Voilà que pour son envol Apple TV+ décide de changer l’histoire avec For All Mankind et d’envoyer dès les années 1970 des femmes dans l’espace. Une idée assez jouissive qui se révèle mal appliquée.
For All Mankind dépeint une réalité alternative dans laquelle l’URSS aurait été le premier pays à envoyer un homme sur la Lune. En pleine guerre froide, l’échec n’est alors plus une option pour les Etats-Unis qui se doivent d’envoyer impérativement Neil Armstrong sur le satellite de la Terre. Tout est bousculé et la NASA doit répondre de sa lenteur devant toute l’Amérique.
Les deux premiers épisodes mélangent ainsi histoire et non-histoire s’appuyant parfois sur des images d’archives, pour beaucoup, vides de sens. Plaquer un discours sur de vrais plans de Nixon pris au hasard et cela de manière répétée nuit clairement à la construction du récit. Si l’ancien président américain doit avoir un rôle important dans cette réalité alternative, engager un acteur pour l’interpréter semble la solution la plus cohérente; visiblement pas pour les réalisateurs…
Apple TV+ nous propose une ouverture assez brouillonne ne sachant pas tellement où se placer. Une introduction de deux épisodes beaucoup trop lente (ou trop rapide selon nos attentes). Le but était simplement ici de montrer une Amérique dépassée par les Russes dans cette course à l’espace, poussant les Etats-Unis à former des femmes astronautes. Deux options se présentaient alors, selon nous, aux scénaristes. Un : écrire une première saison entière sur l’URSS en tête et une seconde sur la formation des femmes. Deux : rentrer plus rapidement sur une histoire centrée sur ces dernières sans prendre de nombreux détours historiques (forts intéressants mais qui nuisent à la construction narrative).
C’est un petit pas pour une femme, un bon de géant pour l’humanité
Il faut réellement attendre l’épisode 3 pour que For All Mankind vienne enfin attiser notre curiosité. La décision d’envoyer le sexe – soi-disant – faible dans l’espace est bien sûr politique (l’épisode ne s’appelle pas « Les femmes de Nixon » pour rien). Néanmoins, il est assez jouissif – en tant que partie intégrante de la moitié de l’humanité – que l’histoire soit refaite de cette manière. Certes, la narration est relativement prévisible (en dépit de quelques rares surprises) mais elle peut laisser place à des enjeux plus importants qui seront certainement mieux approfondis que dans Les Figures de l’ombre.
On sent que le show commence déjà à montrer que certains hommes et certaines femmes sont prêt.e.s à plus d’égalité, tandis que d’autres sont coincé.e.s dans les mœurs qui régissent l’époque. On a hâte que la série se densifie à ce niveau et nous offre des protagonistes complexes, faits de contradictions, nous permettant d’avoir accès au panel d’humains ayant existé 50 ans plus tôt. Si cette course alternative à l’espace accélère l’égalité des sexes, on espère que For All Mankind ne tombera pas dans l’angélisme et parviendra à trouver un bon équilibre pour mener à bien sa mission.