Cocorico, le manga français étoffe son catalogue avec Silence ! Sans révolutionner le genre du shonen, il en a tout de même sous la dent.
Dans Silence, le jeune Lame et son village vivent reclus sous terre car des monstres féroces rôdent partout. En effet, depuis qu’une nuit permanente s’est abattue sur leurs terres, les créatures maléfiques se sont multipliées à la surface. N’étant pas assez forts pour leur tenir tête, les villageois ne s’aventurent au-dehors que par groupes restreints. Mais un jour qu’il était sorti pour ravitailler la communauté, Lame attire par inadvertance l’attention d’un sanglier ardent. Cette confrontation bouleversera le sort du village tout entier.
Promenons-nous dans les bois…
Silence mobilise de nombreux éléments et créatures du folklore français. Premier point surprenant et bienvenu, puisque les mangas font ordinairement référence au folklore japonais. Les références sont disséminées tout le long du titre et sont plus ou moins faciles à repérer. Si la petite souris ne pose pas de problème d’identification, d’autres comme le sanglier ardent renvoient à des mythes bien moins connus. De quoi réviser ses classiques donc, tout en faisant le plein de nouvelles découvertes. D’autant que chaque mythe s’adapte à la narration de Silence. Ainsi, la petite souris de ce manga se montrera bien plus maléfique que celle de notre enfance !
Lame et son village vivant reclus au milieu de ces monstres, ils communiquent par la langue des signes. Ce, car les monstres à l’ouïe très fine les repéreraient s’ils faisaient le moindre bruit. Yoann Vornière apporte ici la seconde touche majeure d’originalité de son œuvre. Les personnages s’expriment en faisant des gestes inspirés de la langue des signes officielle française. En plus de populariser ce langage, ce choix contribue à conférer au titre une identité unique.
…tant que le shonen n’y est pas
Cependant, Silence reste un shonen qui se démarque peu quand il s’agit de mettre en application les poncifs du genre. En termes de pouvoir de l’amitié, de surpassement de soi ou de menaces à affronter, il s’insère dans des standards. Comme nombre de héros de shonens, Lame est un garçon un peu fragile qui acquiert des pouvoirs surhumains. Tandis que le village est aidé par des adjuvants puissants et mystérieux, afin de braver les dangers du monde extérieur. En somme, un pitch qui trouve des similitudes avec certains prédécesseurs, notamment The Promised Neverland.
Ces points déploient un suspens modéré, d’autant que le titre se conclut en seulement 4 volumes. Ce premier tome introduit la petite troupe en douceur par une charte graphique assez candide. Le dessin des personnages et des décors de Yoann Vornière se rapproche plus de la BD jeunesse franco-belge que du manga. Ce volume est aussi ponctué de quelques combats et révélations, afin de conserver un certain rythme. À ce propos, les affrontements manquent parfois de lisibilité, lorsque les personnages ou les monstres effectuent des mouvements rapides. Toutefois, les batailles offrent au volume ses plus belles cases en page entière ou en double page !
Petite souris
Silence comporte de très belles surprises, grâce à son mélange des cultures inattendu et bien dosé. Cependant, sa ligne éditoriale shonen le contraint à brasser les topoi du genre. Cette aventure en terrains hostiles compose avec des débuts frileux. Elle introduit des personnages classiques d’un début de shonen, tandis que ses combats manquent parfois de lisibilité.
Le volume 1 de Silence, écrit et dessiné par Yoann Vornière, est sorti le 6 octobre 2023 aux Éditions Kana. Le titre sera complété en 4 tomes.
Avis
Silence s'appréciera pour ses thèmes originaux mêlant folklore français et langue des signes. Ces aspects remarquables peinent toutefois à compenser les faiblesses du titre. Ce dernier démarre avec des personnages peu consistants et des combats qui manquent parfois de précision.