Netflix et BBC One s’associent pour produire Dracula, une mini-série britannique de 3 épisodes, parfaitement pertinente et qui nous file les crocs !
Le Comte Dracula acquiert des propriétés en Angleterre, mais le voyage est plus complique que prévu. En seulement 3 épisodes particulièrement concis et presque indépendants, le duo de génies derrière Sherlock, Mark Gatiss & Steven Moffat, vient de récidiver en dépoussiérant le roman de Bram Stocker de façon magistrale !
Les deux compères et les deux plateformes s’allient pour proposer une nouvelle interprétation du mythe. Focalisée sur le vampire la mini-série prend aux tripes et ce grâce à une transposition horrifique de la légende transylvanienne. On sursaute, on fronce les sourcils quand l’image devient crade, on frissonne quand une mouche rentre dans un œil, bref, Dracula est de retour, pour notre plus grand plaisir pervers et sanguinolent. La créature continue de susciter la fascination et cette nouvelle adaptation le met en plein cœur du récit novateur, british à souhait, et quel délice.
Je ne bois jamais… de vin !
A la vue de ces trois épisodes complètement différents, qui nous entraînent chacun dans un genre, une forme et des références distinctes, on voit bien que Gatiss et Moffat s’éclatent comme des fous à moderniser l’histoire de Dracula. Le premier épisode s’articule autour de la découverte du château labyrinthique, à l’ambiance gothique extrêmement horrifique avec ses apparitions saccadées où le ton n’hésite pas à plonger dans la série Z débridée. Le second propose un whodunit judicieux, un huis clos savoureux quand le troisième est une conclusion particulièrement jouissive mais un peu précipitée. La faute à une intrigue parfois alambiquée, pas forcément nécessaire si ce n’est celle de proposer un exercice de style parfaitement approprié.
Très, voire trop généreuse, la narration s’attaque au roman épistolaire et choisi d’axer son intrigue autour de la psychologie du vampire âgé de 500 ans, de ses doutes, de ses peurs, tout en apportant nombre de pistes intéressantes pour justifier telle ou telle légende vampirique. Cependant, certaines facilités narratives se font sentir lorsqu’un dialogue évente une problématique ou que l’épisode final préfère user d’ellipses pour précipiter la fin du récit. A la fois trop longue, et trop courte, la série danse un peu vainement sur le fil du rasoir, ne sachant pas où donner de la tête mais se regarde goulûment.
En cela, Dracula peut remercier le casting de Claes Bang qui nous emporte dans une ambiance dégoulinant d’un flegme britannique tout à fait exquis, où la sagesse, la classe et l’expérience du gourmet n’a d’égale que les dialogues racés et iconoclastes qu’il assène avec goût. De même, Van Helsing l’éternel ennemi du Comte est ici féminisé en nonne guerrière, ce qui met en lumière l’exceptionnelle Dolly Wells qui dévore la caméra à chacune de ses apparitions. D’ailleurs, on retrouve dans la mini-série les inserts typographiques et les délicates transitions chère aux créateurs de Sherlock qui usent ici d’effets spéciaux probants tout en offrant de solides hommages au film de Coppola ou à ceux avec Béla Lugosi.
En goûtant une nouvelle immortalité, cette fois télévisuelle, Mark Gatiss et Steven Moffat se sont amusés comme des fous à transposer l’histoire de Dracula. Si l’approche aurait mérité d’être plus classique, le personnage intemporel acquiert ici une nouvelle immortalité, cette fois télévisuelle.