Sentinelle, c’est la nouvelle collaboration entre Netflix et Julien Leclercq, qui après La Terre et le Sang et avant sa série Braqueurs, adapté de son film éponyme, livre le service minimum du revenge-movie.
Julien Leclerq est l’un des rares cinéastes de genre français à s’être taillé une véritable place au sein d’un système qui n’en est pourtant pas friand. Depuis ses prometteurs Chrysalis, L’Assaut, et son efficace Braqueurs, le réalisateur semble depuis s’être refermé sur lui-même, en alignant à la chaîne et sans grande ambition autant d’ersatz de films d’actions dont la sécheresse ne tente même pas de dissimuler sa vacuité. Lukas, avec Jean-Claude Van Damme, la rencontre avec Netflix pour La Terre et le Sang, puis ce Sentinelle, donc, avant d’en remettre une couche avec sa série Braqueurs.
Parce que Sentinelle, c’est le rape and revenge movie réduit à son sens le plus strict, maquillé sous un hommage à l’opération sentinelle qui ne sert que du syndrome post-traumatique de son héroïne principale pour tenter de lui offrir un minimum d’épaisseur.
Pilote automatique
Sentinelle, c’est donc Julien Leclerq qui colle aux basques de son héroïne principale, Klara, une soldate marquée par une opération qui a mal tournée, renvoyée en France pour rejoindre l’opération Sentinelle près de sa famille à Nice. Lorsque sa sœur est retrouvée laissée pour morte sur une plage, Klara tentera alors de mettre la main sur ses agresseurs pour la venger. Olga Kurylenko, championne en titre d’actrice en manque total d’expressivité, se trouve ainsi être un choix judicieux pour Sentinelle. Parce que le scénario, en pilote automatique, ne tentera jamais d’approfondir le trauma de son héroïne principale qu’au cours de scènes de baston déjà vues milles fois et en mieux ailleurs (coucou la scène de bagarre dans les toilettes de boîte de nuit).
Épuré jusqu’à la moelle de la moindre substance, le septième long-métrage de Julien Leclerq tente ainsi vainement de dérouler un exercice de style aussi sec que brutal, qui ne paraît finalement aussi bête que déjà-vu. Parce que Sentinelle est dénué de substance, le film de Julien Leclerq tente alors de se reposer sur son efficacité, qui possède au moins le mérite en 1h20 de mettre fin à cette modeste démonstration de vide. Brecht Goyvaerts, directeur-photo attitré du réalisateur depuis son précédent La Terre et la Sang, à l’œuvre sur la photographie poisseuse et diablement réussie de Paris Police 1900, ne se contentera ici que de noyer Nice sous un voile noir aussi étouffant que parfois parfaitement illisible, n’améliorant ainsi pas la visibilité des scènes de bagarres qui devraient servir de maigres récompenses à un film qui s’en trouve alors dénué.
Petit soldat
On pense ainsi parfois au MR73 d’Olivier Marchal, dont la photographie noire et poisseuse posée sur la citée phocéenne et le scénario linéaire servaient d’excuse pour une véritable démonstration de style du cinéma de son auteur, et donc d’un véritable exercice qui concluait la première partie de sa carrière en tant que metteur en scène de la plus audacieuse des manières. Malheureusement, Julien Leclerq ne semble avec Sentinelle pas aussi désireux de quoi que ce soit d’autre que de livrer un efficace film de commande, exercice manichéen (jusqu’aux vilains méchants russes) de bon petit soldat et pâle faiseur hélas dénué de véritable point de vue.
Trop conscient de ses limites et sacrifiant donc tout au service d’une efficacité sans temps mort, Sentinelle oublie ainsi de porter la moindre substance. Laissant derrière lui un goût de pas grand chose, le film de Julien Leclerq n’est ainsi qu’une modeste coquille vide aussi rapidement consommée qu’oubliée.