On a bien failli jamais ne voir ce Millénium tant le projet a connu moult complications qu’on ne saurait résumer en moins de cinquante pages. On comprend mieux le « Ce qui ne me tue pas ».
Alors pour te la faire courte : La saga littéraire Millénium a eu droit à trois tomes avant le décès de son auteur, Stieg Larsson. David Lagercrantz a repris la plume pour signer un quatrième (pour le moment) chapitre : Millénium : ce qui ne me tue pas.
Au cinéma, les trois livres originaux ont été adaptés en Suède avant qu’Hollywood ne s’empare du sujet pour Millénium : l’homme qui n’aimait pas les femmes, réalisé par David Fincher. Des péripéties plus tard, voici que débarque cette adaptation américaine du fameux quatrième tome – sans qu’on ait eu le 2 ou le 3 – avec une toute nouvelle équipe devant et derrière la caméra. Sauf qu’officiellement, ce n’est ni une suite, ni un reboot. Pourquoi on te raconte tout ça ? Wait for it, on y vient…
Millénium : ce qui ne me tue pas me blesse quand même
… tout de suite. Car si le film se plante d’emblée une épine dans le pied, c’est bien dans cet imbroglio narratif. Présenté comme un long-métrage indépendant, celui-ci ne peut pourtant pas se défaire des événements passés – pour des besoins scénaristiques évidents – concernant sa Lisbeth Salander. Dès lors, si on n’a pas parcouru les trois volumes originaux ou vu la trilogie suédoise, on a régulièrement l’impression d’avoir loupé un épisode… surprenant n’est-ce pas ?
Ce qui en devient rapidement gênant lorsqu’on tente de saisir toute la complexité de la psychologie de Lisbeth, son passé ou son lien avec Mikael Blomkvist et ce, même si on a vu le film de Fincher. Le scénario tente bien de rattacher les wagons, mais trop discrètement pour camoufler les trous, comme si le long-métrage n’assumait pas sa genèse compliquée. Dès lors, impossible de se sentir impliqués dans cette histoire de famille qui ne nous aura pas attendu pour commencer.
Demain ne meurt jamais
Ces failles n’empêchent pas cependant Millénium : ce qui ne me tue pas de réussir son pari : nous offrir un thriller efficace avec une héroïne forte. Troisième incarnation du personnage, Claire Foy (qu’on voit partout en ce moment) s’en sort à merveille en ne tentant pas de singer ses aînées. Elle apporte sa propre version de Lisbeth, plus humaine mais pas moins farouche. Face à elle, Sylvia Hoeks continue de démontrer toute sa stature de méchante après Blade Runner 2049.
Du reste, on assiste à une intrigue, certes convenue, mais qui coche plutôt bien son cahier des charges en nous offrant tout ce qu’on est en droit d’attendre d’elle. À la réalisation, Fede Alvarez n’est pas Fincher, mais n’est pas le tout-venant non plus et prouve après Evil Dead et Don’t Breathe que changer de genre ne lui fait pas peur. Classique, Millénium : ce qui ne me tue pas n’en reste pas moins propre.