On l’attendait comme le messie, le season premiere de la huitième et dernière saison de Game of Thrones est enfin arrivé et s’il récompense amplement notre addiction, il reste un peu trop gentil.
Face aux marcheurs blancs, Westeros tente de s’unifier, mais c’est pas gagné. On en restera là pour évoquer l’intrigue, le reste étant spoiler-free.
Confortablement installé dans notre canapé, on est aux anges alors que retentissent les premières notes de la musique de Ramin Djawadi sur un générique totalement transformé. Dès l’astrolabe, les informations sur cette ultime saison de Game of Thrones pleuvent et promettent de récompenser notre attente désespérée. Un premier contact, après deux ans d’absence, émotionnel et jouissif.
A ce titre, ce retour tant attendu agit comme une madeleine de Proust en rendant hommage au tout premier épisode du show de HBO. Un sentiment qui nous rend omniscient comme la Corneille aux Trois Yeux, et permet de suivre l’évolution de personnages jusqu’à maintenant. On assiste à des réunions de familles, des retrouvailles enneigées, des rencontres glaciales alors que la Grande Guerre se profile et que les alliances continuent de se faire et de se défaire.
Game of Thrones, conclusion hâtive ?
Les complots s’annoncent toujours aussi passionnants même si ce premier épisode de la saison 8 de Game of Thrones tend à prendre son temps pour rentrer dans le vif du sujet, quitte à enfoncer les portes ouvertes. Les révélations attendues raisonnent péniblement face à la densité des scènes présentées mais permettent d’apprécier le jeu d’acteurs particulièrement convainquant, comme John Bradley-West (Sam) qui livre une prestation incroyable. L’épisode met aussi le paquet visuellement alors qu’on admire pour la première fois la ville de Winterfell depuis les airs ou qu’une échappée à dos de dragon nous emporte à travers les immensités gelées. C’est dingue, mais on se demande si cette débauche d’effets spéciaux ne cacherait pas une overdose scénaristique.
Passer en revue tous les personnages principaux de Game of Thrones en seulement 54 minutes implique de sacrifier la tension narrative et on obtient un condensé d’évidences. En bon season premiere, les enjeux sont survolés, histoire d’être à jour sur les motivations de tous mais HBO tente d’en faire trop, de satisfaire tout un fan-service en enchaînant les saynètes désassemblées. Chacun y va de sa petite apparition et les retrouvailles ou révélations tant attendues tombent à plat, noyées sous le trop plein d’informations d’un épisode qui ne prend aucun risque. Pire, ce monstrueux teasing se montre trop poli voire décalé alors qu’il nous offre du spectaculaire et du complot politique à couvert de blagues, de roucoulades d’amoureux ou de fesses à l’air. A trop rendre hommage à la saison 1, la série aurait tendance à répondre à la hâte aux nombreuses questions restées depuis le début en suspens. Un cahier des charges vite rempli, annonciateur d’un déferlante d’action dans les épisodes à venir.
Alors oui, on cherche la petite bête alors qu’on était comme des gosses devant l’épisode, mais ce retour de Game of Thrones manque cruellement de dramaturgie en allant trop vite, surtout à l’orée de la fin du monde… et de la fin du show.