James Mangold, réalisateur connu pour Copland, 3h10 pour Yuma et le récent Logan, revient avec 20th Century Fox pour un film centré sur la lutte Ford v Ferrari (d’où le titre original anglophone) dans « Le Mans 66 ».
Basé sur l’histoire vraie d’une guerre d’égo, où le but sera de gagner les 24h du Mans 66 en construisant la voiture la plus rapide du monde, on se rend compte que le cœur du film n’est pas tant l’affrontement entre les 2 fameuses firmes que celle de 2 idéologies.
En effet, le film est avant tout centré sur le duo Carroll Shelby (ex-pilote qui révolutionnera la conception de la Ford GT) et Ken Miles (mécanicien qui vit pour la course automobile), 2 êtres fondamentalement opposés néanmoins liés par l’amour du circuit, de l’adrénaline et l’amitié qui en découlera.
Mangold met l’humain et la passion jusqu’au-boutiste de ces 2 hommes au premier plan (dès l’intro du film, où un Carroll à cran refuse d’arrêter de piloter malgré sa veste enflammée) en opposition aux cols blancs et pontes de la hiérarchie industrielle, mettant en avant cette dichotomie « macro-micro » de cet affrontement idéologique (telle une Guerre Froide entre 2 blocs).
L’adrénaline au service du récit
Le spectateur qui s’attend donc à un « film de course » (à l’instar de l’excellent Rush de Ron Howard) sera peut-être surpris de l’approche, via une première partie arrivant à très bien balancer les scènes de bureau, d’essai de prototypes à toute berzingue voire de séquences plus calmes avec la famille de Ken Miles (on pourra sans doute reprocher le manque de scènes signifiantes de Caitriona Balfe et Noah Jupe, pourtant très bons, mais peu vecteurs d’émotion ou de point de vue).
Pour ce qui est de la dernière ligne droite, le film ne lâche jamais le spectateur lors des 24h de Daytona et du Mans, véritables moments de bravoure où la caméra de James Mangold semble enfin exister et se dépasser, boostés par un montage des plus énergiques. Car oui c’est bien sur la piste des circuits que la mécanique bien huilée de Le Mans 66 s’emballe, sublimée par une bande-son à la rythmique plutôt rock’n’roll et pêchue de Marco Beltrami (Logan , Sans un Bruit). A noter un sound design immersif et rutilant ainsi qu’une photographie précise de Phedon Papamichael (Nebraska , Downsizing).
Shelby v Miles
Comment ne pas parler des 2 têtes d’affiche : Christian Bale, ayant perdu 30 kilos après Vice, y est excellent en tête brûlée fou du volant et au tempérament sanguin. Un rôle inédit pour un acteur qu’on ne présente plus, dont le jeu intense ou comique, et l’accent british volontairement accentué, sont un délice.
Matt Damon livre un beau contre-poids, en homme mesuré et passionné, principal narrateur des enjeux du film auquel on s’identifie d’entrée de jeu. En découle un duo principal avec une véritable complémentarité et une alchimie crédible.
En conclusion, si le film ne dévie jamais réellement de sa route, Le Mans 66 demeure un film engageant, rythmé, doté d’une énergie communicative qui ne peut qu’embarquer le spectateur (même un non converti au sport automobile) en plaçant l’Homme au premier plan.
Jamais trop didactique ou pontifiant, bénéficiant d’une reconstitution d’époque exemplaire (les stands du Mans semblent tout droit sorti du passé), d’une fabrication maîtrisée et d’un casting talentueux, James Mangold nous gratifie d’un nouveau pari réussi. Une cure de jouvence pour le Mans 66 !
CharleyD