Ana Lily Amirpour est une jeune réalisatrice américaine. Elle réalise plusieurs courts-métrages avant de signer son premier long, un film de vampire en noir et blanc : A Girl Walks Home at Night. Deux ans plus tard, elle présente son second long-métrage au Festival de Venise : The Bad Batch. Mona Lisa and the Blood Moon était également présenté au festival l’année dernière avant d’être maintenant en compétition au Festival de Gérardmer.
Mona Lisa and the Blood Moon raconte l’histoire d’une jeune femme dotée de pouvoirs psychiques, enfermée dans un hôpital psychiatrique. Un jour, lors d’une pleine lune, elle s’échappe. Dorénavant seule, elle va devoir apprendre à maîtriser ses pouvoirs. Bien que le film propose un pitch super intriguant avec un concept plutôt sympathique, on se retrouve avec un film d’une heure quarante sans intrigue précise. Mona Lisa – incarnée par Jun Jong-seo – erre sans but précis. Le film trouve finalement son scénario au bout d’une bonne heure passée. On aurait aimé une exposition plus concise et surtout de véritables enjeux dramatiques.
Ana Lily Amirpour propose un long-métrage ultra référencé, faisant hommage au bulldozer à Quentin Tarantino, Stranger Things ou encore Die Antwoord (ça a le mérite d’être varié). Le film essaye de rendre son univers “cool” mais vire complètement dans le too much avant même que la scène ne soit commencée… Enfin, bien que le titre du film mentionne une lune rouge, le métrage se contentera seulement d’une pleine lune. L’incompréhension est donc bien présente.
Des intentions artistiques random
On découvre un générique d’introduction quasi illisible, autant sur la forme que sur le fond. La séquence est articulée de plans larges au grand angle en fondus enchaînés le long d’un fleuve dans une jungle (random, surtout qu’on en fera jamais mention plus tard). On pense d’abord que Ana Lily Amirpour va jouer avec sa caméra et son grand angle qui semble avoir une importance clé dans la mise en scène de l’exposition. Finalement, le concept est abandonné sans trop qu’on sache pourquoi… Puis revient… Puis repart…
Mona Lisa and the Blood Moon, c’est aussi un film extrêmement musical et un peu trop bruyant. On s’interroge parfois sur les choix des registres, avec par exemple une musique électro rock pendant une scène qui devrait nous tenir en haleine… Dommage : la musique et son pouvoir désamorcent le tout.
L’amertume est encore plus grande, surtout parce que Ana Lily Amirpour est aussi une autrice. Ses pitchs donnent l’eau à la bouche. A Girl Walks Home at Night, avec une histoire de vampire. The Bad Batch, avec une survivante amputée devant fuir un groupe de cannibales.
La déception redondante de la filmographie de la réalisatrice vient du manque de dramaturgie et d’enjeux scénaristiques. Les personnages errent et sont portés par des des personnages secondaires. Du coup, la cinéaste semble alors vite oublier le pitch de base, ne le tient pas, et part dans d’autres directions.
Une frustration amère
Après ses deux premiers long-métrages, on aurait pu penser que la jeune réalisatrice aurait enfin proposé un film qui viendrait effacer les quelques défauts des premiers. Avec Mona Lisa and the Blood Moon, on a pourtant l’impression d’un pas en arrière…