Incroyable mais vrai est un nouveau film d’un Quentin Dupieux toujours aussi prolifique. L’auteur derrière Rubber, Au Poste!, Le Daim ou Mandibules revient avec une nouvelle comédie absurde d’1h15. Si le casting d’Alain Chabat, Léa Drucker, Benoît Magimel et Anaïs Demoustier suffit à convaincre, la satire dépeinte en filigrane terminent d’en faire une vraie réussite !
Quentin Dupieux est un réalisateur assez fascinant dans le paysage cinématographique français. De Steak à Wrong Cops en passant par Rubber, le musicien devenu cinéaste signait des métrages prenant des allures de délires entre potes et complètement opposés aux carcans de la comédie française. Désormais, le bougre nous emmène film après film dans son univers absurde bien à lui, via une esthétique toujours épurée et estivale, laissant par instants l’angoisse et le WTF faire irruption (comme c’est le cas avec Incroyable mais vrai).
Avec Réalité, Dupieux signait un film encore plus surprenant, en plus de pleinement affirmer un style allié à une écriture de dialogue toujours bien tenue. Après Mandibules et avant Fumer fait Tousser, Incroyable mais vrai comporte là encore tous les ingrédients d’un film de Mr Oizo : casting de talent, ambiance décomplexée, écriture savoureuse, durée confort d’1h14 et absurde à tire-larigot. Mais mieux : le film bénéficie d’un fond satirique pertinent !
Une histoire de couple et de trou
Incroyable mais vrai débute via un montage alterné pour nous présenter Alain (Alain Chabat) et Marie (Léa Drucker). Ce couple désireux d’un nouvel habitat vont faire la visite d’une maison en apparence banale, jusqu’à ce qu’ils tombent sur une curieuse trappe au sous-sol. Cette dernière cache en réalité un tunnel qui va bouleverser leur existence. Mais à quoi donc sert ce tunnel et quels sont ses effets ? Si le film dévoile relativement tôt ces réponses, le découverte reste une composante essentielle (il sera donc assez difficile d’aborder le film en profondeur) et plutôt ludique.
Via un point d’accroche absurde, et même potache avec un couple haut en couleurs formé par Gérard (Benoît Magimel) et Jeanne (Anaïs Demoustier), le film ose la rupture de ton pour quelque chose de plus sérieux et dramatique, afin de toucher du doigt des thématiques à la fois universelles et contemporaines : la vieillesse, le capitalisme, le rapport à l’autre ou encore la représentation de la masculinité et de la féminité.
Linéaire et rationnel…mais du Dupieux !
Ainsi, c’est avec un certain brio que ce nouveau film de Quentin Dupieux transpire sa patte, tout en exerçant une certaine rupture avec ces précédents : pas de saillie burlesque ou inattendue, pas de rupture du 4e mur ou de personnages frappadingues. Curieusement, le contexte est rationnel, tout en confrontant le caractère décalé de ces personnages. Alain Chabat campe par ailleurs un protagoniste relativement classique et monolithique compte tenu du pedigree de l’acteur, mais représente l’ancrage du spectateur.
Léa Drucker (Jusqu’à la garde) est à contre-courant dans un rôle à la dimension tragi-comique centrale vis-à-vis des thématiques d’Incroyable mais vrai, tout en étant un parfait contre-pied au personnage d’Alain. Et si Anaïs Demoustier (de nouveau victime d’expérimentations capillaires après Au Poste ! et Fumer fait tousser) est encore une fois savoureuse et un atout de charme, c’est bien Benoît Magimel (Pacifiction) qui vole la vedette. Campant un PDG beauf et porteur d’un phallus électronique de technologie japonaise (oui!), ce dernier est complètement hilarant via des dialogues rapportant sans cesse le personnage vers sa quête de virilité. Bref, un casting 4 étoiles donnant du corps et une âme à un script déjà bien pensé !
Incroyable mais vrai et réussi
Après un Mandibules qui lorgnait vers la roue libre, et avant Fumer fait tousser à la structure plus éclatée, Incroyable mais vrai fait office d’une proposition de réelle tenue de la part de Quentin Dupieux ! Très drôle sans en faire des tonnes et jouissant d’un rythme de croisière plus que confortable, la simple limite est la même que pour d’autres films de cette durée : on aurait aimé que Dupieux aille encore plus loin dans l’exploitation de son concept !
Néanmoins, aucun bout de gras et grand sentiment de trop peu ne subsiste alors que le réalisateur cerne immédiatement le cœur de son propos avec une vraie efficacité autant qu’une singularité redoutable. Plus dramatique que comique (voire même misanthrope), et se permettant même un hommage à Buñuel et Dalì via l’utilisation très picturale de fourmis, Incroyable mais vrai se révèle être une nouvelle réussite d’un réalisateur ne reniant jamais son propre style.
Incroyable mais vrai sortira au cinéma le 15 juin 2022
avis
Avec Incroyable mais vrai, Quentin Dupieux trouve un bel équilibre entre drame et comédie dans une sature pertinente autant qu'un délire à l'absurdité hilarante. Si on ajoute à cela un casting de talent et des dialogues savoureux, on tient donc une nouvelle belle réussite d'un réalisateur toujours aussi singulier !