Si on était dubitatifs quant au pilote de Dexter New Blood, la suite de la saison se sera montrée sympathique même si tristement inutile…
Sous une nouvelle identité, Dexter Morgan a refait sa vie loin de Miami, jusqu’à ce que son passé et notamment son fils, ne vienne frapper à sa porte. Showtime (et Canal+ chez nous petits frenchies) revient proposer l’une de ses séries phares, un incontournable du paysage télévisuel, pour une ultime saison et tenter de corriger certaines erreurs. Dommage que ce Dexter New Blood ne soit finalement qu’une correction de dernière minute pour rabibocher les fans avec l’iconique personnage éponyme.
Toujours chapeautée par Clyde Phillips, cette « série limitée » comme la qualifie le président de Showtime, revient donc faire amende honorable et s’excuser pour l’issue de la saison 8. Sauf que dix épisodes pour se racheter d’avoir produit l’une des pires fins de série ever, ça parait un peu disproportionné, voire un peu vain. Un peu comme ce Dexter New Blood (notre critique du pilote) en fait, qui fait du vieux avec du neuf, ou inversement, en essayant de nous berner en titillant notre nostalgie tout en ne proposant qu’une nouvelle pirouette pas bien folichonne non plus. Dommage.
Bad Blood
Pourtant retrouver Michael C. Hall et Jennifer Carpenter est évidemment plaisant. Notre psychopathe préféré continue d’avoir des cas de conscience malgré les interventions de sa moralité, manifestée sous l’apparence de feu sa frangine, face aux meurtres qu’il commet pour nourrir son Dark Passenger. Alors quand arrive David Zayas, qui joue momentanément Angel Batista dans quelques cameo rigolos mais un rien forcés, ou l’apparition de John Lithgow dans des flashbacks sanglants, on est aux anges. De doux souvenirs qui viennent raviver notre nostalgie, du moins momentanément.
Au milieu de cette réunion familiale, on retrouve inexorablement des fils narratifs immuables à Dexter. Ce New Blood reprend les trames « du sang » en calquant la toute première saison, fraternelle, ou la dernière, la huitième, avec des considérations sur le fameux code de Harry, tout en développant encore la notion de culpabilité, de rupture avec les conventions sociales. A ce titre, c’est peut-être ce que la série fait de mieux, à savoir confronter les idéaux malades de Dexter avec ceux, fragilisés, de son rejeton incarné par Jack Alcott.
Une compréhension pourtant vitale ente les deux protagonistes et qui s’apparente au seul intérêt scénaristique du show (ou presque), mettre Dexter et ses actes face au regard naïvement influençable de son fils. Mais forcément, Dexter New Blood prend son temps, de façon narcoleptique, pour mettre en place cette conversation inévitable en usant de vieux tours, comme une nouvelle romance ou l’introduction d’un nouveau tueur en série pour imager cette réunion familiale, entre fascination et appréhension. De même, les twists et retournements de situations s’apparentent plus à des artifices narratifs qu’à une écriture complexe et maligne, parce qu’il faut bien reculer pour mieux sauter. Non ?
Surtout que le show s’articule finalement presqu’exclusivement autour d’immuables adieux. Dexter New Blood semble préparer le show à de nouveaux horizons, pour se contenter de n’offrir au spectateur qu’une véritable conclusion après les ratages de la huitième. Pour renflouer le compte en banque des intéressés et essayer de rattraper le coup, le dernier épisode met donc Dexter face à toute sa folie passée, de son parcours à Miami jusqu’à sa fuite actuelle en plein nord canadien, pour lui offrir des adieux en bonnes et dues formes. Un au-revoir aux proportions bibliques mais néanmoins bien cheap, comme disproportionné et hors sujet, pour clore définitivement la saga de ce vieux Dex.
Or s’il méritait mieux que de finir bucheron, seul dans son coin, méritait-il d’être ressuscité dans le seul but de mourir pour s’offrir une quelconque rédemption ? Le débat est ouvert. Nous on trouve Dexter New Blood superflu, mais on peut comprendre que certains y verront la possibilité d’enfin faire leur deuil.