Mercato est le nouveau film de Tristan Séguéla (la série Tapie), plaçant Jamel Debbouze en tant qu’agent de joueur de football. Une plongée régulièrement intense dans l’envers d’un business sans foi ni loi, portée par la prestation de son acteur principal.
Produit par Pathé, Mercato est la toute nouvelle collaboration entre Tristan Séguéla et le scénariste Olivier Demangel (Novembre, Tirailleurs, 9 Mois ferme). E effet, le duo derrière la réussite qu’était la série Tapie revient pour explorer les dessous d’un milieu nourri de fantasmes : celui du football ! Et pas celui des crampons sur le gazon à la poursuite du ballon, mais celui qui aborde le milieu par le prisme du capitalisme pur.
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Mercato s’intéresse ainsi à Driss (Jamel Debbouze), un agent de sportifs au bord du précipice depuis que Matuidi ne joue plus. Proche de la sellette et endetté jusqu’au cou auprès d’individus véreux, ce dernier tente tant bien que mal de s’accrocher à Mehdi Bentarek (Hakim Jemili), une star du football n’ayant pas foulé le terrain depuis un an et plus intéressé à enchaîner les soirées alcoolisées.
Mais le postulat comique va rapidement être mis de côté, tandis que Driss est menacé de mort. Ayant une semaine (la durée du mercato) pour rembourser ses dettes, il va courir à travers l’Europe et le Moyen-Orient dans le but d’obtenir un contrat à plusieurs dizaines de millions d’euros.
Uncut Jamel
Cela n’échappera à personne, Mercato lorgne définitivement sur les traces du néo-classique Uncut Gems, alors que le projet use également d’un acteur comique pour mieux le tordre en personnage dramatique constamment sur le fil du rasoir. Exit le basket, bienvenue au sport numéro 1 mondial pour des velléités artistiques qu’on n’a pas l’habitude de voir dans le paysage cinématographique français.
Mercato foule néanmoins un terrain plutôt connu sur le papier, notamment dans une première partie plus légère (le potentiel humoristique de Jamel et Hakim Jemili étant plutôt bien dosés), avant tout portée par son interprète principal. La mise en scène reste aussi propre, même si sans grande personnalité ou tenue technique particulière.
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Pourtant, Mercato construit assez efficacement sa peinture d’un milieu déglamourisé, où les agents de joueurs (dont la toujours très bonne Monia Chokri) sont les véritables architectes des carrières de footballers. Heureusement, le réalisateur évite le manichéisme forcé via l’incursion du personnage de fils joué par Milo Machado-Graner, faisant une analogie d’un univers véreux comme de l’esclavage 2.0.
Mercato : plus qu’une histoire d’oseille
Un numéro d’équilibriste curieusement éducatif en un sens (Driss misant ses billes sur un enfant au talent certain sans réellement se soucier de ses envies), alors que Mercato trouve sa voix dans une seconde partie nettement mieux tenue en terme de tension. Une course-contre-la-montre s’enclenche, tandis que la performance nuancée de Jamel Debbouze se déploie avec une tenue qu’on ne lui connaissait guère.
Un rôle de composition donc, pour un anti-héros qu’on apprécie détester de par ses stratagèmes dominés par la fourberie, mais dont la quête de réussite le rend automatiquement attachant via une sensibilité qui craquèle lors des scènes réussies avec le jeune acteur d’Anatomie d’une chute.
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On aurait sans nul doute apprécié une vision finale plus jusqu’au-boutiste ou une exploitation mieux travaillée de son versant thriller (deux pauvres voyous en guise d’antagonistes). Mais Mercato a le mérite de proposer une plongée inédite dans un milieu trop peu traité au cinéma, à y apposer une vision authentique tout en jouant habilement avec l’aura de son interprète-star. On passe peut-être à côté de la franche réussite, mais difficile de ne pas y voir une vision judicieuse de cinéma !
Mercato est au cinéma depuis le 19 février 2025
avis
Avec Mercato, le duo derrière la série Tapie déçoit dans l'exploitation de son versant thriller, mais nous réjouit via cette plongée crescendo dans les coulisses d'un milieu abordé sans glamour. Dominé par la performance impliquée de Jamel Debbouze, on tient là ni plus ni moins qu'une chouette pioche qui ne tire jamais hors du gazon !