La saison 2 de The Boys vient de se terminer en beauté, même si on est loin du niveau d’excellence de la première saison.
L’équipe de Butcher essaye de survivre au couple formé par Homelander et la nouvelle Stormfront. Malgré notre engouement pour le show de Amazon Studios (notre critique du season premiere), cette deuxième saison de The Boys tend à faire du surplace tout en étant dramatiquement moins pertinente que la première (notre critique de la saison 1), et ce dans presque tous les domaines. Tu te calmes, on a dit presque.
On a beau être des fans inconditionnels de l’humour irrévérencieux de Seth Rogen et Evan Goldberg, ces nouveaux épisodes paraissent pourtant un poil poussifs. Eric Kripke s’amuse à longuement tartiner le développement psychologique des personnages sans que l’ensemble ne sache vraiment où aller, avec un criant manque de rythme. Autant la première saison plantait merveilleusement le décor en servant d’introduction, autant ce deuxième ride s’apparente plus à une transition vers une saison 3 qu’on espère du coup plus agressive.
F$ck Fresca
Sans grande ligne directrice, nos supers et terroristes vont plus ou moins dans le mur. Tous les personnages voient leur arc narratif s’individualiser pour offrir à chacun son intrigue personnelle. Si sur le papier l’idée est très bonne de développer le caractère et la psyché de ces Boys, sur l’écran cela crée un sentiment de dissonance, bien renforcé par des deus ex machina à la pelle. Certes il est indispensable de connaître et de comprendre les motivations de tout ce petit monde, mais la série finit par sembler presque anecdotique par manque d’unité. On se retrouve avec des scénettes déconnectées, des segments modulables où considérations généralistes côtoient des envolées emplies d’hémoglobine, les intéressés préférant se la jouer solo que de penser aux enjeux généraux.
De fait, certains rebondissements ressemblent plus à de longs apitoiements qu’à de véritables développements scénaristiques. Beaucoup de blabla pour atténuer de véritables échappées de violence sanglante, malheureusement reléguées au second plan. Kripke fait du Supernatural, quitte à faire durer le plaisir. Tout semble un peu forcé, comme l’humour, parfaitement jouissif en saison 1, ici les vannes marchent peu ou paraissent moins fraiches. Il en va de même avec le discours irrévérencieux, beaucoup moins pertinent ici, comme celui bien laborieux sur le nazisme et le féminisme. A part la production de films et de campagnes publicitaires similaires à la politique de Disney, c’est surtout les sectes religieuses qui en prennent pour leur grade ici, même si ça reste gentil. The Boys demeurent toujours caustiques dans leur traitement super-héroïque mais la violence graphique semble également beaucoup plus discrète, moins débridée et imprévisible.
Pourtant, tout n’est pas indigeste. Les rapports familiaux de Butcher (génial Karl Urban) amènent à ceux de Homelander (Antony Starr vole le show dès qu’il croise la caméra) et permettent d’apprécier les faiblesses psychologiques de cette ordure indestructible et omnipotente. Le côté iconoclaste des protagonistes reste très bien appréciable même si la romance un peu clichée entre Stella et Hughie ou celle beaucoup plus intéressante entre Kimiko et Frenchie constituent le sel de cette seconde saison. Mais il faut bien un peu d’amour dans ce monde de brutes.
Alors on a tendance à nous plaindre, mais cette deuxième saison de The Boys tend à être plus oubliable que la première, même si quelques fulgurances et bonnes idées (Shawn Ashmore troque son habit de Iceman pour celui de Pyro) continuent de faire du show une incontournable alternative à l’archétypal format super-héroïque. Mais qui aime bien châtie bien.