Présenté au Festival de Cannes en Hors Compétition, le Chapitre 1 de Horizon, le grand projet western de Kevin Costner ! Plus de 20 ans après son dernier film en tant que réalisateur, l’acteur revient devant et derrière la caméra pour une odyssée western en 4 parties de 3h.
Horizon revient de loin ! En effet, même si Kevin Costner avait tout gagné dès sa première réalisation (Danse avec les Loups), la suite de sa carrière en tant que réalisateur semble moins notable. Après l’immense échec du pourtant sympathique Postman, et la belle réception du sous-coté Open Range, Costner pensait déjà à ce western épique s’étalent sur plus de 15 ans.
20 après son dernier film, Horizon – Une Saga Américaine a ses 2 premiers chapitres prévus pour 2024 (tandis que le 3 est en tournage) avec un postulat simple : revisiter la Conquête de l’Ouest avant et après la Guerre de Sécession, le tout en 4 long-métrages de 3h chacun. Un projet où à l’instar du triste Megalopolis de Coppola, Costner aura mis la main à son propre porte-feuilles pour espérer que cette superproduction voit le jour.
Ce Chapitre 1 de Horizon nous présente donc un large trombinoscope de personnages, avec comme fil rouge commun l’objectif d’une vie meilleure dans l’Ouest américain. Un but matérialisé par l’affiche d' »Horizon », une communauté vendue comme la terre promise pour chaque colon et autre immigré européen en quête d’un futur prospère et fructueux.
Démarrage à la John Ford
Ce chapitre 1 parvient d’ailleurs efficacement à traiter cette fameuse ville d’Arizona, alors qu’une famille fraîchement installée voit sa vie détruite par une attaque d’Amérindiens. Très certainement le vrai morceau de bravoure du film (alors qu’il survient dans les 30 premières minutes !), tandis que Costner parvient efficacement à poser chaque personnage.
On pense notamment à un court instant entre Frances Kittridge (Sienna Miller) et son fils Nate (joué par Hayes, le fils de Kevin Costner), alors que ce dernier refuse une danse dans une ambiance festive, avant que le drame survienne. Un assaut de près de 20 minutes alors que Costner convoque (sans grande surprise) le cinéma classique de John Ford, avec une efficacité bienvenue.
Mais c’est à partir de cet instant que la vraie problématique d’Horizon se fera sentir, alors que la narration éclatée du métrage semble plus à voir avec un format de série télévisée plutôt qu’une fresque de cinéma. Un détail qui pourrait ne pas être bien dérangeant une fois les 4 films complétés, mais qui en l’état se révèle complètement handicapant en terme d’arcs narratifs de personnages.
Trombinoscope (trop) large
En effet, passée sa bonne note d’intention avec la famille Kittridge, Horizon Chapitre 1 passera son temps à nous balader de groupuscules en persos sans réelle cohérence à part une volonté de dresser un récit ample. Problème : même à ce niveau, les 3h semblent parfois réduites à une saison 1 ultra-condensée n’offrant aucune progression graduelle.
Alors que la Cavalerie américaine entre en jeu, les diverses histoires se succèdent sans interconnection : une prostituée (Marigold, jouée par Abbey Lee) recueille un nourrisson initialement protégé par Ellen (Jena Malone), elle-même fuyant un duo de bandits (Jamie Campbell Bower et Jon Beavers) après qu’ils aient liquidé son mari.
Il s’avère que d’autres personnes seront après ce nourrisson, alors que l’énigmatique Hayes (Kevin Costner dans un rôle de vagabond as de la gâchette typique du western) s’attachera à la fameuse Marigold. Mais à cela il faudra ajouter des allées et venues auprès d’une communauté itinérante au sein du Montana (avec à leur tête Luke Wilson) qui nous est rapidement présentée, mais sans réel enjeu dramatique.
Conquête à l’Ouest
Enfin, Horizon Chapitre 1 tentera de nous montrer ce qui se passe non seulement auprès des Apaches responsables de l’attaque initiale (belles scènes nous montrant les dilemmes moraux consubstantiels à l’invasion de leurs terres, même si encore trop sous-exploitées), et au sein de l’Armée américaine alors qu’une romance naissante se dévoile entre Frances Kittridge et le lieutenant Trent Gephart (Sam Worthington). Même en 3h, le récit semble avoir les yeux plus gros que le ventre, survolant les relations pourtant centrales de son œuvre avare en action (toute la progression se faisant via les dialogues).
On se demande donc pourquoi Costner n’a pas préféré se concentrer sur 2-3 groupes de personnages avant d’élargir son horizon (vous l’avez !), à l’instar des grandes fresques épiques du cinéma (Le Seigneur des Anneaux ou Guerre et Paix pour ne citer qu’elles). En résulte une impression mi-figue mi-raisin, alors que la fabrication de ce Horizon fait tout de même plaisir au sein du paysage des superproductions actuelles.
Malgré une absence (regrettable ?) de cinémascope, la reconstitution d’époque donne une vraie respiration à l’ensemble, parvenant à capturer les paysages sauvages du Grand Ouest américain comme plus personne ne le fait aujourd’hui. Un parfum nostalgique des westerns d’antan donc, supporté par le score de John Debney émulant les sonorités d’Elmer Bernstein. Des qualités qui ne rendent pas le visionnage déplaisant, malgré un réel manque de focus sur ce que Costner souhaite raconter. Rendez-vous avec la Partie 2 un mois plus tard pour confirmer/infirmer ces impressions !
Horizon – Une Saga Américaine Chapitre 1 sortira au cinéma le 3 juillet 2024
avis
Horizon a beau être une fresque western excitante sur le papier, difficile de complètement valider ce Chapitre 1 boursouflé dans une narration éclatée qui survole ses nombreux personnages sans réelle cohérence. Une introduction accélérée en somme, mais qui en 3h parvient à donner quelques moments de cinéma Fordiens réussis, dans une production à la reconstitution soignée. Un démarrage en demi-teinte, mais qu'il serait sans doute dommage de bouder avant d'avoir pu voir les 3 chapitres suivants ! Wait & see donc !