Les 4 Fantastiques – Premiers Pas est un nouveau film Marvel important pour la firme : l’incursion de la première famille super-héroïque de l’Histoire au sein du MCU, sous la houlette de Matt Shakman (Wandavision). Une proposition aussi charmante que paradoxalement décevante !
Les 4 Fantastiques – Premiers Pas est un film important à plus d’un titre. En effet, le quatuor culte de Marvel (créé dans les 60’s par Jack Kirby) est un monument culte de l’écurie au même titre que les Avengers ou les X-Men. Pour autant, leurs précédentes itérations en film n’ont jamais réellement su transformer l’essai : entre accident industriel en 2015, nanar oublié dans les 90’s, suite incurique en 2007, on pouvait encore rapidement trouver de l’intérêt au premier film de Tim Story malgré sa dimension plus que générique aujourd’hui.
Nouveau reboot
Bref, les 4 Fantastiques ont longuement attendu un retour triomphal, tout comme le MCU. Après le carton plein du raté Deadpool & Wolverine, la firme s’est tapée 2 gros bides avec le pas-bon-du-tout Captain America Brave New World et le plutôt pas mal Thunderbolts. Ces Premiers Pas pour l’Homme Élastique, La Femme Invisible, la Torche Humaine et la Chose doivent donc fédérer afin d’amorcer une Phase 6 dors et déjà prévue avec de gros projets (Avengers Doomsday et Secret Wars).

Malgré le fait qu’il s’agisse du 37e film du Marvel Cinematic Universe, Les 4 Fantastiques – Premiers Pas se déroule sur la Terre 828 : une dimension alternative à celle du MCU donc, permettant ainsi d’entrer directement dans un univers rétro-futuriste digne de Jack Kirby. Nous sommes dans un New York très 60’s, dont la direction artistique chatoyante (quelque part entre Syd Mead et Ken Adams) épouse parfaitement le matériau de base.
Cela tombe bien, car le réalisateur Matt Shakman, à qui l’on devait Wandavision, avait déjà su maîtriser ses codes pour dialoguer entre post-moderne et ancrage rétro pop. Ce parti-pris fait ainsi des merveilles dans un premier tiers des plus charmants : pas d’origin story à proprement parler, le spectateur assiste à un Talk Show diffusé en cathodique retraçant la naissance des 4 Fantastiques après leur accident radioactif en plein voyage stellaire.
Rétro-futurisme qui caresse dans le sens du poil
Un montage très maîtrisé permet d’ailleurs d’observer quelques-uns de leurs exploits (avec notamment quelques easter eggs face à du méchant culte, comme Mole-Man), tout en évoluant dans les sets vintages du Baxter Building. Là encore, il faut saluer la démarche, offrant un film de super-héros où la technologie analogique (vinyle, cassettes audio et le robot Herbie..) est encore présente mais perfectionnée dans un apparat futuriste. Bref, on rentre dans le film comme dans des chaussons, jusque dans une présentation sans grande faille de la super famille.
Pour autant, Les 4 Fantastiques – Premiers Pas n’oublie pas de se centrer sur son casting bien réussi : on voit rarement Ebon Moss-Bachrach de par son grimage en colosse de pierre, mais en quelques scénettes seulement toute l’humanité du personnage ressort ; Joseph Quinn pourrait paraître en trop (l’humour forcé du film lui revient malheureusement) mais Shakman n’oublie pas d’en faire quelqu’un d’intrépide et intelligent au service de son intrigue ; et l’inénarrable Pedro Pascal se révèle être un Reed Richards étonnamment adéquat en leader scientifique se questionnant sans cesse sur la bonne manière d’agir.

