Blockbuster ultra attendu, Mission Impossible The Final Reckoning entend être l’aboutissement de la célèbre saga d’action-espionnage gouvernée par Tom Cruise depuis 30 ans. Présenté au Festival de Cannes 2025, le résultat est une surprenante catastrophe…
Mission Impossible est une saga sur laquelle nous pouvons habituellement compter depuis près de 30 ans. D’abord film d’espionnage adaptant la série TV éponyme sous la houlette de De Palma, chaque opus avait su réinventer l’identité de la franchise de par la patine des différents réalisateurs. Cela fait maintenant depuis 2018 que Christopher McQuarrie (scénariste émérite de Usual Suspects) a repris les rênes de la mise en scène, épaulé par un Tom Cruise exigent en terme de qualité de production.

Une association qui aura su porter ses fruits à chaque film, jusque dans le réussi Mission Impossible Dead Reckoning il y a 2 ans. Tourné dans la douleur post-Covid, le résultat était avant tout une aventure généreuse, ludique et aux scènes d’action travaillées. Une dimension over-the-top était introduite, avec cette Entité (une IA omnipotente convoitée par les forces en œuvre) là encore cohérente en terme d’enjeux.
Faux baroud d’honneur final
Inutile de dire que ce The Final Reckoning, vendu comme une sorte d’acmé de la saga MI (voire d’ultime baroud d’honneur célébrant 3 décennies de galipettes en tout genre) était attendu au tournant comme un des blockbusters de l’année. Le récit reprend d’ailleurs 2 mois après le précédent, alors qu’Ethan a pu mettre la main sur la clé donnant l’accès au code source de l’Entité.
Code source à aller chercher dans un sous-marin échoué au fond de la Mer de Béring, un espace sensible du fait de tensions entre les USA et la Russie. Devant reformer son équipe, Ethan va ainsi se lancer dans une course effrénée pour sauver le monde, à la fois de l’Entité, mais également des antagonistes désirant cette IA invulnérable.

Bref, Mission Impossible The Final Reckoning poursuit la trame du précédent et premier gros problème : comme s’ils n’avaient pas confiance en leur capacité de narrateur, McQuarrie et son compère vont s’évertuer pendant près d’une heure à réexpliquer le scénario et les enjeux ! Pire encore, dès son introduction montée tel un spot publicitaire, Mission Impossible 8 nous abreuve ad nauseam de flash-backs de tous les précédents films, tissant maladroitement des liens censés créer un momentum s’engouffrant à 100% dans les diktats Hollywoodiens modernes.
Une écriture qui enchaîne les couleuvres (le nombre de facilités scénaristiques est aberrant, jusque dans les passages où Hunt traverse des kilomètres à la course à pied pour sauver quelqu’un ou nage des dizaines de mètre en mer Arctique), les briefings ultra-répétitifs (non content de prendre les spectateurs pour des abrutis, le script ira jusqu’à introduire plein de nouveaux personnages fonction inutiles afin de refaire le point de ce qu’il y a à sauver), les paraphrases entre persos (chacun finit la phrase de l’autre comme chez Baboulinet), les dialogues de débutant (la mort d’un certain personnage enchaîne toutes les disquettes possibles) et les déifications de Tom Cruise.
Blockbuster d’espionnage avec le pire scénario
Oui, le scénario est affreusement mauvais : pauvre, inutilement étiré (2h50 pour quelque chose qui pouvait prendre 1h15), empli de deus ex machina (la pauvre Hayley Atwell réduite à peau de chagrin ici) et même complètement embrassant dès qu’il s’agir de gérer tout aspect géo-politique. Même l’entité introduite dans Dead Reckoning devient un McGuffin évanescent, débutant l’intrigue par un duel crypto-phallique avec Cruise avant d’être totalement inactif du récit. C’est tout le cœur de la mission qui tombe à l’eau, comme incapable de faire une construction logique pourvoyeuse de tension. Bref, une roue libre ambiante à tous les étages (à l’image de son nemesis) annihilant toute emphase émotionnelle, même lorsqu’il tente maladroitement de faire revenir un personnage du tout premier film.

Enfin, il faut parler de Tom Cruise, star qu’on aime depuis toujours, et véritable prophète d’un cinéma américain d’artisan, respirant pour le cinéma et l’expérience en salles. Désormais pure figure messianique autoproclamée au sein de son propre film, Mission Impossible The Final Reckoning termine la transformation de l’acteur en protagoniste d’un lourd ego-trip où ce dernier est le seul personnage proactif du film, et même le seul adoubé par le casting pour sauver l’espèce humaine. On se pincera régulièrement devant ces personnages défilant pour passer un coup de pommade à Ethan Hunt sans jamais se joindre à lui. Le plus bel exemple vient dès l’introduction, où Grace verbalise qu’i lest le seul digne de conserver le plus grand pouvoir sur Terre (et ce après avoir massacré de sang-froid des sbires devant elle!).
Mission Impossible The Final Reckoning : le grand opus raté de la franchise
Un Tom Cruise Totem, sauvé par les femmes, incapable de mourir même à des dizaines de mètres sous la banquise arctique ou sans parachute donc. Pourtant oui, ce faux ultime Mission Impossible parvient lors de deux séquences d’action à la fabrication impeccable (une fuite dans un sous-marin en perdition, et un duel à haute altitude) à créer de mini-enjeux.
Tels des pas de côté dignes d’une vraie performance de cascadeur, captivant le spectateur pendant 20 minutes (sur 2h50 d’aberrances scénaristiques) en se passant réellement du verbe pour enfin utiliser l’outil qu’est le cinéma. C’est peu, encore plus lorsque la finalité de ce Mission Impossible 8, sous forme de pub Decathlon jumelée à du The Dark Knight Rises, n’est même pas de poser un point final. Une aventure de plus, l’aventure de trop !
Mission Impossible The Final Reckoning sortira au cinéma le 21 mai 2025. Retrouvez tous nos articles du Festival de Cannes ici.
avis
Mission Impossible The Final Reckoning se voulait être l'ultime baroud d'honneur de la saga, mais se présente in fine comme son opus le plus raté. Malgré 2 impressionnants morceaux de bravoure, difficile de valider cet objet masturbatoire sanctifiant un Tom Cruise déifié dans le blockbuster d'espionnage le plus mal écrit et balourd qui soit. Un véritable échec narratif à tous les niveaux, à la durée injustifiée, aux personnages creux, et aux enjeux bazardés. Mission inaccomplie !