Everything Everywhere All at Once fut un tonitruant succès au box-office américain. Une réussite qui fait plaisir, enivre, étourdit et enthousiasme.
Everything Everywhere All at Once est actuellement le plus gros succès de l’exigeant studio A24, haut refuge de ce qui se propose aujourd’hui de meilleur dans le cinéma indépendant américain. Ainsi, si l’on pourrait ici vous lister bêtement la longue liste d’excitants projets que compte le studio à son actif, surtout reconnu pour ses escapades vers le genre horrifique et les carrières d’Ari Aster et de Robert Eggers, l’on passerait moins de temps à vous parler du film qui nous intéresse aujourd’hui. Parce qu’Everything Everywhere All at Once des Daniels (Dan Kwan & Daniel Scheinert) poursuit la quête de leur indéfinissable et génial Swiss Army Man. Parce que ce film, aussi enthousiasmant soit-il, ne ressemble en plus à aucun autre.
Multiverse of Madness
Everything Everywhere All at Once suit ainsi la vie familiale d’Evelyn Wang (Michelle Yeoh) et de son étouffant quotidien. Prise entre un contrôle du Fisc (mené par une jouissive Jamie Lee Curtis), un mari maladroit, une fille qui la délaisse, un père exigeant et une affaire de laverie à bout de souffle, la plongée dans le multivers de la mère de famille bouleversera à jamais sa vision du monde. Lorsque l’on prononce le terme de multivers, on pense ainsi assez évidemment aux derniers projets de Marvel (le film étant de plus produit par les frères Russo), qui entre un Spider-Man : No Way Home en forme de gros fan-service dénué d’imagination et d’un épais mais maladroit Doctor Strange in the Multiverse of Madness nous aurait presque fait oublier les excitantes ambitions que pouvait toucher cinématographiquement parlant cette infinité de possibilités et d’univers.
Everything Everywhere All at Once est ainsi une merveille de cinéphilie que ne renierait pas le Edgard Wright de Scott Piligrim, les Wachowski de Speed Racer et nombre de projets les plus enthousiasmants du studio Pixar. Inspiré chaque instant, en passant par le cinéma asiatique et une déclaration à la muse Michelle Yeoh (trouvant ici l’un de ses meilleurs rôles), au plus fou des délires que permet normalement le dessin, le projet des Daniels enthousiasme ainsi à chaque strate de son récit divisé en trois parties. Ce qui n’aurait pu être qu’un amas d’amour pour la pop-culture, d’une création et d’une invention débordante laissant indigeste, se mue couche après couche en un bouleversant poème sur l’amour familial et l’acceptation de soi.
Débordant d’amour
Comme son titre annonçant le ton généreux de l’ensemble, la découverte d’Everything Everywhere All at Once ne peut ainsi se décrire en un seul adjectif. Véritable film montagnes-russes oscillant entre l’humour potache hilarant et absurde et les plus infimes et intimes émotions, le long-métrage des frères Daniels est un déballage de leur immense talent, ici évertué à ancrer leur récit dans une imagination débordante pour un véritable saut dans le vide de 2h20. Disposant d’une durée de blockbuster, mais ayant pourtant coûté une bouchée de pain (25 millions de dollars), Everything Everywhere All at Once est ainsi une leçon de spectacle généreux, total et débordant de créativité. Devant tant de mastodontes rachitiques au niveau du spectacle comme du scénario, le film fait ainsi s’éclater ces ambitions pour les faire purement et simplement s’envoler vers les étoiles.
Chacun repartira ainsi avec quelque chose devant ce buffet gargantuesque qu’est Everything Everywhere All at Once. Tout est bon à prendre devant ce feu d’artifice de cinéma, qui revigore véritablement après un été bien fade en terme de spectacles cinématographiques. Surtout, au-delà de son succès, le film des Daniels prouve qu’en dehors des franchises et autres algorithmes de streaming bien évertués à nous servir la même tambouille sans goût, il existe toujours un univers parallèle où le talent et l’inventivité peuvent s’exprimer sans aucunes limites.
Everything Everywhere All at Once sortira le 31 août 2022.
Avis
Everything Everywhere All at Once est un saut dans le vide, aussi excitant et enthousiasmant que drôle et bouleversant. On ne peut ainsi résumer le projet iconoclaste des Daniels en n'utilisant qu'un seul adjectif tant l'expérience se révèle aussi folle que généreuse. Là où tant d'artifices auraient pu dégoûter, il reste pourtant, couches après couches à Everything Everywhere All at Once, toute la beauté et la simplicité du monde pour nous parler d'amour.