Les crapauds fous est une aventure humaine rythmée au cœur d’une vaste supercherie destinée à tromper les nazis.
Les crapauds fous raconte une histoire vraie et extraordinaire. Celle de médecins polonais – ici Eugène et Stanislaw – qui sauvèrent des milliers de vie durant la Seconde Guerre mondiale… d’une manière ingénieuse et surprenante ! Mais, évidemment, nous ne vous en dirons pas plus !
Avec 9 comédiens sur scène interprétant plus de 20 personnages, cette nouvelle fresque de Mélody Mourey est une fois de plus une réussite. Entre drame et comédie, passé et présent, New York et la Pologne, elle nous entraîne dans une aventure étonnante, passionnante et inspirante. Après nous en avoir mis plein les yeux avec La course des géants, la jeune femme récidive et nous offre ici un second coup de cœur.
Le sens du rythme !
Il existe désormais un style Mélody Mourey comme il existe un style Michalik. En effet, difficile de ne pas comparer les deux (sans pour autant les confondre) tant leur approche de la mise en scène se rejoint. Plutôt que de mise en scène, c’est d’ailleurs de véritable chorégraphie dont il faudrait parler tant il y a de précision et de fluidité dans les déplacements des comédiens, dans la manière dont les scènes s’enchaînent, ou encore dans le déroulement de l’histoire.
On retrouve là encore cette impression d’un mouvement qui ne s’interrompt jamais ; cette manière si habile de jongler avec les lieux et les époques qui rend l’histoire un peu plus immersive. Ainsi, en quelques mouvements le cabinet du médecin se transforme en pub New Yorkais grâce à un ingénieux décor mobile ; et en quelques subtils jeux de lumières le présent (de 1990) fait une incursion dans le récit (de 1940) pour apporter une réaction, un commentaire.
Une distribution réjouissante
Et puisque l’on parle de talent, impossible de passer à côté de celui des 9 comédiens et comédiennes qui donnent vie à cette aventure virevoltante. Car tous ont su nous transporter, nous émouvoir, nous faire rire, nous convaincre, brillants dans leurs interprétations nerveuses des quelques vingt personnages de l’histoire. Ils passent d’ailleurs parfois de l’un à l’autre à une vitesse surprenante !
Avec un petit coup de cœur en plus pour Hélie Chomiac (d’ailleurs également scénographe de la pièce), particulièrement captivant et charismatique dans le rôle de l’officier nazi, et Gaël Cottat, formidablement drôle et attachant dans son personnage de Stanislaw. Ce dernier forme d’ailleurs un duo parfait avec Charlie Fargialla qui incarne son ami et confrère Eugène avec une très belle présence.
Les crapauds fous nous régalent !
Passé et présent s’entremêlent donc tout au long de l’histoire, se répondent – au sens figuré mais aussi parfois au sens propre d’ailleurs ! Ce qui rend le récit très dynamique, prenant et drôle lorsque les personnages du présent mettent la scène du passé sur pause pour la commenter par exemple ; ou quand, placé derrière lui telle une ombre, le médecin accompagne pendant quelques instants la gestuelle de son personnage plus jeune.
Quel excellent moment on passe avec ces crapauds fous ! C’est habile, malin, vivant, et ponctué de quelques touches de fantaisie comme cette incarnation inattendue et audacieuse d’un Hitler rendu ridicule. C’est aussi une jolie manière de mettre en lumière une forme de résistance totalement inattendue et originale ; de mettre en lumière l’espoir et l’humanité tout simplement. À voir absolument !