Après une saison 1 aussi surprenante que pertinente, la Doom Patrol revient pour un second tour, malheureusement très en deçà de ce qu’on espérait.
L’infameuse Doom Patrol tente de résoudre ses problèmes personnels tout en aidant Dorothy, la fille du Niles, face à ses « amis » imaginaires. Toujours développée par Jeremy Carver pour DC Universe et HBO Max, histoire de préparer à la transition inéluctable, cette seconde saison pourtant bien commencée et sympathique au demeurant, pêche par un manque criant de direction narrative. Les loosers ne savent pas bien où aller, et nous non plus.
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Si la première saison nous avait séduit par son aspect bordélique mais irrévérencieusement pertinent, la suite se révèle très moindre. De 15 épisodes on passe à 9 – le véritable final ayant été tout bonnement coupé de la saison à cause de la pandémie – et ce qui paraissait déjà très pauvre finit de faire de Doom Patrol sa propre caricature, dénuée de tout ce qui faisait son charme, ou presque. Dommage.
What the f*cking f*ck ?!
Pourtant, on retrouve bien les éléments qui font de Doom Patrol l’ovni super-héroïque télévisuel que l’on apprécie. Outre les grossièretés, véritable marque de fabrique du show et qui permettent à Brendan Fraser de conjuguer le verbe f*ck à toutes les sauces, c’est dans son traitement de la différence et du traumatisme que la série excelle. Les remords inhérents à la parentalité, ou à son absence, domine ces épisodes et permettent à Timothy Dalton de briller comme jamais avec un rôle émotionnel incroyable. Comme focalisation, le passage à l’âge adulte permet donc d’appréhender l’évolution de la petite Dorothy, parabole facile mais pertinente sur la traumatique vie qui attend la jeune adulte. De même, l’émancipation maternelle de Rita (April Bowlby) ou le discours protecteur et ultra féministe de Jane (géniale Diane Guerrero) offrent de beaux moments revendicateurs et peut-être les meilleures séquences de toute la saison.
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Cependant, si l’on retrouve la patte incisive de l’écriture, le joyeux bordel visuel n’est plus là pour galvaniser la Doom Patrol. Sans Mr Nobody et l’excellent Alan Tudyk, le show compose avec un format bouclé très désuet pour envoyer nos protagonistes dans des directions individuelles ou de rapides aventures qui ne durent que le temps d’un seul épisode. Avec une morale et une résolution, voilà presque la série devenue une sorte de sitcom bancale. Surtout quand l’adversaire principal sensé réunir nos loosers reste caché toute la saison, officiant comme une menace invisible. Mais c’est là le problème pour nos personnages hauts en couleurs qui affrontent leurs traumatismes, mais qu’on aimerait bien voir boxer des créatures cheloues, extérioriser à coup de savates leurs problèmes identitaires.
Néanmoins, si on ne rentre plus dans l’anus d’un âne, certaines bizarreries, comme l’arrivée d’un démon du sexe ou la possession de leur esprit par des minuscules créatures roses, essayent de maintenir un certain level de wtf bien senti, quoique très anecdotique. Malgré tout, la réalisation demeure bien fichue, dynamique et magnifiée par des effets visuels toujours très réussi. Le paradoxe.
La saison 2 de Doom Patrol est fun et le visionnage se fait passionnément, mais il manque l’étincelle qui faisait le sel de la première saison pour que ces weirdos ne redeviennent incontournables. Espérons que la saison 3 repartira sur les chapeaux de roues.