Avec La vie pour de vrai, Dany Boon semble amorcer un nouveau départ, plus tendre et surtout plus sincère.
La vie pour de vrai est le huitième long-métrage de Dany Boon, et surtout celui du nouveau départ. Parce que si jadis l’acteur paradait en tête du box-office, emmenant avec lui un million de spectateurs à chaque projet (d’Eyjafjallajökull à Radin!), l’échec critique et public du Dindon en 2019 (un peu moins de 250 000 entrées pour près de 13 millions d’euros de budget) semblait sonner une sorte de désintérêt du public, sentiment confirmé par le flop retentissant de Le Lion (moins de 500 000 spectateurs pour 14 millions d’euros investis), puis de son horrible 8 rue de l’humanité sorti directement sur Netflix, suivi du récent Une belle course, où l’acteur repartageait pourtant l’affiche avec Line Renaud. Une suite de projets ratés et d’échecs qui devaient forcément amener Dany Boon à une nécessaire remise en question.
Avec le bien nommé La vie pour de vrai, Dany Boon semble ainsi revenir à une recette plus simple, plus modeste et surtout plus sûre : loin des Ch’tis, outre le retour de Kad Merad, à l’affiche de ses plus gros succès, l’arrivée de Charlotte Gainsbourg, qui semble en ce moment délaisser le cinéma d’auteur pour la comédie (on la retrouvera à l’affiche du film de Florent Bernard prochainement) confirment ainsi cette idée d’un nouveau départ. Délaissant les personnages toqués (et plutôt insupportables),et après un passage réussi chez François Ozon, l’acteur reprend le rôle du Candide, dans la peau de Tridan Lagache, G.O ayant passé sa vie au Club Med et désirant, à 50 ans, retrouver son amour d’enfance. Mais Louis (Kad Merad), son demi-frère, souhaitant se débarrasser rapidement de lui, décide de faire passer l’une de ses conquêtes, Roxane (Charlotte Gainsourg), pour l’amour d’enfance de Tridan…
Retour en enfance
La vie pour de vrai commence assez mal. Outre le fait de retrouver les blagues peu inspirées d’un touriste découvrant les joies de la vie à la Capitale, (haha, la douane et le métro) déjà très mal amenées dans des bandes annonces assez lourdingues, Dany Boon semble ainsi tout d’abord aussi perdu que son personnage. La description d’une enfance au Club Med, du personnage campé par Kad Merad, comme l’introduction de celui de la formidable Charlotte Gainsbourg sonnent aussi assez faux, comme du regard d’un acteur-scénariste qui s’avère à la fois aussi peu inspiré par son sujet que quelque peu déconnecté de son époque, surtout lorsqu’il s’agit de parler d’applications de rencontres et de sexualité libérée. Mais voilà, La vie pour de vrai, une fois son équilibre trouvé, s’avère être assez attachant : mieux, Dany Boon semble, non sans de lourds défauts, signer son projet le plus sincère et surtout le plus abouti.
Délesté de ses personnages les plus insupportables et arrêtant de se rêver en héritier d’un certain Louis de Funès, Dany Boon se reconnecte ici à ses vraies références comiques, celles qui lui ont permis de remplir ses premières salles et de toucher un très large public du temps de ses débuts sur scène. Charlie Chaplin est ainsi évoqué ça et là, et sans en rajouter, le corps de l’acteur épouse à merveille celui de ce personnage à la fois maladroit et candide, dont l’innocence irradiera tout un projet, alliée à celle d’une Charlotte Gainsbourg lumineuse, qui a ici réellement l’air de s’amuser. Si l’on se souvient avec bonheur de l’actrice dans le lointain mais déjà réussi Prête-moi ta main, où son duo avec Alain Chabat et ses premiers pas en comédie fonctionnaient à merveille, cette dernière réitère ici l’exploit, ajoutant une véritable lumière et une authenticité à un auteur et un dispositif qui en avaient cruellement besoin.
Le bon Boon
La vie pour de vrai remplit ainsi parfaitement son contrat. Loin de la lourdeur de Raid Dingue et des excès de Supercondriaque, Dany Boon semble ici revenir à l’essentiel. Le principe de quiproquo amoureux et de mensonges, directement hérité du théâtre de boulevard, ne sert ainsi que de prétexte pour délivrer une vraie belle comédie sur la tendresse, avec en prime de très beaux jeux d’acteurs. Si le couple Dany Boon-Charlotte Gainsbourg fonctionne à merveille, Kad Merad vole ainsi les répliques les plus hilarantes dans la peau d’un oiseau de malheur aussi désabusé que vraiment très drôle, semblant endosser à lui seul tous les reproches que l’on pouvait (très justement) émettre à propos de tous les personnages des précédents longs-métrages campés par Dany Boon, (trop misogynes, trop beaufs, trop sexistes) ici judicieusement tournés en ridicule. Si la mise en scène de l’acteur n’atteint jamais des sommets, la simplicité de son dispositif permet cependant à La vie pour de vrai de sonner juste, même lors d’une scène d’accidents successifs très réussie.
Ainsi, même s’il s’avère non exempt de gros défauts cités plus haut, La vie pour de vrai s’avère être la première vraie belle réussite de Dany Boon et marque le retour plus modeste d’un auteur qui en avait cruellement besoin. Comédie radieuse et lumineuse à la joie communicative et plaisir de jeu et d’acteurs, d’un humour qui délaisse volontiers la lourdeur et la carricature perpétuelle pour une sincérité bienvenue, La vie pour de vrai remplit ainsi parfaitement son contrat et peut attester de la belle santé de notre cinéma actuel, qui en plus d’aligner les belles réussites, prouve qu’il ne suffit pas, surtout pour Pathé (dont Jérôme Seydoux produit également le film), de budgets pharaoniques (La vie pour de vrai a tout de même coûté 28,7 millions d’euros) et de castings pléthoriques pour s’assurer de la réussite d’un projet, et surtout que la sincérité ne devrait pas coûter aussi cher. Pour de vrai.
La vie pour de vrai sortira le 19 avril 2023.
Avis
La vie pour de vrai s'avère être une jolie réussite, et un retour salutaire vers la modestie pour un acteur qui en avait cruellement besoin. Dany Boon signe ainsi, en plus de son film le plus réussi, une comédie attachante porté par un trio d'acteurs formidable, qui sans aucune surenchère et avec beaucoup de sincérité, s'avère être le plaisir qu'il se devait d'être, pour de vrai.