 90’s), tout comme Rue et sa nature d’addict auprès de sa famille, ou bien Maddy qui pour la première fois semble se mettre à nue (beau moment de complicité avec le personnage de Minka Kelly). Et là encore, Euphoria jouit d’une fabrication et d’un esthétisme certes bigger & louder quelques fois sur-déployé, mais dont les fulgurances et l’ambition stylistique forcent le respect.
Euphoria Saison 2 se conclue par ailleurs par un double-épisode miroir auquel sont confrontés chaque personnage de la série. Une pièce de théâtre imaginée par Lexi (plus attachante que jamais en observatrice des dérives de son entourage), qui met cependant à mal la suspension d’incrédulité globale. À savoir que nous avons quand même à faire à des lycéens, et si Levinson semble l’oublier, cette finalité est aussi un chouette rappel que nous avons affaire à des personnages de fiction. Un sentiment parfaitement représenté par le duo Fez-Ashtray (et leur back-story tout droit sortie d’un épisode des Sopranos).
Saison bicéphale
Si Levinson accouche d’une 2e saison plus chaotique et moins fine, Euphoria nous revient toujours aussi inspirée et magnifiquement emballée. On pourra conter quelques jolies additions au casting (Dominic Fike, Chloe Cherry…) et le retour d’un casting de talent, mais là encore Zendaya surplombe tout le monde. À ce titre, l’épisode 5 fait office de pic qualitatif, dans cette éprouvante fuite en avant sous tension pleine de désillusions.
Le mot d’ordre d’une saison moins pop, plus désenchantée, révélant l’envers sombre du décor pour chacun des protagonistes. Il faudra faire fi de quelques déconvenues narratives et autres arcs délaissés, pour au final bénéficier d’une vraie belle saison 2 émouvante, magnifiée là encore par la musique de Labrinth (le titre « I’m Tired » est l’hymne de ces 8 épisodes). Une descente d’acide qui bouleversera le destin de tous les protagonistes dans son final, qu’il nous tarde déjà d’en reprendre une dose !
La Saison 2 d’Euphoria est entièrement disponible sur OCS
avis
Euphoria revient avec une saison 2 plus boulimique et chaotique, mais toujours traversée par des fulgurances et des moments cinégéniques plein de grâce. Si certains personnages sont malheureusement délaissés, ce sont bien eux qui sont au centre. Transcendés par la mise en scène globale, c'est bien l'émotion et l'introspection révélée au grand jour qui prévalent,dans cette belle saison faisant office de vraie catharsis.