En Place, suite logique de Tout Simplement Noir, échoue tout ce que le premier film de Jean-Pascal Zadi avait brillamment réussi.
En Place est la continuité logique de Tout Simplement Noir, où le premier long-métrage de Jean-Pascal Zadi et John Wax laissait à voir sur son affiche l’acteur, réalisateur et scénariste en Président de la République. Mais voilà, entre la série Craignos et sa suite Carrément Craignos pour France TV, ses collaborations avec Quentin Dupieux (Fumer fait tousser), Michel Hazanavicius (Coupez!) et les frères Boukherma (L’Année du Requin), Jean-Pascal Zadi semble avoir perdu de sa ferveur, peut-être trop occupé pour approfondir les nombreuses pistes intéressantes d’En Place, ici comblées par une écriture surprenamment lourdingue.
En marche accélérée
En Place suit donc Stéphane, animateur de quartier à bout devant les coupes de budgets réservées à ses activités. À quelques semaines de l’élection présidentielle, il décide d’accoster le maire de sa ville devant les caméras de télévision, alors grand favori, pour lui balancer ses quatre vérités. Magie des sondages, le voilà propulsé nouveau candidat chouchou des français, et la course à sa présidentielle est alors lancée. Et dans ses premiers épisodes, la série de Jean-Pascal Zadi et François Uzan réitère toute la sympathie opérée dans Tout Simplement Noir : les personnages sont drôles, les dialogues hilarants et le message politique intéressant. Mais voilà, sur six épisodes d’un peu plus de trente minutes, tout va trop vite.
Lorsque qu’En Place arrive à la moitié de sa proposition, tout commence dangereusement à s’essouffler, et l’écriture à deux manquant parfois de finesse de François Uzan (Family Business) semble ainsi combler à grands renforts de blagues et situations poussives une série qui part alors en roue libre. La politique laisse ainsi place à un défilé de situations absurdes traitées par dessus la jambe où seul surnage le formidable casting qui peut tout de même compter sur Benoît Poelvoorde, Marina Foïs, Fadily Camara, Fary, Éric Judor et Panayotis Pascot. Et si ces derniers semblent devoir camper des personnages de fiction néanmoins bien réels (avec en tête l’évidente Corinne Douanier en Sandrine Rousseau), rien ne vient rehausser leur partition que d’énièmes clichés sur le monde politique.
Vote blanc
En Place sacrifie alors ce qui faisait le sel de Tout Simplement Noir sur l’autel d’une parodie poussive en vitesse rapide. Si le premier long-métrage de Jean-Pascal Zadi alliait brillamment saynètes humoristiques avec des guests hilarants (on se souviendra longtemps de la scène entre Fabrice Éboué et Lucien Jean-Baptiste) et fond politique brûlant (avec le récent décès de George Floyd, entre autres), cette nouvelle proposition en est l’exact opposé. Alignant blagues sur les testicules, étirées plus que de raison, et réel fond social traité sans aucun sérieux, on ne peut se prendre d’affection pour ce qui ressemble plus à une perpétuelle improvisation écrite à la va-vite plutôt que la série alliant politique et comique promise.
Ne sachant vraiment que faire de son sous-texte politique, qui envoie au pilori toute une droite corrompue pour sanctifier la gauche, mais ne s’en servant finalement que comme facilité scénaristique appuyée pour une éventuelle deuxième saison, En Place laisse ses urnes désespérément vides. S’il y avait tant à dire, de plus en cette période de réforme des retraites toujours aussi injuste pour une immense partie de la société, la série de Jean-Pascal Zadi ne représente finalement personne qu’une blague potache lourdingue inutilement étirée sur six épisodes, qui même d’une durée minime, laisse l’impression d’un vote complètement blanc.
En Place est actuellement sur Netflix.
Avis
En Place trahit tout ce qu'était Tout Simplement Noir en sacrifiant à la fois l'humour cinglant et le contexte politique brûlant pour une parodie grossière et appuyée. Semblant écrite dans la précipitation et comblant son absence de messages par un défilé de péripéties et blagues aussi absurdes que rebattues, la série de Jean-Pascal Zadi et François Uzan laisse l'impression d'un vote désespérément blanc.