En attendant Bojangles réunit Virginie Efira et Romain Duris pour un mélodrame grossier qui ne réussit jamais à trouver la note juste.
En attendant Bojangles est le troisième long-métrage de Régis Roinsard, et déjà une deuxième déception après le très sympathique Populaire, sorti en 2012, qui comptait déjà Romain Duris et les années 60 dans sa formule. Cette comédie pétillante qui se jouait de sa reconstitution nostalgique pour croquer un portrait de femme indépendante en avance sur son temps restera hélas pour le moment la seule réussite notable du metteur en scène qui s’était déjà cassé les dents en 2020 avec le trop ambitieux Les Traducteurs. Parce que passer d’une comédie pétillante et sympathique à un mélodrame sur la folie, avec un certain goût de L’écume des jours, s’avère être une fois de plus une tâche bien trop écrasante pour Régis Roinsard qui ne sait jamais trouver la note juste, alourdissant sans cesse une formule heureusement sauvée par des acteurs de haute volée.
Mauvais dosage
En attendant Bojangles évoque rapidement, de par son postulat, l’adaptation d’un autre roman qu’avait mis en scène, non sans peine, le pourtant génial Michel Gondry. Parce que l’œuvre d’Olivier Bourdeaut dont est adapté le long-métrage de Régis Roinsard rappelle assez rapidement L’écume des jours et sa mise en images où Romain Duris était déjà de la partie et vivait (encore) une histoire d’amour haute en couleur qui basculait, avec toute l’inventivité possible selon l’auteur de ces lignes, vers le drame le plus noir. Sauf que si un cinéaste de talent comme Michel Gondry s’y était déjà (un peu) perdu, Régis Roinsard lui, ne tarde pas à se prendre les pieds dans le tapis.
Parce que l’absence d’audace de mise en scène du cinéaste ne confère jamais aucune poésie à ce portrait de femme haut en couleurs, lui préférant un premier degré rendant l’ensemble insupportable dès son introduction, quand il ne surligne pas le drame dans son interminable et épuisante conclusion. Dans ce drame difforme, surnagent alors un trio de grands acteurs, notamment une époustouflante Virgnie Efira, dont le film ne sait malheureusement jamais se hisser à la même hauteur, tant au niveau de l’émotion que de l’intensité. Parce que tout est ici appuyé, l’émotion ne nait jamais d’un alignement boursoufflé de dialogues et de scènes sonnant affreusement faux.
Feux d’artificiel
La gêne est ainsi présente, sur plus de deux heures d’un long-métrage épuisant ses acteurs dans des lieux-dits grossiers et caricaturaux, dont une représentation de l’Espagne ahurissante de clichés. S’il fallait garder une distance, où instiller poésie et inventivité, En attendant Bojangles arrive ainsi à transfigurer cette bouleversante histoire d’amour en un drame plat et niais troquant la fougue de son héroïne pour un pâle défilé de moments tire-larmes rendant tout le film complètement artificiel. Ne reste alors que quatre brillants interprètes se démenant comme jamais pour tenter de nous faire croire à cet épuisant mélodrame chargé en niaiserie.
Le long-métrage de Régis Roinsard sonne ainsi complètement faux, et en faisant des mauvais pas et des fausses notes sa ligne de conduite, nous rend l’attente de ce fameux Bojangles complètement insupportable.