Lui sonne comme une introspection pour Guillaume Canet après le succès du dyptique des Petits Mouchoirs et avant son très redouté Astérix et Obélix : l’Empire du Milieu. Une séance chez le psy à laquelle le public n’avait pas forcément besoin d’être conviée.
Lui est déjà le septième long-métrage en tant que réalisateur pour Guillaume Canet. On ne présente plus l’acteur, metteur en scène et scénariste, derrière des succès incontournables récents du cinéma français, ayant été sacré aux César pour son adaptation d’Harlan Coben, Ne le dis à personne, aux succès faramineux des Petits Mouchoirs, de sa suite et du Grand Bain, toujours accompagné de son fidèle acolyte Gilles Lellouche. Guillaume Canet, auréolé de tant de succès, avait ainsi déjà joué avec son image dans l’étonnant Rock’n’Roll avant de risquer gros sur le prochain Astérix et Obélix : l’Empire du Milieu. Fruit du confinement, Lui est donc l’occasion d’une introspection pour le réalisateur, toujours entouré d’un casting de prestige, pour une analyse égocentrée qui se serait hélas bien passée de salles de cinéma.
Beaucoup de monde pour un seul nombril
Lui et sa promotion ont fait doucement rire beaucoup de monde. Guillaume Canet divisé en deux, en gros sur l’affiche, dans un film sur lui écrit et réalisé par sa propre personne, il n’en fallait pas plus pour que pleuvent les montages (très drôles) raillant cet égocentrique projet, qui se parait pourtant de premières images mystérieuses et d’un casting prestigieux. L’acteur, réalisateur, scénariste et sujet principal est donc Lui, un compositeur en panne d’inspiration qui part s’isoler dans une maison bretonne. En crise dans son couple et dans sa vie personnelle, ce séjour tout en introspection sera pourtant l’occasion pour son entourage de venir troubler son repos…
Malheureusement, rien ne viendra sauver cette impression d’un exercice égocentré tournant rapidement à vide. Guillaume Canet se scrute ainsi sous toutes les coutures, hésitant entre Laetitia Casta et Virginie Efira (on le plaint), sans jamais ne rien leur donner à jouer comme au reste de son immense casting. Parce que Lui ressemble rapidement plus à un caprice de confinement qu’à un réel long-métrage de cinéma et l’on ne comprend ainsi jamais vraiment l’intérêt d’assister à cette séance psychanalytique qui a dû rassembler une sacrée équipe alors bien obligée de se serrer dans le nombril d’un seul et même homme.
Lui et pas nous
Ainsi, si des séquences au lit évoquent parfois Bertrand Blier, Lui n’a malheureusement ni la maestria de mise en scène ni même l’acidité des dialogues du cinéaste français pour justifier ce qui ne restera qu’une trop écrasante référence. Le long-métrage est ainsi plutôt sec, ne se permettant que quelques astuces de décors pour dynamiter (un peu) cette fade introspection dont le visionnage fait se demander qui du spectateur où de Guillaume Canet devra bien régler sa place en fin de séance. Parce que lors du regard final face caméra de l’acteur, on se trouve presque étonnés que ce dernier ait enfin pensé qu’il était regardé, tant son exercice s’avère aussi creux qu’avare en terme de cinéma.
Jamais le cinéaste ne saisit l’étrangeté du lieu qu’il nous dépeint, même en tentant pendant de maigres instants de nous la jouer thriller horrifique. Retombant dans ses travers de vacances au Cap Ferret puant le fric des Petits Mouchoirs, l’île bretonne se trouve ainsi rapidement filmée comme un lieu où d’authentiques pêcheurs emmèneront notre pauvre compositeur faire une ballade en bateau après un apéritif où l’acteur aura eu, lui, la chance d’esquisser quelques sourires.
Parce que Lui n’avait finalement pas besoin de spectateurs pour son introspection, nombre de ces derniers seront tentés de se demander si leur crise existentielle de confinement méritait autant de salles de cinéma pour être pleinement exorcisée.