Notre tout petit petit mariage donne aussitôt envie de divorcer avec un genre de comédie catastrophe vraiment très très catastrophique.
Notre tout petit petit mariage succède donc assez logiquement aux épuisants et inoffensifs Sales Gosses, Ma Reum et La Très Très Grande Classe, tous mis en scène par Frédéric Quiring et distribués par UGC. Ainsi, tandis que Pathé sort le portefeuille dans des projets ambitieux et tente de ramener le public en salles avec des marques reconnues du public et des casting prestigieux, UGC semble quant à elle continuer de capitaliser sur une formule qui jadis permettait de rentrer dans ses frais sans la moindre prise de risques artistique. Pour résumer : des comédies ouvertement populaires, volontairement potaches, traitant du couple, des enfants et ici du mariage, des sujets universels, des noms reconnus en tête d’affiche afin de s’inscrire pile dans la grille télévisuelle et être sûr de drainer un maximum d’audience, rentabilisées avec beaucoup d’espaces publicitaires et surtout avec le moindre effort.
Mais voilà, nous sommes en 2023, et la donne semble avoir quelque peu changé. Tandis que le public revenu en salles semble vouloir dépenser le prix de sa place de cinéma pour des valeurs sûres, et alors que même des stars du genre comme Dany Boon (où Christian Clavier) se voient chassés de leur piédestal, les nouveaux noms de la comédie s’appellent désormais La Bande à Fifi. Et en voyant Notre tout petit petit mariage, les allusions à l’œuvre de la clique de Philippe Lacheau semblent, en plus d’être grossières, assez évidentes : mixant (presque sans le cacher) une pincée de Babysitting pour le côté found-footage avec Alibi.com pour le mariage et les mensonges, en plus du pire (s’il y a du meilleur) de Qu’est ce qu’on a fait au Bon Dieu ? et vous obtiendrez le pâle ersatz, la pure contrefaçon à la fois outrancière et affligeante qu’est la comédie de Frédéric Quiring.
Pour le pire
Max (Ahmed Sylla) et Lou (Camille Lou) souhaitent donc se marier afin de renforcer leur dossier de demande d’adoption, mais aussi et surtout puisqu’ils s’aiment. Mais sans beaucoup de moyens, la décision est vite prise d’organiser un mariage modeste, avec très peu d’invités et dans l’intimité. Mais leur témoin en décide autrement, puisqu’il convie 300 personnes à la fête… Et voilà, quelque chose ne tourne déjà pas rond dans ce Notre tout petit petit mariage. Rien ne semble sincère, de son postulat, jusqu’à son ambition de comédie catastrophe. De l’amour, il n’en est finalement rien qu’une simple question de formalité administrative. Et pour la fête, c’est pire, puisqu’à part les réactions outrées et exagérées d’une carricature de famille catholique et l’autre bourgeoise, rien ne sort jamais des clous, et surtout, rien ne part jamais en vrille en se collant bêtement au schéma d’une comédie à la fois ronflante et fatigante.
Puisque tout est exagéré dans la comédie de Frédéric Quiring, pas par outrance mais uniquement par flemmardise. Les personnages sont ainsi tous insupportables, et avouons-le, détestables : cette comédie se vit ainsi comme un véritable calvaire, surtout lorsqu’on sent que le pétard mouillé ne se contentera pas simplement de ne nous laisser qu’une simple migraine. Notre tout petit petit mariage, en plus de s’effilocher au fur et à mesure de son heure et demie, et de nous prendre un à un tous nos neurones, se révèle ainsi pleinement comme la pure parenthèse de vide qu’il est vraiment. Un vide abyssal, où le rire forcé, gras et appuyé, souhaite après s’être frayé un chemin (où plutôt après l’avoir forcé), nous emmener aussi lourdement vers une émotion aussi factice que le reste. Et c’est là, qu’après avoir été insupportable, le film de Frédéric Quiring en devient purement détestable.
Divorce salutaire
On ne reviendra ainsi pas sur l’inexistante facture technique de l’ensemble, rendant presque esthétiquement plus acceptable des publicités pour appareils auditifs (vous en aurez besoin après le visionnage) : même le côté fond footage est délaissé, par pur manque d’intérêt d’un procédé pourtant censé s’étendre sur tout un film. On reviendra par contre, sur le manque d’honnêteté et d’audace d’une comédie qui vendait son côté catastrophe comme gros argument de vente mais qui se révèle finalement (et uniquement) catastrophique. Ainsi, à part égrener d’insupportables clichés sans ne jamais les approfondir (le couple de lesbiennes, la petite amie nymphomane, la responsable administrative coincée, le meilleur ami complètement abruti), Notre tout petit petit mariage semble ainsi mettre tout le monde dans le même sac d’une idiotie, quant à elle, toujours prégnante.
Tout cela tente ainsi vainement de cacher un énième gâchis, de budget, de scénario, et de talents, d’un produit dont l’opportunisme agace autant qu’il irrite. Le divorce est donc plus que salutaire vis-à-vis de ce type de production, voulant cocher toutes les cases du succès facile mais qui oublie de cacher sa propre fainéantise et son mépris envers tout un public. L’on ne s’étonnera plus, après ce genre d’exemple, que l’image du cinéma français soit raillée et ne se voit uniquement cantonnée qu’à ce genre de bouffonnades, alors qu’il tente de pourtant de prouver tout le contraire depuis de nombreuses années. Et que le public se voit alors rassuré de rester chez lui, à consommer à la maison, pour un prix défiant toute concurrence, des productions de bien meilleure qualité que ce Notre tout petit petit mariage qui rappelle parfois qu’une salle de cinéma peut aussi se transfigurer en salle de torture.
Notre tout petit petit mariage est actuellement en salles.
Avis
Notre tout petit petit mariage n'est pas simplement le genre de comédie qu'on ne devrait plus voir en salles. La comédie de Frédéric Quiring se fait le parangon de tout l'opportunisme et le mépris d'une opération commerciale vampirisant à outrance toute la concurrence sans ne lui apporter ni la moindre audace, ne donnant à subir que sa totale flemmardise.