La première saison de Moon Knight s’est terminée sur Disney+ en proposant un ride nerveux, barré, soit un projet original au sein du MCU.
Marc, atteint de multiples troubles de la personnalité dont l’incarnation d’un dieu égyptien, essaye de faire la paix avec soi-même tout en sauvant le monde, évidemment. Gros projet pour Marvel, Moon Knight (notre critique du season premiere) est une des nouvelles pierres angulaires du Marvel Cinematique Universe qui propose un héros moins lisse que d’ordinaire tout en restant malheureusement bien trop enclavée dans l’éternel cahier des charges de Disney+.
Créée par Jeremy Slater, scénariste en chef et showrunner du projet, Moon Knight ajoute donc un personnage torturé, un nouveau vigilante, au panthéon de la maison des idées qui surfe donc sur la vague vengeresse et torturée de The Batman, le côté surréaliste en plus. On pourrait se plaindre de voir que le show n’emprunte finalement que peu de problématiques des comics de Doug Moench et Don Perlin pour se contenter de verser dans une origin story réussie mais somme toute classique. Cependant l’intention est louable d’essayer de délocaliser ce nouveau paysage héroïque. Une prise de risque timide mais pertinente et qui fait du bien dans son changement de focalisation.
Inception des familles
Ainsi, force est de constater que Moon Knight a tenté de belles choses. En parallèle du buddy movie terre à terre de Hawkeye ou du voyage temporel barré de Loki, on découvre donc un personnage plus autonome de l’univers Marvel. Sans apparentes connexions avec ses copains en collants, si ce n’est avec la dimension tragique et émotionnelle de WandaVision, Moon Knight évolue seul, sans autre considération que celle d’essayer avant tout de comprendre le bazar identitaire qui se déroule dans sa tête, tout en se battant pour sauver le monde, forcément. Soit un nouveau discours sur l’acceptation, cette fois de soit, de ses propres traumas.
Une quête personnelle donc, avec un voyage initiatique également contrasté. Surréaliste dès qu’il s’opère dans la tête du protagoniste joué par un Oscar Isaac parfaitement ambivalent, à la fois suave et naïf en Steven Grant ou résolument frontal en Marc Spector. Des découvertes hallucinatoires pour mimer la perte de repère et la fuite du réel face à des traumatismes enfouis depuis la plus tendre enfance. Un procédé imagé par l’arrivée des protagonistes dans un hôpital psychiatrique pour faire douter jusqu’au spectateur de la véracité de ce qu’il regarde. Une plongée personnelle dans les affres des remords, que seul le protagoniste, avec ses différentes personnalités, est à même de résoudre et de laquelle il sortira grandi, prêt à sauver les autres parias d’un méchant néanmoins un peu cliché.
Le retour des momies
Mais le voyage se fait également physiquement, en plein cœur du folklore égyptien. Et c’est là la grande force de Moon Knight, d’arriver à proposer un dépaysement agréable, loin du sempiternel héros américain évoluant entre les buildings. On découvre avec un plaisir non feint notre héros, et son héroïne de copine (magnétique May Calamawy), déambuler dans des tombeaux égyptiens ou macédoniens, se battre sur les flancs des pyramides et tailler le bout de gras avec plusieurs dieux zoomorphiques.
Or, si l’entreprise narrative est pertinente, visuellement c’est une toute autre paire de manches. Les chorégraphies sont vite brouillonnes, la caméra peu énervée et même si les transitions prennent tout leur sens rapidement, on sent une certaine paresse visuelle, comme dans toute proposition du MCU en somme. Enfin les dieux sont pauvrement modélisés et on retrouve les immuables rayons lumineux très saturés des cataclysmes provoqués par les méchants avant un combat final de CGI bien grasses qui se tatanent la tronche.
Et c’est d’ailleurs à l’instar de cette opposition caricaturale, l’entité essayant d’absorber les âmes impures, que Moon Knight se montre aussi convenue que les autres séries du MCU. Des méchants secondaires qui ne servent à rien, pauvre Gaspard Ulliel, des plans machiavéliques mais pas trop, des ennemis qui ne servent que de décorum face à la véritable lutte intérieure du héros.
Dommage donc pour Moon Knight d’être obligé de passer par ces poncifs plutôt que d’assumer pleinement son originalité. En espérant que cette introduction du personnage soit plus amplement développée dans les prochaines productions de chez Disney.
Moon Knight est disponible chez Disney+
Avis
Malgré une proposition inédite chez Marvel avec un angle intéressant, tragiquement personnel, il est finalement dommage pour la série Moon Knight de devoir se forcer à respecter le sempiternel cahier des charges du studio plutôt que de clamer pleinement son indépendance.