Lawrence d’Arabie est une formidable épopée théâtrale dans laquelle comédiens et musiciens nous transportent au cœur de la révolte arabe.
Lawrence d’Arabie nous ramène en pleine Première Guerre Mondiale. Passionné par la culture arabe dont il maîtrise la langue et les dialectes locaux, Thomas Edward Lawrence est enrôlé au sein des services de surveillance de l’armée britannique. Son rôle ? Partir dans le désert du Moyen-Orient pour convaincre les communautés arabes de s’unir afin de renverser le régime Ottoman, alors allié de l’Allemagne. Lawrence va gagner leur confiance jusqu’à être considéré comme l’un des leurs. Mais il ignore alors qu’il n’est qu’un pion sur un échiquier où le mensonge règne en maître…
Pour tout vous dire, nous étions très impatients de découvrir cette pièce après le succès qu’elle a remporté lors du dernier festival OFF d’Avignon. Car elle faisait partie de ces spectacles dont on entend des éloges dans les files d’attente, que l’on se conseille entre festivaliers… et que l’on finit par ne pas avoir le temps d’aller applaudir, à regret. Mais voilà qui est réparé ! Et on confirme : cette création d’Éric Bouvron est de toute beauté !
Un voyage captivant
Ce sont d’abord des notes aux sonorités orientales qui résonnent dans la pénombre. Puis, une voix au lyrisme littéralement envoûtant semble venir poser le décor. On l’écouterait pendant des heures. Dans cette atmosphère qui déjà nous transporte, huit comédiens s’emparent de la scène… et ne la quitteront plus. La révolte arabe va alors se préparer sous nos yeux.
Cette création – librement inspirée de la vie de Lawrence – est riche, intrigante et pleine de rebondissements. Il y est question d’Histoire bien sûr, mais aussi d’amitié, de loyauté, de trahison. Ainsi, on s’évade, on rit, on réfléchit, on apprend aussi. Bref, le théâtre dans toute sa splendeur. Si seulement nos cours d’histoire avaient pu ressembler à ça… !
Un bijou d’esthétisme
Mais ce sur quoi nous avons le plus envie de nous attarder c’est l’esthétique du spectacle. À commencer par la scénographie, épurée et ingénieuse, qui stimule notre imaginaire et porte une mise en scène rythmée, vivante et finement orchestrée. En effet, le mouvement est partout, dans le temps comme dans l’espace. Et ce sont de magnifiques tableaux qui se succèdent. On retiendra notamment cette traversée du désert sublimement chorégraphiée.
« Il y a ceux qui fouillent les ruines pour parler d’histoire, et il y a ceux qui la font. »
De jolis effets de ralenti s’invitent aussi de temps à autre, et plusieurs scènes se partagent parfois habilement le plateau sans que jamais la lecture ne soit confuse. Il faut aussi mentionner le travail sur les lumières, tout aussi réussi, qui contribue grandement à créer ces ambiances qui nous transportent tour à tour dans la campagne anglaise, au Caire, dans le désert, ou encore à Londres…
Une immersion totale
Et puis, il n’y a pas que nos yeux qui se régalent ! En effet, la musique tient une place importante et offre de très jolis moments de poésie. Ainsi, le violon de Raphaël Maillet, l’accordéon de Julien Gonzales et la voix lyrique de Cécilia Meltzer nous offrent çà-et-là des respirations musicales vibrantes. À d’autres moments, ce sont le violon et les percussions qui s’unissent pour intensifier la tension et donner le tempo.
Sans oublier les effets sonores – également réalisés par les deux musiciens présents en plateau – qui renforcent encore un peu plus le côté très immersif de l’ensemble. Si bien qu’il nous semble sentir le vent du désert, distinguer le train qui approche, percevoir le fourmillement des taxis londoniens… Même le chameau – remarquablement interprété par Ludovic Thievon dans une scène très drôle – est presque aussi vrai que nature !
Entre drame et comédie
Il faut dire que le casting est à la hauteur de l’ambition du spectacle. En effet, les huit comédiens interprètent sans faute et avec une belle énergie la soixantaine de personnages de l’histoire. Nous étions d’ailleurs ravis de retrouver Stefan Godin – l’une de nos révélations du OFF 2021 dans 65 miles – dont le charisme et la solidité du jeu sont encore ici au rendez-vous.
Kévin Garnichat est quant à lui parfait dans son rôle de Lawrence, et Slimane Kacioui nous régale avec son personnage de Dahoum, jeune algérien drôle, spontané et attachant. La complicité fraternelle qui unit ces deux-là est touchante et apporte fraîcheur et humour à cette formidable fresque historique dont on ressort ébloui.
Lawrence d’Arabie évoquait jusqu’à présent un film majeur du cinéma. C’est désormais aussi une création théâtrale grandiose.
Lawrence d’Arabie, d’Éric Bouvron & Benjamin Penamaria, mis en scène par Éric Bouvron, avec Kévin Garnichat, Alexandre Blazy, Matias Chebel, Stefan Godin, Slimane Kacioui, Yoann Parize, Julien Saada, Ludovic Thievon, composition et musique live de Julien Gonzales, Raphaël Maillet & Cécilia Meltzer, se joue jusqu’au 27 février 2022, du jeudi au samedi à 21 et les dimanches à 17h, au Théâtre Le 13e Art.
[UPDATE MARS 2022] Se joue du 03 Mars au 08 Mai 2022 au Théâtre du Gymnase Marie-BELL, du jeudi au samedi à 20h45 & et le samedi et dimanche à 16h30.
Puis en tournée en France et en Belgique.
Avis
- Exaltant !
2 commentaires
Merci Mélina d’être venue, d’avoir aimé et de le faire savoir d’aussi belle manière! Merci pour nous, pour le théâtre et je l’espère donc pour les spectateurs. Stefan
Merci beaucoup Stefan pour ces mots. Et encore bravo pour ce moment d’évasion si précieux et inspirant, auquel je souhaite tout le succès qu’il mérite ! Au plaisir de vous applaudir à nouveau dans d’autres créations.