D’ambre et de feu est une bande dessinée jeunesse qui nous plonge dans un conte fantastique et initiatique aux couleurs de l’automne.
D’ambre et de feu nous a d’abord charmés par sa couverture chatoyante. Puis, l’histoire nous a transportés en même temps que ses illustrations superbement colorées.
Après Entre neige et loup, c’est au cœur d’une autre saison que cette seconde collaboration d’Agnès Domergue et Hélène Canac nous emmène. Ainsi, c’est au milieu des feuilles d’automne qui virevoltent que nous suivons une jeune héroïne téméraire à travers une histoire riche en enseignements et pleine de rebondissements. Un album jeunesse qui offre à tous un joli moment de lecture.
« Tu vois, Koyo, on ne possède jamais rien. Aucune terre, aucun être ! On est juste de passage. C’est la terre qui nous possède elle seule. »
Une bien jolie histoire
Sur les terres brûlées du royaume d’Automne, le roi vient d’exterminer les Kitsune, un peuple mi-humain, mi-renard. La jeune Kitsune est la seule survivante. Elle a tout perdu, à l’exception d’un morceau d’ambre, mystérieux présent au pouvoir magique confié par la déesse du soleil. Mais les onibi, des esprits malfaisants, le lui dérobent. Si elle veut le récupérer, elle devra leur offrir le cœur d’un enfant pur… Koyo, le petit prince du Royaume d’Automne, va l’accompagner dans sa quête.
L’histoire est touchante et nous captive rapidement. L’omniprésence de la nature et des animaux n’y est sans doute pas pour rien. C’est d’ailleurs l’un des messages que l’on perçoit, tout au long de cette lecture : la nécessité d’apprendre à écouter la nature, à vivre avec elle et à la respecter. Et l’on observe comment cette écoute et ce respect mutuels vont aider la jeune fille à dépasser les épreuves qui se présentent et à faire les bons choix.
Un graphisme qui accroche
Sur le plan graphique, on se régale tout autant. Au fil des planches qui déclinent des nuances de couleurs variées, on se trouve plongé dans des atmosphères et des émotions différentes, parfois sombres et inquiétantes, parfois plus oniriques et teintées de poésie, de tendresse. La mise en page, très dynamique et bien pensée, renforce quant à elle le sentiment d’immersion dans des décors où chaque détail compte.
Décors dans lesquels on trouve donc des renards, bien sûr, compagnons précieux de Kitsune. Mais où l’on croise également des serpents, un cerf, un corbeau. Il y a aussi ces petits glands trop mignons qui servent de messagers au milieu des chênes et des roses sauvages ! Sans oublier le marcassin deKoyo, que son père lui a offert pour pouvoir le chasser quand il serait devenu adulte… mais auquel le petit garçon est bien trop attaché pour envisager de s’en séparer.
Amitié ou vengeance ?
On aime beaucoup aussi la progression de l’histoire et le cheminement personnel qui s’opère chez la jeune héroïne. Car celui-ci se fait de manière très progressive et hésitante, ce qui le rend d’autant plus crédible. En effet, on se demande jusqu’au dernier tiers de l’album la direction qu’elle se décidera à prendre, troublé par ses expressions qui trahissent bien plus souvent la colère et le désir de vengeance qui l’animent plutôt que l’empathie.
Mais sa rencontre avec Koyo va en effet bouleverser beaucoup de choses. Car, si ce dernier est le fils de ce roi cruel et égoïste duquel Kitsune veut se venger et qui aspire à posséder les êtres aussi bien que la nature, il devient aussi son allié et ami. Ainsi, à mesure qu’ils recherchent ensemble l’ambre volée, à travers forêts et marécages, l’héroïne apprend à dompter sa colère et à faire confiance.
Les valeurs véhiculées sont belles, l’ensemble nous charme et l’on referme cet album avec un sentiment douillet dans le cœur.
D’ambre et de feu, d’Hélène Canac et Agnès Domergue, est paru le 29 septembre 2022 aux Éditions Jungle.
Avis
Cet album jeunesse a aussi tout pour plaire aux plus grands dans la richesse de son histoire et les réflexions qu'elle suscite. Car il y est finalement question de thématiques très actuelles comme le respect de la nature, le rapport aux animaux ou encore la capacité à vivre ensemble.