Avant Shang-chi pour Marvel, et après States of Grace et The Glass Castle, Destin Daniel Cretton revient avec un nouveau film pour la Warner. La Voie de la Justice est un drame pénal basé sur des faits réels. Ce qui en est une force mais également une faiblesse.
La Voie de la Justice (Just Mercy en VO) nous conte donc l’histoire réelle du combat de Bryan Stevenson, jeune avocat idéaliste voulant se battre pour des causes justes. Il tombera donc sur le cas de Walter McMillian, patriarche afro-américain condamné à mort pour des meurtres qu’il n’a pas commis. L’histoire a évidemment un côté « déjà vu » , où l’objectif est de disculper un détenu inculpé à tort, de part sa couleur de peau.
Oui, après des œuvres comme When They See Us, The Hurricane, The 13th voire même La Ligne Verte, on a souvent l’impression de voir un film qui arrive sur le tard. Néanmoins, La Voie de la Justice bénéficie d’une rigueur dans son récit basé sur des vrais véridiques, ainsi que d’acteurs convaincants.
Au centre, Michael B. Jordan (Creed, Black Panther) en Bryan Stevenson, samaritain humaniste et en quête de justice. On avait pas vu l’acteur dans une performance aussi sobre depuis Fruitvale Station, et voir un personnage aussi passionné et déterminé emporte facilement l’adhésion ! Jamie Foxx quant à lui incarne Walter McMillian, condamné à la peine capitale sur de fausses accusations. Il est le réel cœur émotionnel du film, et livre sa meilleure prestation depuis Ray (ni plus ni moins).
Le reste du casting est bon, en particulier Rob Morgan (Daredevil), Rafe Spall (Jurassic World Fallen Kingdom) ou bien Tim Blake Nelson (Watchmen). On regrettera cependant une Brie Larson (qui retrouve pour la 3e fois le réalisateur) au personnage très effacé, bien que soutenant mais peu proactive.
Humaniste mais aussi programmatique
La Voie de la Justice intéresse le spectateur d’entrée de jeu, plongé dans un Alabama pas si lointain (le film se déroule au début des 90’s). On découvre que oui le système carcéral se faisait à la tête du client, avec des peines distribuées à tout va, sans possibilités de réviser un jugement. Un cercle vicieux où l’absence de compassion et de justice crée une plus grande fracture sociale.
On sait évidemment comment le film finira et quels personnages archétypaux on verra. La Voie de la Justice dévie donc rarement de sa feuille de route pré-établie, notamment dans sa seconde partie. C’est bien dommage, car Destin Daniel Cretton met du cœur à l’ouvrage et croit en ce qu’il raconte, au même titre que ses acteurs. Un vrai plaisir de voir tout ce beau monde aussi professionnel.
En résulte un film qui sous une démarche assez attendue, arrive à régulièrement nous intéresser, de par l’implication des acteurs, une réalisation carrée s’intéressant toujours aux personnages, et une vraie conviction dans les idéaux véhiculés ! Car oui, La Voie de la Justice nous intime à l’empathie, et a ce petit quelque chose qui touche notre humanité pour impliquer le spectateur.
Il est également dommage de ne pas avoir voulu multiplier les points de vue, ce qui aurait permis d’avoir une seconde partie moins programmatique. Destin Daniel Cretton signe néanmoins un film sincère qui touchera réellement à intervalles réguliers jusqu’à un final salvateur. Un bon film donc, à défaut d’être fondamentalement singulier.