Réputé pour une carrière aux choix surprenants, Nicolas Cage revient porter un nouveau film de genre complètement déjanté réalisé par Song Sion, Prisoners of the Ghostland. Accrochez-vous bien pour ce western post-apocalyptique de combat de samouraïs surprenant : vous n’êtes pas prêt.
Sono Sion est un réalisateur japonais né en 1961 au Japon. Il commence par réaliser des films et à écrire des poèmes pendant ses études à l’Université de Hosel. Il est révélé internationalement en 2001 avec Suicide Club, un film choc sur la jeunesse japonaise. Prisoners of the Ghostland est le dernier film du cinéaste. Il raconte l’histoire de Hero (Nicolas Cage), un criminel notaire envoyé au secours d’une jeune femme kidnappée (Sofia Boutella).
Ce qui saute aux yeux dans Prisoners of the Ghostland, c’est le nombre d’influences qu’utilise Sono Sion au service de son œuvre. Le film est un mélange entre western, post-apocalypse et arts martiaux notamment. Le long-métrage entrecroise les genres au service d’un scénario nerveux et explosif. L’humour décalé omniprésent jonche l’œuvre et crée un univers complètement déjanté.
Un enchevêtrement cinématographique
Les personnages – comme le film – ont tous de fortes personnalités. Sono Sion présente un univers personnel aux influences culturelles multiples. Prisoners of the Ghostland, c’est un mélange de samouraïs, de cowboys, de survivants et de braqueurs du dimanche. On découvre des personnages et des communautés hautes en couleur. Sono Sion présente des collectivités identifiées et identifiables, que ce soit avec sa galerie de personnages ou ses décors.
Dans Prisoners of the Ghostland, Song Sion développe un folklore riche et surprenant. Les architectures épurées contrastent avec les décors post-apocalyptiques ou bien typiques japonais. Le cinéaste n’hésite pas à mélanger les matières brutes des décors boisés, à des éclairages de néons fluorescents. En résulte des photogrammes colorés, contrastés, avec une photographie aux intentions fortes. Les personnages se retrouvent parfois dans des cadres débullés, rappelant l’univers du manga ou de la BD. Song Sion semble également faire référence aux jeux-vidéos de combats en ponctuant certaines scènes par des tableaux latéraux contemplatifs.
Tandis que Prisoners of the Ghostland propose un fort concept visuel et scénographique, il développe également un véritable langage sonore. Le film frôle parfois la comédie musicale. Les communautés racontent leur histoire par l’art, la peinture et les chansons. Song Sion raconte de véritables cultes de communautés, gouvernés par l’autorité ou par leur foi.
Un high-concept métaphorique
Le réalisateur semble proposer une réflexion autour du temps dont les communautés dépendent et se retrouvent prisonnières. Elles tentent – par des artifices totalement surréalistes – d’arrêter le temps car elles dépendent de l’autorité supérieure d’une sorte de gouvernement. Les prisonniers de la société sont des fantômes dont on a du mal à déterminer l’ancrage dans la réalité diégétique.
Prisoners of the Ghostland propose deux univers. Une ville, où la communauté est prisonnière et soumise aux antagonistes, et le Ghostland, où une communauté a fui la société pour disparaître. L’œuvre de Song Sion pourrait rappeler The Matrix dans sa métaphore d’une société capitaliste dont le peuple est prisonnier. Celle qui transforme ses enfants en esclave, faisant oublier qui on est et pourquoi on est, s’abandonnant à une lutte contre-la-montre jusqu’à ce que mort s’en suive.
Song Sion semble également s’amuser et imager son sujet. Dès que le film commence, Hero se retrouve littéralement piégé et enfermé dans un costume que l’antagoniste lui impose. Le costume est piégé avec des bombes qui peuvent se déclencher selon certaines conditions. On pourrait l’interpréter comme l’uniforme et l’image que le gouvernement impose à ses sbires. Toujours dans la thématique de l’image, Prisoners of the Ghostland présente des personnages piégés dans des prothèses de mannequins. Ils n’ont pu de pouvoir de parole, piégé et enfermé par leur apparence, leur image.
Une pépite loufoque
Prisoners of the Ghostland est une véritable découverte underground loufoque qu’il faut absolument découvrir. Nicolas Cage propose une performance barge en accord avec le concept de l’œuvre, aux côtés de la brillante Sofia Boutella tandis que Song Sion présente un univers déjanté, multiculturel, riche en métaphore et divertissant. Le film peut en revanche être complexe à aborder par son excentrique, mais vaut vraiment le détour si on est ciblé. Cinéphiles et amoureux du cinéma underground, foncez tête baissée.