Judy est sorti en France peu de temps avant le premier confinement. Si on n’avait pas eu l’opportunité d’aller le voir au cinéma, on s’est enfin rattrapés.
Depuis des années, Renée Zellweger n’avait plus la reconnaissance méritée. Grâce à Judy, elle a pu à nouveau montrer au public tout son talent. L’occasion pour elle de remporter pas moins de quatre récompenses (notamment l’Oscar et le Golden Globe de la meilleure actrice).
Et pour cause, l’actrice occupe une place spéciale dans le long-métrage, car le film ne serait absolument pas le même sans sa propension à briller et à nous émerveiller. Complètement habitée par le personnage qu’elle incarne, la comédienne nous offre sa prestation la plus bluffante de toute sa filmographie. Un succès qu’elle doit certainement à sa longue préparation gestuelle et vocale, mais également aux similitudes de carrière avec Judy Garland.
Tout comme l’actrice du Magicien d’Oz, Renée Zellweger a connu le succès avant de subir une mauvaise passe. C’est cette expérience que l’on imagine vibrer dans son interprétation de Judy; en particulier quand celle-ci remonte sur scène pour tirer en beauté sa révérence. On espère cependant que l’actrice de Bridget Jones n’en a pas fini avec le cinéma et reviendra encore nous époustoufler par des apparitions chantées à en donner des frissons.
On ne nait pas star, on le devient.
Pour son deuxième film au cinéma, Rupert Goold frappe très fort avec son biopic musical. Loin de proposer un long récit chronologique de toute la vie de Judy Garland, le réalisateur se concentre sur les derniers moments de sa vie et offre une justification de sa déchéance par le biais de flashbacks.
Astucieusement, les flashbacks ont été tournés dans des décors cherchant à reproduire les studios de la MGM (avec lesquels l’actrice et chanteuse était sous contrat). Les décors volontairement très artificiels dénoncent la mise en scène de l’image de la jeune fille pour en faire une véritable star.
Judy Garland a à la fois été façonnée et brisée par le système hollywoodien. C’est le message que veut faire passer Rupert Goold en choisissant de laisser un vide de plusieurs dizaines d’années entre la Judy enfant/ado et la Judy adulte.
A défaut de nous offrir un biopic très détaillé, le réalisateur propose une version tirant sur le drama. De quoi tenir efficacement le spectateur en haleine, qui se demande à chacune des représentations de la sulfureuse et abimée Judy ce qu’il va bien pouvoir se passer.