Sinopsix est un huis-clos qui captivant qui nous entraîne dans une intrigue psychologique oppressante à souhaits.
Sinopsix : un titre bien pensé pour une intrigue tout aussi travaillée. Mallory ne supporte plus son job de serveuse. Aussi, lorsqu’elle reçoit un étrange mail lui proposant de devenir l’un des six participants à un jeu très confidentiel, elle n’hésite que peu à relever le défi. D’autant qu’une récompense de 100 000 euros est à la clé. Pour espérer la remporter, il lui « suffira » de se glisser dans la peau d’un enquêteur de la police scientifique pendant un mois. Mais elle est loin de s’imaginer ce qui l’attend vraiment…
Après La petite ritournelle de l’horreur, notre dernière – et mémorable ! – lecture polar, nous n’espérions pas nous retrouver de sitôt au cœur d’une intrigue aussi anxiogène et captivante. Âmes sensibles, s’abstenir !
Entre fiction et réalité
Un manoir isolé dans une atmosphère hivernale, sans eau ni électricité : jusque là rien de bien original. Une héroïne qui rêve d’échapper à sa situation, là encore on est dans les codes habituels. Mais dès lors que l’on arrive dans le fameux manoir, on se retrouve prisonniers d’un huis-clos à la Agatha Christie.
Ainsi, en même temps que l’héroïne et à mesure que l’on fait connaissance avec les différents personnages qui intègrent le « jeu » un à un, on se met à douter de tout et de tout le monde. Qui sont-ils ? Pourquoi ont-ils été choisi pour être là ? Que cachent-ils ? Sont-ils tous de vrais participants d’ailleurs ?
On en vient même, parfois, à douter de l’héroïne, c’est dire ! Quant aux enquêtes sur lesquelles chacun doit travailler, elles se révèlent être de véritables affaires de disparitions et crimes non résolus. La frontière entre fiction et réalité se brouille, on grimpe sur l’échelle de l’horreur. Et on se surprend même à ressentir de la peur.
Une intrigue dense et rythmée
Sinopsix est le genre de roman à ne plutôt pas lire avant d’aller dormir si vous voulez vous coucher tôt ! Car Angélina Delcroix est douée pour nous tenir en haleine. Et on se retrouve à lutter contre le sommeil pour poursuivre la lecture ! Les chapitres sont courts et les rebondissements nombreux, si bien que l’on est toujours tenté de lire quelques pages de plus… Puis encore quelques-unes…
Et, il faut le reconnaître, l’autrice est également très douée pour brouiller les pistes et mettre nos nerfs à rude épreuve. Ainsi, sa plume nous manipule et nous donne le sentiment d’être enfermé aux côtés de Mallory et de ses « colocataires ». Le climat de tension s’intensifie très rapidement et, plus on tourne les pages, plus on a du mal à décrocher. D’autant que d’autres questionnements ne tardent pas à apparaître…
Ainsi, une intrigante mise en abyme nous donne à suivre le travail d’écriture d’une romancière autour d’une histoire qui semble faire écho à ce qui se déroule dans le manoir… Et puis, dans le dernier tiers du livre, le récit est entrecoupé de chapitres dans lesquels on suit les interrogatoires de police. Efficace pour distiller des indices au compte-goutte jusqu’à un dénouement qui parvient à nous surprendre.
Un presque sans faute
Sinopsix a failli être un coup de cœur. Mais quelques points faibles nous ont un peu gênés, surtout au début du roman. A commencer par cette Mallory, héroïne aussi peu attachante que les autres personnages, et que l’on a même commencé par détester. Et puis, l’entrée en matière ne nous a pas complètement convaincus.
En effet, si l’intrigue prend son envol dès l’arrivée dans le manoir, les réactions de Mallory à la réception des fameux mails l’invitant à participer au « jeu » sont parfois à peine crédibles. On imaginerait un peu plus d’interrogations, de craintes, de précautions face à une situation aussi troublante. Une réussite tout de même.
Sinopsix, d’Angélina Delcroix, est paru le 07 avril aux Éditions Hugo & Compagnie.
Avis
La curiosité laisse rapidement place à l'angoisse dès lors que démarre ce jeu macabre. Les scènes de crimes sont assez insoutenables et le lien avec les véritables affaires non résolues renforce encore davantage le climat anxiogène.