Avant d’afficher dans les salles obscures un silence ténébreux, Sans un bruit aura su faire parler les critiques et le public nord-américain. Le film nous parvient fort d’un bouche-à-oreille dithyrambique dont on aurait toutes les raisons de se méfier. Son pitch présente en effet un défi éminemment périlleux : tenir en haleine au sein d’un univers où des créatures carnivores s’alarment au moindre son suspect.
Une science du tempo. Dès les premières minutes pourtant, John Krasinski, acteur et réalisateur, réussit l’impossible : nous faire adhérer au silence des personnages par un jeu parfaitement ciselé sur les cadres et leur agencement au montage. L’émotion, qui naît dès l’ouverture du film, ne faiblit jamais lors d’une bonne première partie, et ceci, sans se départir d’une tension horrifique saisissante, si bien qu’on passe à deux doigts de la pépite.
Puis la mécanique se grippe. Tout en tenant solidement le fil de son histoire, Krasinski vacille lorsqu’il fait alterner mécaniquement instant de tension et soupir dramatique. Plus le dénouement approche, plus l’ensemble se montre un peu répétitif, jusqu’à ce qu’un point final brutal, mais culotté, vienne redonner un coup de fouet à l’entreprise. Clairement à ne pas rater, mais pas la grande œuvre promise non plus.