L’univers de The Walking Dead continue de se développer avec Daryl Dixon qui a droit à ses aventures solo, et franchement… c’est loin d’être nul et même plutôt très plaisant.
Échoué sur les côtes méditerranéennes, Daryl Dixon entame un voyage au cœur de la France, en accompagnant une nonne et un enfant « élu ». Après Fear The Walking Dead, World Beyond, Dead City avec Negan & Maggie et avant The Ones who live avec Rick & Michonne, on découvre donc Daryl Dixon poursuivre les péripéties de The Walking Dead (et sa fin minable) mais cette fois sur le territoire français. L’occasion pour AMC de proposer quelque chose d’inédit dans le paysage zombiesque de la chaine, et de nous offrir un peu de plaisante nouveauté dans ce monde de brutes.
Créée et showrunnée par David Zabel, toujours produite par Scott Gimple, Greg Nicotero ou Robert Kirkman himself, le show s’articule autour de 6 épisodes pour lancer une nouvelle mythologie. Ainsi, on plonge avec notre chouchou de survivant à l’épicentre de l’épidémie de zombies (il est mentionné dans World Beyond que le virus viendrait de France) et de s’octroyer un road trip musclé et flirtant par endroits avec l’heroic fantasy.
Pardon my french
On craignait de voir Daryl Dixon débarquer chez nous pour sauver les pauvres frenchies de l’occupant totalitariste et se poser en hégémonie d’une métaphore assez crasseuse sur le débarquement de Normandie et la pseudo délivrance des américains. Si quelques références vont évidemment dans cette direction, et continuent de dresser un portrait presque déifié de notre Daryl (maintenant) national, on sent que l’écriture a quand même tenté de noyer le tout sous une bonne dose de patriotisme et de survivalisme…. Oui nan, c’est bel et bien problématique dans le fond.
Pourtant, c’est assez rigolo de découvrir que tous les personnages baragouinent un anglais des plus parfaits. Si certains ne peuvent cacher un accent à couper au couteau, force est de constater que la production a mis un point d’honneur à trouver des acteurs francophones plutôt à l’aise avec la langue de Shakespeare. Mention particulière pour Dominique Pinon (dont le traitement narratif mériterait qu’on envoie le scénariste au goulag) qui illustre parfaitement le franchouillard qui se débrouille en anglais tout en cherchant innocemment ses mots. Cependant, il est donc un peu facile (ou idiot) de nous trouver un antagoniste lui aussi anglophone, et de constater que chaque enfant est également capable de switcher la conversation en anglais pour ne pas laisser Daryl dans le flou. Sont-ils pas mignons.
We are the frenchies !
Sauf que sous couvert d’une France anglophone, le show s’amuse donc à développer un autre point de vue du survivalisme. Si on retrouve les longues balades dans la nature désolée, magnifiée par les magnifiques paysages et topographies français.es, c’est surtout l’occasion rêvée pour faire cohabiter la résistance face aux zombies (tiens tiens, on en parlait plus haut) et l’Histoire de France. Pour simplifier, on voit bien que la production se gave en s’amusant de faire courir Norman Reedus dans les ruines de châteaux, d’abbayes, à Angers, à Paris, au Mont Saint Michel. Surtout que le bougre se bat avec une masse d’arme.
C’est assez stylé, il faut le reconnaître, et tout ceci fait de Daryl Dixon une jolie parenthèse au sein de The Walking Dead. A croire qu’on doit tous passer pour des résistants moyenâgeux terrés dans nos châteaux et au mode de vie rural. Un archétype qui fait rire, mais qui fait surtout mouche dans la mesure où il tend à sortir des codes habituels de ce genre de productions pour tenter de nouvelles choses, au moins un tant soit peu originales.
Parce que le reste du show est somme toute assez standardisée, de son imagerie désaturée et ses combats dans les ruelles étoites ou devant des fonds verts plutôt bien gérés et ce jusque dans sa forme narrative avec un méchant qui n’est finalement que le mini-boss avant la grande méchante, dictatoriale avec son groupe de fanatiques, et de sbires dispensables. De même, Norman Reedus, toujours impeccable, n’a toujours pas pris rendez-vous chez le coiffeur, pour notre plus grand plaisir, tandis qu’il fait évidemment chavirer le cœur de Clémence Poésy, également toujours magistrale. Un couple haut en couleur pour guider le jeune prophète français, celui qui devrait sauver le monde des zomblards.
S’entame alors pour les trois protagonistes un road movie attendrissant mais heureusement sanguinolent (ouf) où Daryl se voit enfin octroyer plusieurs lignes de dialogues et un cœur d’artichaut. Ça tombe bien puisque Carol devrait prochainement faire son entrée. De plus, après avoir incarné le rôle du fils rebelle, du frère, Daryl devient ici le père. Une destinée immuable et renforcée par l’aspect christique du personnage, maintenant arboré de stigmates et se retrouve porteur d’espoir dans un monde en berne, en accompagnant un jeune enfant vers la rédemption et la plénitude. En cela, on en vient à se demander si le pèlerinage effectué par nos personnages durant cette initiation paternelle, ne permettrait pas surtout à AMC de s’absoudre de ses péchés avec les errances précédentes de TWD.
En bref, sous couvert de venir filer un coup de main à la résistance française, Daryl Dixon propose une série courte et efficace, un épilogue très sympathique à The Walking Dead, malgré quelques clichés plutôt rigolos.
La première saison de Daryl Dixon est disponible sur AMC et AMC+
Avis
Même si quelques stéréotypes font sourire, la série Daryl Dixon est une bonne surprise, un parti pris inédit dans l'univers de The Walking Dead qui est assez simple et très sympathique.