Creed III voit le retour de Michael B. Jordan devant (et derrière) la caméra, sans Rocky cette fois ! Adonis se retrouve face à un ami-adversaire venu du passé (Jonathan Majors), dans un récit traitant avant tout des dynamiques familiales. Un opus émancipatoire et très solide pour une première réalisation, malgré quelques problèmes d’écriture.
Après un 1er opus acclamé et un second bien apprécié, la franchise Creed est de retour pour un troisième opus ! La saga suite/spin-off de Rocky aurait logiquement pu s’arrêter en 2019, alors que le personnage de Sylvester Stallone retrouvait enfin sa famille et qu’Adonis Creed était sacré champion face au fils Drago. Pour ce Creed III, Michael B. Jordan prend les choses à cœur état donné qu’il passe pour la première fois derrière la caméra !
Exit donc Ryan Coogler ou Steven Caple Jr, mais Keenan Coogler est toujours au scénario, épaulé cette fois-ci de Zach Baylin (La Méthode Williams). Pas de Rocky dans la place cette fois, avec la volonté de s’affranchir de la figure patriarcale, dans une histoire où la famille, le dépassement de soi et les fantômes du passé sont néanmoins toujours d’actualité.
Cela fait déjà 5 ans qu’Adonis a été promu champion du monde, et quelques années également qu’il s’est retiré du ring. Désormais père de famille, ce dernier sponsorise et met avant de nouveaux boxeurs de talent. Une vie tranquille et parfaite donc, aux côtés de Bianca (Tessa Thompson) et leur fille Amara (Mila Davis-Kent). Mais ce calme va rapidement être troublé par le retour de Damian Anderson (Jonathan Majors), ami d’enfance d’Adonis, qui a passé 18 ans en prison et semble prêt à tout pour prendre sa revanche dans le monde de la boxe.
Creed III : une histoire de meilleurs ennemis
Avec ce pitch, on est évidemment dans la droite lignée de la saga Rocky/Creed, avec figure du passé qui resurgit et dynamique familiale : Creed III reste donc dans les clous, sans vraie surprise narrative. Un scénario efficace, qui pêche sur un point notable : l’antagonisme global et les raisons de la lutte fratricide « ami-ennemi ». Bien évidemment, difficile d’en révéler sans spoiler, mais l’opposition entre Adonis et Damian fait plus office de guerre d’égo mal-placée et de blessures d’enfance non-traitées (utilisation adéquate des flash-backs ceci dit). Heureusement, les acteurs parviennent à nous le vendre le package !
C’est réellement dommage qu’en terme de finalité (ou bien d’instauration d’enjeu lors du dernier tiers) Creed III ne soit pas mieux approfondi à ce niveau, tant Michael B. Jordan parvient quand même à nous livrer une première réalisation très très solide, qui trouve facilement sa voix et sa place au sein de la saga ! Si l’absence de Rocky peut d’ailleurs sembler suspecte sur une ou deux scènes, le gap d’années (il s’est passé au moins 6-7 ans depuis Creed II) et la volonté de conter une histoire sans fibre nostalgique parvient à faire passer la pilule.
La grande force de Creed III est donc son aspect intime et incarné. Voir ce cocon familial amène des séquences touchantes (mais également drôles), en particulier via son casting impeccable. On notera la présence de Mila Davis-Kent, jeune actrice campant la fille sourde de la famille Creed (et qui semble promise à un bel avenir dans la franchise).
La relation père-fille n’est peut-être pas aussi fusionnelle que dans un La Rage au ventre, mais apporte une belle complicité et un soupçon de tendresse, via un discours pertinent sur la transmission par les gestes (apprentissage de la boxe) plutôt que par les mots (après tout on a affaire à une famille sourde) !
Jonathan Majors le bulldozer
Bien sûr, il faut parler de Jonathan Majors (Ant-Man et la Guêpe- Quantumania, Da 5 Bloods), monté comme un tank et féroce tel un lion. Sans aucun doute LE personnage du film, mais également le meilleur opposant de toute la saga, il campe un Damian Anderson cassé par la vie, intense, et dangereux. Une dangerosité et une force brute de conviction bien véhiculées par le scénario et l’acting de Majors…mais là encore légèrement amoindri par un manque de communication entre deux têtes brûlées aveuglées par leur statut.
Pour ce Creed III, Michael B. Jordan campe un Adonis moins impulsif, mais s’investit encore plus à la réalisation ! Premier film sportif tourné en IMAX, ce troisième opus jouit de séquences de boxe bien immersives, pêchues et travaillées en terme de spatialisation. Une profession de foi qui se cristallise dans le climax du film (sans aucun doute le meilleur morceau du métrage) où Jordan use de son amour de la japanim (My Hero Academia, Hajime No Ippo…).
Un lot référentiel parfaitement digéré pour proposer des saillies de mise en scène plutôt surprenantes (même du coup de poing style DBZ est à noter !) à coups de ralentis et autres procédés amenés pour nous plonger dans le point de vue et la psyché des personnages en plein pugilat. Bref, une vraie réussite à ce niveau, capable de donner un réel sentiment galvanisant devant une fabrication qui pallie aux quelques défauts de l’ensemble.
Ludwig Göransson (The Mandalorian, Black Panther) n’est plus à la BO, mais Joseph Shirley (The Book of Boba Fett) amène un score efficace, boostée par une soundtrack du tonnerre (à base de Dr Dre ou Nipsey Hussle). Dommage d’avoir réduit la dramaturgie au strict minimum concernant la relation entre les deux personnages principaux, ce qui aurait réellement élever Creed III au stade supérieur ! Reste un honnête opus malgré tout, qu’il serait dommage de zapper !
Creed III sortira au cinéma le 1er mars 2023
avis
Avec Creed III, Michael B. Jordan réussit haut la main sa tâche de continuer l'héritage de Rocky devant et derrière la caméra. En terme d'émotion, d'acting et surtout en mise en scène, ce nouvel opus se veut boosté par les performances de Mila Davis-Kent et Jonathan Majors, ainsi que de trouvailles visuelles lors des combats de boxe. Dommage d'avoir bâcler l'antagonisme entre les deux protagonistes cependant... Un bon moment avant tout !