Nos sincères condoléances ramène à la vie l’œuvre de Guillaume Bailly pour démystifier les préjugés qui entourent le métier de croque-mort.
On vous présente Nos sincères condoléances. Et ce n’est pas souvent qu’on peut le faire avec le sourire, alors on en profite ! Mais la formule consacrée n’a ici pas vocation à plomber l’ambiance. La mort non plus d’ailleurs, et ça non plus ce n’est pas courant !
Inspiré par le best-seller de Guillaume Bailly, ce roman graphique nous présente, en humour et en images, une sélection d’anecdotes authentiques autour du métier d’employé des pompes funèbres. Une invitation à partager un peu du quotidien de celles et ceux qui côtoient chaque jour la mort de très, très près.
La mort en face
La mort. Voilà bien un thème que l’on passe notre vie à tenter d’éviter et auquel on revient pourtant toujours. Et pour cause, elle intrigue, fascine, effraye, terrorise parfois. Encore très taboue dans nos sociétés occidentales, on évite autant que possible ne serait-ce que de prononcer son nom… Ainsi le défunt est décédé, il est parti, il s’est éteint, il a rendu l’âme… Il est mort, certes, mais dit ainsi c’est tout de même beaucoup moins entendable…
Alors, puisque l’on a autant de mal à en parler, forcément, les idées reçues et clichés autour d’elle et de ceux « qui en vivent » sont nombreux. De même que l’on ignore bien souvent en quoi consiste exactement le travail de ces croque-morts, sources de tous les fantasmes, et on est loin d’imaginer ce à quoi les confronte parfois leur métier.
Qui sont ces gens ?
À travers des dessins simples et des textes courts, cet ouvrage monochrome a deux objectifs. Le premier, c’est de mettre en lumière le quotidien de ces hommes et ces femmes de l’ombre qui accueillent les familles des défunts, rendent leurs morts présentables et accompagnent ces derniers dans leur dernière demeure. On les suit donc depuis le funérarium jusqu’à l’enterrement, la crémation, en passant par la prise en charge du corps là où il se trouve, les offices religieux ou civils, sans oublier les demandes (parfois surprenantes) de la famille.
Au passage, on découvre la véritable origine du terme « croque-mort », du mot « corbillard » (qui devrait vous surprendre !), ou encore de l’expression « mise en bière ». Et, comme le second degré n’est jamais loin, l’auteur joue avec nos pires angoisses et nous livre la bonne attitude à avoir en cas de réveil d’un défunt !
Nos sincères condoléances : à mourir de rire ?
Le second objectif de cet album est de dédramatiser, de nous faire rire, de mettre de la vie et de la légèreté dans un sujet aussi lourd que poussiéreux ! Une démarche que l’on avait déjà pu apprécier dans l’ouvrage Mortel, de Taous Merakchide, qui nous faisait réfléchir sur le sujet tout en utilisant un ton décalé et décrispant. Ici, on bascule carrément dans l‘humour sur des situations macabres et à priori glauques, mais toujours avec respect et une certaine pudeur.
Un téléphone oublié dans un cercueil ; un choix de musique incongru lors d’une cérémonie ; un enterrement qui croise un mariage ; un entretien d’embauche des plus douteux ; les vacances du croque-mort qui a du mal à décrocher ; ou encore, un mort… pas tout à fait mort ! Bon, pas de fou-rire à prévoir pour autant, et certaines situations nous laissent.. de marbre. Mais tout de même, on sourit souvent, on apprend des choses, et on regarde peu à peu la mort d’un autre œil.
D’ailleurs, entre deux anecdotes et encarts instructifs, on peut se détendre en aidant l’agent funéraire à retrouver le corps de Mme Chombier parmi 6 silhouettes ; en retrouvant différents objets dans un cimetière ; ou encore en trouvant les dix différences entre les deux images de la tombe de cette pauvre Mme Chombier ! De quoi apporter un petit côté décalé supplémentaire en nous donnant presque l’impression d’être à la plage ! Un bel endroit pour (se) reposer en paix.
Nos sincères condoléances, de Samuel Rimbault et Guillaume Bailly, est paru le 11 octobre 2022 aux Éditions de l’Opportun.
Avis
Huit ans après la parution de l'ouvrage de 'Mes sincères condoléances' dans lequel Guillaume Bailly racontait ses mémoires de croque-mort, Samuel Rimbault s'approprie cet univers pour nous retranscrire à sa manière ces histoires drôles, étonnantes, extravagantes.