Première série issue du monsterverse, Monarch, l’héritage des monstres, se pose comme le liant entre le précédent et le prochain opus cinématographique, avec de belles initiatives au milieu d’un beau bordel sympathique.
Suite au G-Day, jour ou Godzilla ravagea San Francisco, les descendants du scientifique Bill Randa tentent de retrouver leur père et croiseront la route du colonel Lee Shaw, ancien collègue du Dr Randa, avec lequel ils avaient créé le programme Monarch pour surveiller les Titans et autres Kaijus. Développée et diffusée sur Apple TV, la série Monarch, l’héritage des monstres plonge donc à cœur perdu dans l’histoire du monsterverse en tentant une approche teen pour attirer un nouveau public dans une histoire d’aventure multi-générationnelle, sympatoche et bien fichue.
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Développant le propos narratif et visuel initié avec le Godzilla de Gareth Edwards et le Kong : Skull Island de Jordan Vogt-Roberts, la série Monarch tente ainsi d’explorer les dernières zones d’ombres de ce multiverse monstrueux. Pour porter ce projet d’extension d’univers, Apple nomme l’un des papas de Xena la guerrière (Chris Black) et un scénariste de comics (Matt Fraction, auteur entre autres du fabuleux comic Hawkeye) qui serviront également de producteurs et showrunner de ce Indiana Jones revisité, temporel et gigantesque.
King Kurt
Ce qui fait la force de la série, composée de 10 épisodes bien produits, c’est le va et vient entre les deux temporalités. D’abord, celle initiale des petits enfants de Bill Randa (campé dans Skull Island par John Goodman), incarnés par Anna Sawai et Ren Watabe, explorant ce monde titanesque en compagnie d’un Lee Shaw âgé, incarné par un Kurt Russel aux allures de babysitter musclé. Et ensuite, celle secondaire où Bill Randa, Lee Shaw et la scientifique japonaise Keiko Fujimori concrétisent les prémices du projet Monarch dans les années 50.
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Là où le show propose une approche pertinente, c’est en castant la famille Russel pour jouer le même personnage, à 50 ans d’écart. Ainsi l’iconique Kurt joue la figure protectrice et respectable du colonel Lee Shaw à notre époque, au bel âge de 70 balais, tandis que le fils Wyatt Russel joue le jeune colonel rebelle d’une trentaine d’années. De quoi éviter le sacro-saint procédé de rajeunissement en CGI, toujours un peu désuet. là au moins, du vrai cinéma, de vrais acteurs, pour un résultat saisissant d’authenticité. C’est malin et c’est bien fait.
D’ailleurs, en parlant de CGI, force est de constater que pour le projet, Apple n’a pas lésiné sur la dépense et propose avec Monarch, de superbes effets visuels, qui n’ont pas à rougir face aux machines hollywoodiennes des blockbusters Godzilla vs Kong. Bon, on ne cite pas le plus beau ni le plus intelligent, mais le fait est que niveau réalisme des grosses bébêtes, ça se pose là. Or pour une série, la patine visuelle y est soignée, permettant de bien ancrer l’histoire en forme de spin-off originel de ce monsterverse efficacement et proprement. Le bestiaire des monstres y est varié et bien soigné, c’est rafraîchissant.
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Quant à l’histoire, sinon de gentiment (ou avec de gros sabots, on vous laisse nous le dire en commentaire) nous amener l’histoire au prochain navet atomique, Godzilla x Kong: The New Empire, et nous présenter le monde à l’envers, un Kong grisonnant ou la compagnie Apex Cybernetics, on se demande à quoi tout ceci a bien pu servir. une proposition un peu vaine, qui met certes en lumière la création de Monarch tout en développant un peu le pathos autour de ses créateurs, dépassés par leurs découvertes.
En somme, une série d’aventure sur plusieurs territoires, une course contre la montre où les protagonistes sont poursuivis par une organisation, soit du grand classique, heureusement magnifié par de beaux effets et un casting sympathique ! Dispensable, certes, mais jouissant d’une intrigue à taille humaine, bien faite, en explorant les traumatismes laissés par les destructions causées par les Titans en même temps qu’une quête familiale, une recherche de filiation émotionnelle et réussie, donc c’est déjà ça.
Monarch l’héritage des monstres est disponible sur Apple TV.
Avis
Monarch, l'héritage des monstres est aussi sympathique que dispensable mais permet au moins de faire le lien au sein du monsterverse, entre Godzilla et Kong, et s'offre au passage un casting savoureux, un bestiaire de qualité et c'est déjà pas mal pour un produit aussi convenu.