La Nuit d’Orion (Orion and the Dark en VO) est le tout nouveau long-métrage d’animation des studios Dreamworks, débarquant directement sur Netflix. Une aventure pour petits et grands qui n’est pas sans défaut, mais qui se veut à la fois touchante et inspirante via un scénario malin signé Charlie Kaufman (Adaptation, Eternal Sunshine of the Spotless Mind).
C’est un triste constat, mais à l’instar d’Aardman, le nouveau Dreamworks Animation sort directement sur Netflix sans passer par la case cinéma. La Nuit d’Orion n’est pourtant pas la première collaboration du studio avec la célèbre plate-forme de streaming, étant donné qu’on a déjà eu des spin-offs en série de Kung Fu Panda et Dragons, ou encore la série sous-cotée Trollhunters produite par Guillermo Del Toro.
Kaufman chez Dreamworks
La Nuit d’Orion n’a néanmoins rien d’anecdotique sur le papier, étant donné qu’on tient là un film écrit par Charlie Kaufman, responsable du scénario de Dans la peau de John Malkovitch, Adaptation, Confessions d’un homme dangereux, Eternal Sunshine of the Spotless Mind, Anomalisa ou bien Je veux juste en finir. Bref, un scénariste adepte des crises identitaires, de surréalisme, et de la recherche du sens de la vie d’un point de vue métaphysique. Des thématiques que l’on retrouve d’ailleurs dans La Nuit d’Orion !
Le film nous introduit au personnage d’Orion, un enfant mal dans sa peau et anxieux chronique. Ce dernier a en effet peur de tout et de rien, mais plus particulièrement de l’obscurité ! Tentant de sécher une excursion scolaire et éviter son crush amoureux, Orion va faire la rencontre de Noir, entité personnifiée de l’obscurité.
Ce sera ainsi le début de 24h d’aventure, alors que Noir présente Orion aux autres Entités nocturnes, le jeune garçon devra faire un voyage pour enfin accepter l’inconnu et laisser la joie de vivre inonder dans sa vie. Bref, un voyage fantastique qui a surtout des allures de voyage initiatique et théorique personnel, à défaut de proposer une aventure visuellement au niveau.
Métaphysique crayonnée
Bien sûr, La Nuit d’Orion n’a absolument rien d’honteux, et son style visuel plutôt original séduit lors de l’introduction, tandis qu’Orion brise le 4e mur pour se présenter. On est pas dans le A Level du studio en terme d’animation 3D, mais les français de Mikros Image contrecarrent une direction artistique simple par quelques idées comme les irruptions imaginaires du personnage par tracés crayonnés (on pense un peu aux Ninja Turtles Teenage Years).
Une légère singularité qui sera néanmoins abandonnée par la suite, dès lors que le petit héros s’engage dans un voyage céleste en compagnie des Entités personnifiant la nuit : Noir, Quiétude, Drôles de Bruit, Insomnie, Sommeil et Douce Rêverie. Finalement, on pense là aussi à Vice-Versa devant cette troupe hétéroclite pourvoyeuse d’un humour de situation souvent bien senti (Sommeil qui assomme ou se de chloroforme pour arriver à ses fins).
Le ton est globalement bon enfant et un peu trop schématique dans son déroulé, avant que survienne le personnage de la Lumière, et que La Nuit d’Orion verse vers le drame existentiel étonnamment accessible. Une dimension surprenante (pas tant que ça quand on connaît le scénariste) qui permet d’élever le récit de base, alors que nos personnages s’interrogent sur leur légitimité et la nature même de leur existence.
La Vie d’Orion
Si la mise en scène globale de Sean Charmatz méritait sans nul doute une inventivité visuelle à la hauteur des thématiques abordées, La Nuit d’Orion arrive à combler cela ensuite par une utilisation de l’onirisme se mariant à merveille avec le caractère presque métatextuel de la narration. Dès lors, un petit twist lié au conteur même de l’histoire parviendra à amener le récit vers des sentiers plus incarnés qu’au préalable, jusqu’à un final transgénérationnel intimant l’importance d’accepter ses peurs pour mieux les affronter.
Bref, La Nuit d’Orion s’apparente avant tout comme un petit film à la fabrication propre, mais sans le génie nécessaire pour l’élever vers de plus amples cimes. Néanmoins, aidé d’un scénario inspiré, on tient là une sympathique aventure pour petits et grands, aidé d’un chouette casting vocal (dont Paul Walter Hauser, Jacob Tremblay ou bien Angela Bassett), à défaut d’être transcendant !
La Nuit d’Orion sortira sur Netflix le 2 février 2024
avis
La Nuit d'Orion n'a rien d'un grand Dreamworks, mais derrière une mise en scène assez avare en folie visuelle, le scénario tendre et inspirant de Charlie Kaufman parvient à amener les thématiques existentielles et métaphysiques du récit vers une émotion transgénérationnelle tout à fait efficace. Sympathique donc !