Le Jeu de la dame est LA série qui fait l’unanimité en 2020 et on comprend pourquoi.
Adapté du roman éponyme de Walter Trevis, Le Jeu de la dame conte l’ascension au rang de maitre des échecs d’une jeune prodige orpheline. Avec cette mini-série, Netflix remet au gout du jour un jeu assez rarement mis en scène à l’écran et presque devenu ringard.
Comme dans toute bonne série ou film de sport (voir notre article dédié), il est aisé de se laisser captiver par toute compétition dépeinte à l’écran. Même si cela peut surprendre, les échecs n’échappent pas à la règle. Le Jeu de la dame a d’ailleurs provoqué un engouement mondial et boosté la vente des échiquiers. Grâce à la série, le jeu est passé d’ennuyeux à amusant et même à glamour pour tous les fans de la série (qui se comptent certainement en millions).
Rien de surprenant lorsque l’on découvre la fascinante mise en scène des différents jeux. Celle-ci offre, par exemple l’occasion de voir bouger au plafond des pièces géantes sur un échiquier fictif. Le but étant de retranscrire les différents scénarios de parties que visualise le personnage principal et mettre en exergue son génie. En ressort une esthétique incroyablement unique, renforcée par une réalisation variée, puisqu’aucune partie n’est abordée de la même manière.
Ainsi, la caméra de Scott Frank propose tantôt une approche profonde du jeu en se focalisant sur l’échiquier (laissant le temps aux connaisseurs d’analyser les coups) et tantôt une approche plus expéditrice, concentrée sur la réaction des personnages, et permettant de faire avancer énergiquement la narration. La scène la plus réussie pour nous se situe dans l’épisode 5, lorsque plusieurs split screen sont utilisés pour décrire l’avancée du tournoi.
Une mini-série qui coche les bonnes cases
Côté déroulement de l’histoire, Scott Franck opte pour une approche plus classique en ayant recours à une narration essentiellement chronologique. Et c’est certainement tant mieux car les seules variations utilisées (un flashforward et plusieurs flashbacks) n’apportent rien à l’intrigue et au contraire alourdissent le récit. Ainsi, si on aurait apprécié un peu plus d’imagination dans la construction de la série, on se contentera d’une approche conventionnelle qui fonctionne.
De fait, et malgré cette capacité à nous fasciner, Le Jeu de la dame se veut plutôt lisse et sans gros suspense. L’épisode final en est d’ailleurs le meilleur exemple : parfaitement orchestré sur la forme, personne ne sera surpris par le dénouement.
Certains seront peut-être aussi déçus de ne pas voir apparaitre plus à l’écran des acteurs tels que Harry Melling ou Thomas Brodie-Sangster. Le réalisateur délaisse en effet l’ensemble des protagonistes au profit de l’héroïne principale. Pour prendre une métaphore des échecs, les personnages secondaires ne sont que des pions, utilisés au besoin, qui gravitent autour de la reine.
Et quelle reine ! Anya Taylor-Joy crève l’écran et nous éblouit par sa prestation. Soutenue par un casting d’ensemble remarquable, la comédienne peut exprimer tout son talent et jouer de son grand regard pour envouter le moindre spectateur. On retrouve les mêmes qualités chez la jeune actrice, interprétant Beth Harmon enfant. A l’instar de son modèle adulte, Isla Johnston fait également sensation et assure la cohérence entre les deux générations. De quoi être saisis du premier au dernier épisode !
En résumé, Le Jeu de la dame (The Queen’s Gambit) possède des atouts incontestables qui la hissent au rang des très bonnes séries, sans pour autant être assez incroyable pour devenir la meilleure série de cette année 2020.