Le Seigneur des Anneaux : Les Anneaux de Pouvoir touche bientôt à la fin de sa première saison. Alors que cinq autres ont déjà été commandées, ce sixième épisode paraît être le moment idéal pour un bilan.
Le Seigneur des Anneaux : Les Anneaux de Pouvoir était attendue au tournant. Il est en effet peu dire que l’adaptation au format télévisuel, de plus par Amazon Prime et malgré un Jeff Bezos très impliqué, qu’une telle franchise, aussi acclamée soit-elle, ait fait couler autant d’encre. Parce qu’après le parcours du combattant couronné de succès d’un certain Peter Jackson, en ayant fait l’une des franchises les plus aimées et récompensées du septième art et en ayant acquis des droits d’adaptation à une somme pharaonique, tout comme le budget alloué par épisode, en faisant aujourd’hui la série la plus chère de l’histoire, relevait d’un défi presque impossible à relever. Porté par J. D. Payne et Patrick McKay, tous deux inconnus au bataillon, comme le duo derrière Game of Thrones à l’époque, signait alors les scénarios de Jungle Cruise et de Godzilla vs Kong, deux essais plutôt faiblards, voire ratés, pour pleinement rassurer. Mais qu’en est-il vraiment finalement ?
Une série pour les gouverner toutes ?
Le Seigneur des Anneaux : Les Anneaux de Pouvoir s’est ainsi frottée directement à la concurrence puisqu’elle a dépassé en termes d’audiences le prequel de Game of Thrones, House of the Dragon, lors de la sortie de ses deux premiers épisodes. Tous deux restent pourtant similaires en termes de qualité sur ces deux alléchantes mises en bouche. Parce que si l’on évitera ici de vous causer (on lui dédiera son propre article) de la qualité (et des nombreux défauts) d’House of the Dragon, les deux premiers épisodes de ce retour en Terre du Milieu relèvent de la féerie. Juan Antonio Bayona s’inspire de Peter Jackson pour le meilleur, tout comme les compositions de Bear McCreary, qui s’empare assez brillamment de l’indépassable modèle d’Howard Shore tel un disciple enamouré et respectueux.
On trouve même à cette proposition télévisuelle, au-delà de ses éblouissantes qualités techniques, une identité propre, à savoir une relecture plus humaine, malgré ses effarants moyens qui nous explosent aux yeux à chaque plan. Parce qu’il était compliqué de s’imaginer au milieu des affrontements d’armées dantesques, la cruauté et les détails monstrueux d’un orque où de la dangerosité du monde de J.R.R Tolkien pour de petites tribus de ce qu’on n’appelle alors pas encore des Hobbits, et d’une perpétuelle quête de survie de chaque jour où la moindre blessure peut être fatale. Tout cela fonctionne à merveille, jusqu’au troisième épisode, où la magie cède sa place à d’inévitables maladresses, d’auteurs n’ayant malheureusement pas su s’affranchir du poids de l’œuvre qu’ils adaptaient plus longtemps.
Les anneaux maudits
Ainsi, si l’on assiste pas là à une véritable dégringolade, Le Seigneur des Anneaux : Les Anneaux de Pouvoir commence à partir de son quatrième épisode à sérieusement faire du sur-place. Croulant sous le poids d’un nombre effarant de personnages bientôt sacrifiés parce que la série ne sait pas vraiment quoi en faire, et usant des mêmes facilités scénaristiques temporelles téléportant ses personnages au bon-vouloir du rythme déjà observées dans les pires saison de Game of Thrones, Númenor semblant ainsi être l’endroit où tout s’essouffle. L’amas de personnages, les tiraillements de chacun et les discussions politiques s’incarnent ainsi mollement dans les épisodes 4 et 5 où la conclusion donnera finalement tort en les rendant inutiles chacune de ses démonstrations plutôt laborieuses.
Parce qu’après ce gros ventre-mou, Le Seigneur des Anneaux : Les Anneaux de Pouvoir passe à la vitesse supérieure. Comme si ces deux longues pauses étaient censées préparer un sixième épisode où tout s’enchaîne à vive allure, la série pilotée par J. D. Payne et Patrick McKay, souffrant cependant toujours de facilités scénaristiques énormes, délaisse la féerie des premiers épisodes pour s’orienter vers ce qui fait sa véritable richesse. À savoir, des affrontements moins épiques mais plus humains pour tenter de contre-carrer la présence d’un mal invisible qui ronge une à une chaque communauté. Enfin réunies sous le même drapeau, et tentant tant bien que mal d’éradiquer un mal commun qui les dépasse, on trouve ainsi dans les yeux de Galadriel tout ce que l’on espère retrouver par la suite dans cette inégale proposition. À savoir juste le pouvoir d’observer de simples comportements humains en proie au doute et à la peur.
Le Seigneur des Anneaux : Les Anneaux de Pouvoir est disponible sur Prime Video.
Avis
Le Seigneur des Anneaux : Les Anneaux de Pouvoir, après deux épisodes féeriques renouant avec la magie des adaptations de Peter Jackson, devient malheureusement plus inégale. Souffrant d'un gros ventre mou où les scénaristes ne semblent plus parvenir à dissimuler le poids d'une telle œuvre oscillant entre maladresses et grosses trahisons. Heureusement, la série semble retomber sur ses pieds dans son approche plus humaine et plus modeste.