Pour autant, le véritable liant magique du quatuor tient dans la figure matriarcale de Sue Storm ! Campée par une impeccable Vanessa Kirby, celle qui était auparavant reléguée au second plan se révèle non seulement la force motrice du groupe, mais aussi son cœur émotionnel (d’autant que les pouvoirs du personnage ont subi un savoureux step up). Outre cette présentation sans fausses notes, Les 4 Fantastiques – Premiers Pas entend bien conjuguer spectacle ample et intimité liée à l’unité familiale.
En effet, alors que ces super-héros traités tels des célébrités sont au summum de leur gloire depuis 4 ans, ils vont devoir faire face à Galactus : un être Céleste dévoreur de mondes ayant jeté son dévolu sur la Terre. Contactés par le Surfeur d’Argent (son héraut Shalla-Bal) du sort réservé à leur monde, les 4 Fantastiques vont ainsi devoir trouver le moyen de sauver leur planète, mais également Franklin (le fils de Reed et Sue).
Les 4 Fantastiques et la Surfeuse d’Argent
Un programme alléchant (pas si éloigné du navet absolu de 2007 ceci dit), mais qui se révèle également décevant à l’arrivée. Affublé d’une durée étonnamment chiche de 1h45, le film déroule son exposition sans grande fausse note, culminant par ailleurs dans une scène spatiale parfois vertigineuse (une rencontre stellaire avec un Galactus comic accurate du plus bel effet, une poursuite à travers un trou de ver et même un accouchement au bord d’un trou noir), muni de quelques effets directement sortis d’un Interstellar (toute proportion gardée bien entendu).
Mais passé ce cap, Les 4 Fantastiques – Premiers Pas opère un fâcheux virage vers le programmatique, comme s’il fallait déjà remballer au risque de ne plus rien raconter. Ce qui faisait le sel d’un Indestructibles, à savoir le fonctionnement de la dynamique familiale, est ici complètement absent, tandis que l’exploitation des divers pouvoirs du quatuor se retrouve au pire complètement déséquilibrée (pauvre Ben Grimm réduit à casser 2-3 poutres), au mieux simplement utilisé pour le climax du film.

Un climax plaisant, précédé d’un parfum apocalyptique pas piqué des hannetons sur le papier, mais dont l’exécution balisée confine à l’amoindrissement des enjeux. Tel un Marvel contraint par un cahier des charges, Les 4 Fantastiques – Premiers Pas s’embourbera ensuite dans de l’attendu, entre facilités narratives (antennes-relais de téléportation sorties de la poche), deux ex machina (Julia Garner est bonne dans son rôle, mais réduite à n’être que fonction) et même plan de résistance franchement idiot.
Marvel qui vire au programmatique
Heureusement, Matt Shakman fait appel à l’excellent Michael Giacchino (The Batman, Lost, Speed Racer) pour proposer une BO trépidante absolument superbe, et propose régulièrement le gravitas nécessaire lorsque la dramaturgie se veut trop scolaire. Le tout se suivra sans déplaisir, mais ce qui s’apparentait à un vrai bon film singulier du genre se retrouve entaché par cet abandon narratif. On notera par ailleurs quelques CGI plus criards (les gros plans visages sur Shalla-Bal ou Johnny), une photographie grisâtre usant constamment de la longue focale.

Ainsi, les perspectives se retrouvent souvent écrasées dans un visuel tristounet (un comble lorsque Galactus arpente les rues sans impression de gigantisme). Vous l’aurez compris, Les 4 Fantastiques – Premiers Pas se veut très ambivalent dans son son résultat global, entre déclaration d’amour sincère et seconde partie abandonnant tout le charme de ce qui avait précédé.
Pour autant, difficile de pleinement jeter la pierre à cette première incursion des 4 Fantastiques dans le MCU, dont la profession de foi pas toujours tenue (le setting rétro-futuriste 60’s n’est plus exploité ensuite) et l’absence de problématique réelle dans le traitement de la super-famille sont régulièrement contre-balancées par le capital sympathie indéniable de l’entreprise, la compréhension totale de son matériau de base et l’incarnation réussie de son casting. Pas mal donc, mais finalement un peu oubliable : on espère vite retrouver ces personnages pour des aventures plus fantastiques !
Les 4 Fantastiques – Premiers Pas est sorti au cinéma le 23 juillet 2025
avis
Les 4 Fantastiques - Premiers Pas doit beaucoup à sa première partie délicieusement rétro, affichant d'emblée son désir de singularité autant qu'une recherche esthétique propre aux travaux de Jack Kirby. Un cocktail qui fait mouche, culminant en un baroud d'honneur spatial énergique...avant que le récit n'accuse forfait en cours de route. Ce qui débutait comme un home-run vire donc en Marvel balisé et programmatique incapable d'élever plus haut sa profession de foi initiale. Le tout reste suffisamment divertissant heureusement, porté par un casting charismatique qu'on souhaite voir pour de plus amples aventures, mais l'impression d'un rendez-vous manqué demeure. Pas trop mal, mais dommage !