Entre la vie et la mort se veut être un condensé de thriller belge, avec la belle carrosserie mais malheureusement rien sous le capot.
Entre la vie et la mort voit Gioardano Gederlini revenir derrière la caméra vingt années après son premier long-métrage, Samouraïs, excellement chroniqué par Nanarland, depuis crédité scénariste de l’excellent Les Misérables de Ladj Ly et surtout du récent Tueurs, thriller belge déjà porté par Olivier Gourmet. Entre la vie et la mort voit donc le réalisateur et scénariste creuser ce genre avec le retour de l’acteur, même le temps de quelques brèves apparitions, pour le muer en une sorte de parodie, pourtant dotée d’une excellente direction artistique et de compositions signées Laurent Garnier. Mais rien n’y fait, et le second long-métrage de Gioardano Gederlini s’avère complètement inanimé.
Entre enfer et parodie
Entre la vie et la mort instille très bien son atmosphère. La photographie de Christophe Nuyens, déjà à l’œuvre sur Lupin, le charisme mutique d’Antonio de la Torre et une ambiance lourde, pesante et funeste laissent alors augurer d’un thriller d’excellente facture. Malheureusement, la machine s’enraye rapidement. Parce que ce qui faisait l’intérêt du long-métrage se mue en un sentiment d’inanité : les décors sont vides, le budget figurant étant lourdement à la peine, et la prestation d’une Marine Vacth passant d’excellents films d’auteurs de François Ozon et Jean-Paul Rappeneau et se frottant ici à sa première prestation de femme d’action sonne résolument faux. Le scénario et les dialogues avec le toujours parfait Olivier Gourmet viendront ensuite le confirmer : Entre la vie et la mort ressemble à une mauvaise parodie.
Un scénario minuscule et ridicule, des situations rocambolesques, tout cela aurait pu s’avérer soit drôle où même divertissant si Gioardano Gederlini ne se prenait pas autant au sérieux, ici persuadé de signer une synthèse du genre dont il s’empare. Si l’on passe de lieux communs en situations et dialogues invraisemblables, l’ensemble est ici mené avec une écrasante lourdeur. S’ajoute alors à la lassitude un véritable sentiment d’ennui, d’un film fade qui joue de son ambiance pour véritablement emmener son histoire minuscule. Le rappeur Nessbeal ne sachant que faire devant un coffre rempli de billets alors qu’il n’a pas de sac, un policier qui s’emporte contre sa fille qui fume, et une juge qui refuse de dévoiler ses secrets, sauf lorsque le scénario n’a plus rien à offrir, Entre la vie et la mort est ainsi à la fois aussi long que risible et ennuyeux.
Datéléfilm
Il y a pourtant dans Entre la vie et la mort de belles promesses et une solide introduction. Cependant, une fois le décor planté, Gioardano Gederlini semble n’avoir retenu du thriller d’action que les essais récents d’un certain Liam Neeson. Le personnage féminin est forcément écrasé par son père, détruit par une histoire d’amour tragique et se réfugiant dans la cigarette, son assistant, le pourtant formidable Fabrice Adde ne sert qu’à sortir quelques répliques « décalées » sur les scènes de crimes, et les fameux antagonistes du film ne sont que deux et semblent de plus dépourvus de la moindre intelligence. Derrière la belle direction artistique et les notes de Laurent Garnier, le sentiment d’un film fauché produit et diffusé par et pour la télévision se manifeste alors logiquement.
Entre la vie et la mort passe en plus son temps à se contredire. Si l’introduction laissait présager d’un thriller funeste et tragique, le film possède un happy-end ahurissant de bêtise, rejoignant ainsi les décisions de personnages-fonctions ne révélant jamais leurs failles que pour ne paraître que comme de vulgaires carricatures. Si récemment Arthur, malédiction s’avérait être un crachat envers le genre horrifique, le film de Gioardano Gederlini est une plus modeste parodie de thriller. Derrière son emballage de belle facture et son beau casting, Entre la vie et la mort ne sait jamais s’emparer des codes du genre qu’il s’entend ici synthétiser, à part pour n’en livrer qu’une grossière carricature, éloignée de tout bon sens et surtout de son époque.
Entre la vie et la mort est sorti le 29 juin 2022.
Avis
Entre la vie et la mort porte bien le nom du thriller inanimé qu'il est. Oscillant entre parodie fauchée risible et désir de synthèse du genre se prenant affreusement et lourdement au sérieux, le film de Gioardano Gederlini ne parvient jamais à cacher un scénario risible, un jeu d'acteur foireux, des situations et dialogues invraisemblables derrière une belle direction artistique. Mauvais téléfilm soporifique, entre enfer et parodie.