La Réparation est le tout nouveau film de Régis Wargnier (Indochine, Une femme française), toujours orienté vers un cinéma convoquant l’Orient et l’Occident !
Régis Wargnier ne parlera peut-être pas beaucoup aux cinéphages d’aujourd’hui, pourtant ce cinéaste français aura eu son moment de gloire dans les 90’s, notamment via le carton d’Indochine (Oscar du meilleur film étranger en 1993 et César de la meilleure actrice pour Catherine Deneuve) ou des films comme Une femme française (portée par Emmanuelle Béart au summum de sa gloire) et Est-Ouest.
Loin de l’Indochine
Une sensibilité qui illustrait notamment une porosité entre Orient et Occident, et comment les extrêmes peuvent cohabiter malgré le contraste. La Réparation a beau être le premier film de Régis Wargnier en 11 ans, celui-ci conserve ce mantra en se déroulant entre la Bretagne et Taïwan !

Quelques heures avant de se voir attribué une troisième étoile, le chef mondialement connu Paskal Jankovski (Clovis Cornillac) disparaît sans laisser de trace, au même titre que son second Antoine (Julien de Saint-Jean). Des circonstances plus qu’étranges, tandis que plus tôt on découvrait le désir de Jankovski de transmettre tout son héritage à sa fille Clara (Julia de Nunez), alors qu’elle prévoit de tout quitter pour profiter de son amour au grand jour avec Antoine.
Les médias s’emparent ainsi de cette disparition sans réponse, et La Réparation nous transporte ensuite via un bond de deux ans dans le futur. Clara voyage incognito jusqu’à un sommet culinaire en Asie sur invitation, au même endroit où certaines spécialités gustatives développées par son père se retrouvent mises au goût du jour. Une manière d’enfin découvrir la vérité ?
Mélange de genres qui manque d’atomes crochus
La Réparation s’affiche ainsi comme un mélange de genres, jonglant entre drame familial puis thriller, le tout enveloppé d’une dimension carte postale inhérente au film de voyage. Et dès son introduction floutant l’espace-temps de manière onirique, Régis Wargnier s’articule comme un bon esthète, donnant une dimension romanesque à ses récits.

La photographie est léchée, et offre un par instants réguliers des photogrammes pittoresques à la scénographie flattant l’œil (chose dont on ne semble plus vraiment habitué au sein du paysage cinématographique français !). Le drame familial englobant toute la dramaturgie de La Réparation s’installe peu à peu avec une réelle efficacité, que l’on doit également à un trio d’acteurs convaincant (Julien de Saint-Jean et Clovis Cornillac en tête, comme si on rejouait la partition de The Bear à la sauce au beurre salé).
Le poids de l’héritage, un discours sur le fruit du labeur en tant qu’immigré, un ardent amour dissimulé… la tragédie Shakespearienne semble presque un chemin tracé avant que le scénario enclenche un suspense malheureusement plus vaporeux que tenu ! Dès lors que le film fait ses valises pour l’Asie, la trame se met en pilotage automatique, et tout spectateur ronflera sans nul doute devant une structure creusée de sentiers aussi battus.
Dramaturgie par dessus la jambe
Un suspense qui dessert un tantinet la dimension émotionnelle voulue de La Réparation, notamment dans un flash-black explicatif et dispensable digne d’une telenovela ! Un arrière goût amer derrière la friandise affichée donc ! Pourtant, le visionnage de ce nouveau métrage de Régis Wargnier équilibre régulièrement ses faiblesses par la maîtrise formelle indéniable de son auteur, et l’alchimie initiale équivoque entre les divers ingrédients de sa recette !

Une recette déjà admirablement maîtrisée par le récent La Passion de Dodin bouffant, où passion, arts culinaires et deuil contrarié se rencontrent de manière symbiotique comme pure expression des sentiments humains. La représentation du continent asiatique par Régis Wargnier a beau être une bouffée d’air frais, difficile de voir en cette La Réparation une formule parfaitement digérée en terme d’intentions ! Beau, mais ronflant !
La Réparation sortira au cinéma le 16 avril 2025
avis
Malgré une maîtrise formelle indéniable de son réalisateur, difficile de voir en La Réparation autre chose qu'un drame attendu à la dimension émotionnelle parfumée à la naphtaline. Le casting est impliqué et Régis Wargnier n'a rien perdu de ses facultés à entrecroiser Orient et Occident avec une certaine grâce esthétique, mais le résultat demeure au mieux anecdotique, au pire ronflant !