Disparu à jamais confirme l’histoire d’amour entre Harlan Coben et Netflix : pas moins de 7 séries disponibles, ou qui devraient voir le jour, tirées de l’œuvre du célèbre écrivain américain. Parfois pour le meilleur, mais ici, c’est définitivement pour le pire.
Disparu à jamais dispose d’une équipe au CV plutôt solide. David Elkaïm et Vincent Poymiro peuvent attester de leur participation en tant que scénaristes au sein de réussites diffusées sur ARTE telles qu’Ainsi soient-ils et la première saison d’En Thérapie. Juan Carlos Medina, qui s’occupe de la mise en scène sur les cinq épisodes de cette mini-série, est également l’auteur de deux longs-métrages lorgnant vers le genre, Insensibles et Golem, le tueur de Londres, plutôt positivement reçus par la critique. Lorsqu’en plus Disparu à jamais s’entoure d’un casting solide de révélation du cinéma français (Finnegan Oldfield, Guillaume Gouix, Nailia Harzoune, Garance Marillier et Nicolas Duvauchelle), tout semble réuni pour offrir une réussite. Et pourtant.
Alerte enlèvement (de talent)
Dès les premières minutes de Disparu à jamais, le constat s’avère aussi expéditif que catastrophique. Comme si la série de David Elkaïm et Vincent Poymiro tentait de nous mettre en garde, l’on assiste, incrédules, à un échange aussi factice qu’approximativement incarné entre Finnegan Oldfield et Nicolas Duvauchelle. Deux bons acteurs déjà mis à mal par une caractérisation de personnages désastreuse et des dialogues téléphonés. Et ce n’est pourtant que le début. Parce que le roman d’Harlan Coben se déroule aux Etats-Unis, dans les tréfonds des rues et des âmes tourmentées, Disparu à jamais le transforme en ce qui se fait de pire au sein de la production française, traduisant le roman d’Harlan Coben en un pâle cocktail entre l’Instit et une fiction policière délivrée à la pelle par le service public.
Transfigurant les rebondissements si bouleversants des romans de l’auteur américain en allers-retours grotesques et rocambolesques, Disparu à jamais adopte une allure boiteuse, et ce jusqu’à son dernier épisode. Parce que le récit est vaste. La série nous conte le destin d’un homme confronté au deuil d’un frère et d’un premier amour le même jour, qui dix années plus tard, en enterrant sa mère, devra faire face à la disparition de sa petite-amie. Et la série ne nous épargnera rien de sa vision caricaturale de ses personnages et du milieu desquels ils font partie. Néo-nazis, proxénétisme, trafic de drogue et banlieues sensibles, l’on découvre ainsi, pantois, le programme d’un mauvais épisode (et ils sont nombreux) d’enquête exclusive, déjà produit par CALT, à qui l’on doit (heureusement) des réussites comme Kaamelott, Caméra Café et Hero Corp.
Une série tragique(ment nulle)
Le naufrage est tel que le meilleur que Disparu à jamais puisse demander à ses formidables acteurs, c’est de prendre des mines concernées qui ne servent qu’à débiter des dialogues ridicules. Et ce, quand la série ne décide pas de les cantonner qu’en des caricatures de rôles jouées auparavant, comme Nicolas Duvauchelle, contraint à rejouer encore et toujours le (caricatural) mauvais garçon. La proposition de David Elkaïm et Vincent Poymiro s’échine ainsi à mettre en valeur une signature bien française de séries coupées de tout réalisme. Comme si Plus belle la vie avait ici bénéficié d’un plus imposant budget et d’acteurs de renoms venus sacrifier leur immense talent au service d’une série qui n’a de tragique que sa qualité.
Disparu à jamais peut cependant compter sur une mise en scène proprement exécutée, qui à défaut d’être incarnée proposera (parfois) une jolie carte postale de Nice sûrement chère à l’office de tourisme communal. Puisque d’un roman efficace et prenant la série de David Elkaïm et Vincent Poymiro n’en a tiré qu’un long téléfilm bas de gamme, caricatural et de piètre qualité, il est à espérer que Disparu à jamais puisse tranquillement s’effacer dans les limbes et laisser plus de place à des productions françaises de belle facture (et elles sont nombreuses), pour s’effacer (à jamais) de la mémoire collective.