Le Seigneur des Anneaux – La Guerre des Rohirrim propose de raconter l’histoire du gouffre de Helm, 200 ans avant que Bilbon ne trouve l’anneau.
Après 2 trilogies et 1 série, voici un nouveau film d’animation dans l’univers de Tolkien, et réalisé par Kenji Kamiyama. On lui doit entre autres plusieurs films Ghost in the Shell et la série Blade Runner : Black Lotus. Et la Guerre des Rohirrim est au niveau de ce qu’il a signé jusqu’ici.
L’ouverture est en grandes pompes : la musique du Seigneur des Anneaux résonne, la voix d’Eowyn nous raconte alors l’histoire de Hera, fille du roi Helm, et de la façon dont une guerre s’est déroulée dans une plaine qui deviendra plus tard le gouffre de Helm. Des cartes en aquarelles s’animent pour devenir photo réalistes, et nous voilà transportés dans les paysages magnifiques de la Terre du Milieu. L’esthétique nordique des bâtiments n’est pas sans rappeler Skyrim, pour les gamers dans la salle, les détails des décors et des habits font plaisir aux yeux.
Techniquement on n’est pas perdu, c’est de l’animation japonaise comme on connait… hélas, classique et où tout est très convenu dès l’apparition des premiers personnages. Ce n’est pas vilain, juste en dessous de ce qu’on peut attendre de l’animation en 2024 pour une sortie en salle. C’est une première déception, surtout à un moment où l’animation montre de nouvelles directions artistiques audacieuses et maitrisées. Sans parler d’Arcane (cocorico !) d’un Flow ou d’un Robot Sauvage qui sont bien au dessus. A titre de comparaison, le film d’animation The Witcher était techniquement mieux.
Une écriture lourde comme un Balrog
L’écriture dans Le Seigneur des Anneaux – La Guerre des Rohirrim est au même niveau, en dessous. Vous avez vu Le Seigneur des Anneaux: Les Deux Tours ? Alors vous savez déjà tout. Une guerre pour le trône, un type banni qui réclame vengeance, un cousin écarté vennant à la dernière minute sauver la situation, un personnage qui tient le pont contre l’assaillant, tout y est. On a même un méchant tout pété avide de vengeance et de destruction gratuite, sourd aux bons conseils son lieutenant. Et on sait bien comment tout ça finit. Même The Batman a compris que la vengeance n’était plus valable – alors que c’est sa raison d’être. Et évidemment l’héroïne, tellement plus intelligente que les grands stratèges de guerre, vient régulièrement sauver les miches de tout le monde par la magie du scénario.
Peu de références sont faites à l’univers de Tolkien, si ce n’est le nom du lieu, et 2 noms lâchés à la fin du film. Ce sont les seuls liens, car l’histoire pourrait se raconter dans n’importe quel univers de low fantasy (univers fantasy où il n’y a pas de dragon ou créature fantastique à chaque coin de rue). Ce récit est donc creux, avec des longueurs, des clichés et des ficelles trop connues.
Un spin off aussi enterré que le trésor de Smaug
L’exercice du spin off est devenu un grand classique des franchises. Mais n’est pas Star Wars qui veut (et même Star Wars nous a montré des ratés). Les sorties en face dans le calendrier inquiètent, et c’est visible dans l’exercice promotionnel avec une stratégie Kraven, c’est à dire mettre à disposition sur les réseaux sociaux les 8 premières minutes du film.
L’idée est de rassurer, convaincre les indécis. Mais hélas Le Seigneur des Anneaux – La Guerre des Rohirrim est un film qui ne saurait exister de lui-même sans sa franchise parente, et c’est très dommage.
Récemment on a pu voir The Penguin, spin off de The Batman, qui réussi avec une approche similaire de sa licence parente ; taire volontairement les références tout du long, et balancer 2 noms dans les ultimes minutes pour faire le lien. Mais la série The Penguin pourrait exister seule, c’est là toute la différence. Dans La Guerre des Rohirrim, on s’appuie sur le succès des 2 trilogies sans rien offrir de plus, ni dans l’écriture, ni dans l’esthétique. Ah si, il y a deux nouvelles créatures très intéressantes du lore, c’est toujours plus que dans Les Animaux Fantastiques 3.
La Guerre des Rohirrim nous livre une histoire déjà racontée avec d’autres personnages, propose une esthétique déjà vue, montre une réalisation saccadée presque dépassée. Dans une semaine, tout sera oublié. Après l’accueil mitigé de la saison 2 des Anneaux de Pouvoir, ce film confirme qu’on entre dans le ventre mou de ce qu’il y a à raconter en Terre du Milieu. D’autant plus que 2 films sur Gollum sont en préparation, et on se demande vraiment si c’est bien nécessaire.
Le Seigneur des Anneaux– La Guerre des Rohirrim, sortie en salle le 11 décembre
Avis
A réserver aux fans qui sauront apprécier les références, mais La Guerre des Rohirrim s'enlise dans l'univers de Tolkien, comme Disney l'a fait avec Boba Fett, en essayant de créer quelque chose à partir d’une histoire déjà peu intéressante au départ.