Follow_dead, pur produit estampillé BuzzFeed issu d’un buzz ayant émergé sur Twitter, réussit l’exploit d’être aussi vide et insupportable que nombre d’articles du même site.
Follow_dead est donc adapté d’un thread Twitter largement relayé par le site de divertissement BuzzFeed. Mettant en avant sur son affiche française la fameuse appellation aussi putassière que souvent mensongère « inspiré de faits réels« , le film, produit et mettant largement en avant le site aux articles vides, narre en effet le récit narré en 2017 sur Twitter par l’illustrateur Adam Ellis (ici également crédité en tant que coscénariste), alors confronté au fantôme d’un enfant hantant son appartement. Une idée qui aurait donc très bien pu rester là où elle était, en se contentant simplement d’encaisser son nombre de clics propices à de graisseux revenus publicitaires à l’époque, mais qui, avec le succès récent de productions horrifiques tout bonnement honteuses (La Nonne – La Malédiction de Sainte-Lucie, L’Exorciste – Dévotion), s’est donc mué en un long-métrage.
Inutile ainsi, de chercher une quelconque trace de curiosité au vu de l’équipe technique de Follow_dead, ou de la présence d’une vision sur l’outrance d’un tel buzz, sur la remise en question du modèle économique d’un site uniquement pensé en usine à clics, ou bien d’un portrait glacial de la haine en ligne. Mis à part la présence de Justin Long (s’étant l’année dernière illustré dans l’excellent Barbare), et l’un des scénaristes de l’incontournable Voyage au centre de la Terre 2 : L’Île mystérieuse, rien ne semble donc rassurer le spectateur sur cette promesse qui ne se contente pas simplement de rapidement se voir tuée dans l’œuf, mais d’également sombrer dans les pires travers de que toute cette face d’internet recèle.
Insu-portable
En 2017, Adam est donc un petit trentenaire insupportable, se croyant artiste parce qu’il signe des dessins pour BuzzFeed, et perdu par rapport à son histoire d’amour avec un homme à ses antipodes, c’est à dire charmant et agréable. Le jeune homme moderne et connecté, après avoir répondu à des trolls lors d’une nuit d’ivresse, se trouve donc hanté par le fantôme d’un enfant au crâne fracassé, ce qui est le moins qu’il puisse lui arriver au vu de son fort degré de nuisance. Et rapidement dans ce Follow_dead, tout sonne aussi faux et artificiel que le simple thread Twitter dont il est inspiré, et de son imbuvable personnage principal, carricature insupportable d’un Internet où les menaces de mort paraissent comme des blagues hilarantes, et dont on se demande rapidement comment l’égo démesuré peut partager un aussi petit appartement avec une autre âme, même celle du fantôme d’un enfant.
Aussi putaclic que ses articles éreintants de vides, la représentation du genre horrifique s’avère elle aussi traitée comme un produit de BuzzFeed, largement mis en avant au travers de son patron, encourageant évidemment ses employés à prendre soin de leur santé mentale après les avoir critiqués pour être passés à côté d’un article sur un homme s’étant réveillé d’un coma de plus de vingt années. La Nonne – La Malédiction de Sainte-Lucie peut ainsi s’incarner comme un modèle du genre à côté de cet amas de jump-scare rincés, de ces rebondissement rocambolesques tentant vainement de rendre effrayant un récit qui ne l’a jamais été, à part pour de très jeunes enfants traînant sur des forums non-adaptés.
Horreur en ligne
La véritable horreur de Follow_dead réside ainsi dans ses personnages et son perpétuel mépris envers cet outil normalement formidable qu’est internet. En voulant signer une critique acerbe de la haine en ligne, ce produit mercantile de BuzzFeed se fait pourtant révélateur de la vision du site vis-à-vis de ses lecteurs et de ses consommateurs potentiels ici présentés comme une horde haineuse friande d’un contenu décérébré, vide de toute substance, et à qui le site leur envoie ici un vulgaire crachat au visage. Voulant toutefois cocher toutes les cases de l’entreprise engagée, mettant en valeur des personnages issus de minorités, et se la jouant en média moderne, signant derrière ce qu’il s’imagine comme un succès facile, en acteur engagé contre le harcèlement en ligne, Follow_dead peut ainsi, derrière son mépris envers tout ce qu’il s’entend traiter, démontrer rapidement de toute sa crasse bêtise.
Là où il aurait pu épouser pleinement son sujet, en nous épargnant la présence des ses insupportables personnages en épousant la forme d’un Unfriended ou plus hybride d’un Searching, Follow_dead peut cependant et ainsi s’incarner réellement tel qu’il est : une vision aussi décérébrée et mercantile que les articles de BuzzFeed calquée au septième art, se muant alors en une mauvaise blague interminable, et surtout un insupportable élan de mépris envers un public s’étant uniquement fié, comme pour leurs miniatures, à une affiche, qui ne donne malheureusement pas accès qu’à un amas de lignes sans auteurs. Il faudra ainsi subir, sans pouvoir ne fermer aucun onglet, cette heure et demie comme un véritable supplice, à laquelle même les pires haters ne mériteraient pas d’assister. C’est peut-être ça, après tout, la véritable richesse de Follow_dead : celle d’être une punition, suffisamment préventive pour sensibiliser sur la bêtise, et de la belle et nécessaire initiative de s’éloigner des écrans plus souvent.
Follow_dead est actuellement en salles.
Avis
Follow_dead n'a rien d'autre à vous offrir qu'une raison de plus de s'éloigner des écrans pour apprécier la beauté du quotidien et de prendre soin de ses proches en toute déconnexion, loin d'un smartphone ou d'un écran de cinéma.